Le Mans Classic 2008
Avec sa quatrième édition, qui s’est déroulée les 11, 12 et 13 juillet 2008, Le Mans Classic a confirmé qu’il était bien devenu l’un des événements majeurs de l’automobile de collection au niveau mondial.
sommaire :
FERRARI 250 GT Breadvan
Gilles Bonnafous le 17/07/2008
Didier Bailleux
Loïc Bailliard
Vedette du plateau 4, la Ferrari 250 GT Breadvan revenait dans la Sarthe pour la première fois depuis qu’elle courut les 24 Heures du Mans en 1962. Il n’y a pas moins de 46 ans… Œuvre de Giotto Bizzarrini, le père de la GTO, cette voiture unique à la ligne insolite possède une histoire peu ordinaire. Sa forme singulière lui a valu le sobriquet de camionnette en français et de breadvan en anglais (camionnette boulangère).
La genèse de cette machine se trouve dans la fameuse révolution de palais intervenue chez Ferrari à l’automne 1961. En compagnie de plusieurs ingénieurs (dont Carlo Chiti) qui ont été renvoyés avec lui par Enzo Ferrari, Giotto Bizzarrini se lance en 1962 dans la création d’ATS (Automobili Turismo Sport), une nouvelle marque sportive financée par le riche comte Giovanni Volpi di Misurata, propriétaire de la Scuderia Serenissima Republica di Venezia (SSR).
Gilles Bonnafous
Gilles Bonnafous
Par mesure de rétorsion, le Commendatore annonce au comte Volpi que sa commande de deux GTO ne sera pas honorée. C’est le début d’une brouille de vingt ans entre les deux hommes aux caractères bien trempés. Privé de GTO (il s’en procurera tout de même une par l’intermédiaire de ses amis), Volpi décide de construire une voiture capable de la concurrencer.
Ravi de relever le défi, Giotto Bizzarrini veut faire encore mieux que la GTO. Il prend pour base une 250 GT châssis court de 1961 préparée pour la compétition (châssis 2819 GT) et qui possède un palmarès (deuxième du Tour de France Automobile avec Olivier Gendebien). La voiture a été acquise par Volpi à l’automne 1961. Pour en améliorer l’équilibre, il abaisse le moteur et le recule encore plus loin que sur la GTO (derrière l’essieu avant), d’où un arbre de transmission très court.
Gavé par six carburateurs Weber double corps de 38 millimètres, le V12 de trois litres à carter sec développe 300 ch. Aussi puissante que la GTO, la nouvelle machine, que l’on nomme aussi bien Serenissima que Ferrari, s’avère plus aérodynamique et plus légère. Elle souffre toutefois d’un gros handicap. Elle ne possède qu’une boîte de vitesses à quatre rapports, celle de la 250 GT, contrairement à la GTO dotée, elle, d’une nouvelle transmission à cinq vitesses.
Loïc Bailliard
Didier Bailleux
Loïc Bailliard
L’inédite carrosserie est réalisée en un temps record dans un atelier de Modène — la voiture n’aurait pas été dessinée par Piero Drogo comme on le croit habituellement. Elle se caractérise par un toit plat et une face avant en pointe qui s’oppose vivement au pan arrière coupé (à l’angle rentrant), tracé selon les idées de l’ingénieur aérodynamicien Kamm.
Prête à temps pour les 24 Heures du Mans 1962, la voiture n’est pas admise par l’ACO en catégorie GT, comme la GTO, mais en Prototypes, ce qui la pénalise. En course, pilotée par Carlo Abate et Colin Davis (dossard 16), elle se trouve devant les GTO quand elle casse son arbre de transmission (mal équilibré) à la quatrième heure.
Elle participe ensuite à plusieurs épreuves : Brands Hatch, où, sous la pluie, elle termine à la quatrième place (Carlo Abate), la course de côte d’Ollon-Villars en Suisse, où elle remporte sa classe, et les 1000 Kilomètres de Paris courus à Montlhéry, où, pilotée par Lodovico Scarfiotti et Colin Davis, elle prend la troisième place derrière deux GTO (celles des frères Rodriguez et de l’équipage John Surtees-Mike Parkes) et devant sept autres.
Didier Bailleux
Après que la Scuderia Serenissima a été dissoute en 1963, la « camionnette » sert de voiture personnelle au comte Volpi, qui la prêtera à Gianni Agnelli, dont le majordome la fera peindre en noir (partiellement toutefois) en raison de sa ressemblance avec un corbillard… Volpi la vendra finalement en 1965. La voiture passera alors entre plusieurs mains avant de se fixer aux Etats-Unis à partir de 1986. Son nouveau propriétaire la fera restaurer et l’inscrira à la manifestation du 25e anniversaire de la GTO en 1987, ce qui provoquera quelques remous…
La Ferrari installée en Louisiane depuis 19 ans, on craignait qu’elle ne fût détruite par l’ouragan Katrina en août 2005. En fait, elle se trouvait en Californie, où elle était mise aux enchères par Christie’s lors de sa vente du Monterey Jet Center organisée le 18 août. Vedette de la vacation estimée entre 3,5 et 5 millions de dollars, elle ne trouvera pas preneur en raison de son prix de réserve élevé.
On la retrouve à Rétromobile en 2007, où elle est exposée sur le stand du marchand allemand Klaus Werner, qui est aussi un grand collectionneur, et qui l’a acquise l’année précédente. Pilotée au Mans Classic par les fils de Klaus Werner, Maximilian et Moritz, et par Marc Sonnery, la 250 GT Breadvan s’est avérée très rapide et très stable à haute vitesse. Neuvième de la première manche et dixième de la deuxième, elle a connu des problèmes dans la troisième. Au cumul des trois manches, elle s’est classée à la 35e place d’un plateau 4 dominé par les Ford GT 40.
Gilles Bonnafous
Gilles Bonnafous