Le Mans Classic 2006
Le Mans Classic 2006 suivra, du 7 au 9 juillet, les traces de ses aînés et rassemblera à nouveau tous ceux désormais attachés à cet événement qui décline la voiture ancienne autour de ce nom magique, le Mans.
sommaire :
JAGUAR XJ 13
Gilles Bonnafous le 12/07/2006
Présente dans l’espace Jaguar du Mans Classic, la Jaguar XJ 13, un chef-d’œuvre esthétique, fêtait son quarantième anniversaire. C’est une voiture construite à un seul exemplaire, qui porte le premier moteur V12 Jaguar.
L’histoire de la Jaguar XJ 13 est celle d’un projet avorté. Hélas, cette merveille n’a jamais connu la piste, en particulier celle des 24 Heures du Mans pour laquelle elle avait été conçue.
Programmée en vue d’un retour de la marque de William Lyons dans la Sarthe, la Jaguar XJ 13 est l'une des plus belles voitures de compétition jamais réalisées. Elle doit ce privilège au talent de l'aérodynamicien Malcolm Sayer, également auteur des formes de la Type C, de la Type D et de la Type E.
Gilles Bonnafous
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La conception de la voiture débute en 1964. Commencée en 1965, la construction du prototype est achevée l’année suivante. Le premier V12 Jaguar est disposé en position centrale arrière. Il s’agit d’un cinq litres ouvert à 60°, qui dispose de quatre arbres à cames en tête et d’une injection mécanique. Il délivre la puissance de 500 ch. La boîte de vitesses est une ZF à cinq rapports.
Lors d’essais non officiels effectués en 1966 sur le circuit du MIRA (Motor Industry Research Association), près de Nuneaton, en Angleterre, la XJ 13 a dépassé les 280 km/h, établissant le record officieux du tour entre les mains de Norman Dewis, le légendaire pilote essayeur Jaguar.
Gilles Bonnafous
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Mais la Jaguar XJ 13 n’a jamais couru, en particulier contre la Ford GT 40 qu’elle était censée battre. Car British Leyland a annulé le projet, ainsi que toutes les activités sportives de la marque. De plus, le règlement des 24 Heures du Mans avait changé et les Prototypes étaient limités à trois litres. L'expérience acquise lors du développement du moteur profitera ensuite au V12 de production, ainsi qu’à celui de la XJR 9 qui s’imposera au Mans en 1988.
Après avoir remisée, la Jaguar XJ 13 est sortie de sa housse en 1971 pour le tournage d'un film promotionnel sur le V12 Jaguar — nous sommes à la veille du lancement de la Type E Série 3. A cette fin, la voiture reprend le chemin du circuit du MIRA et Norman Dewis se trouve à nouveau à son volant. En fin de journée, elle prend la piste pour un dernier passage. C’est alors que le pneu arrière droit (ou la roue) explose sur le banking à plus de 200 km/h. La voiture effectue plusieurs tonneaux avant de retomber sur ses roues. Dewis, qui avait eu la présence d'esprit de couper le contact, s'en sort miraculeusement. La XJ 13 est pratiquement détruite. Son épave est stockée dans un coin.
Gilles Bonnafous
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Deux années plus tard, on décide de la restaurer — plutôt de la reconstruire vu son état. Le travail est conduit dans le strict respect de l’origine. Les gabarits en bois, qui avaient servi à réaliser le prototype original, heureusement préservés, sont réutilisés. La célèbre société Abbey Panels, qui avait fabriqué la carrosserie à l’époque, est sollicitée pour en réaliser une nouvelle.
Le seul changement par rapport au prototype de 1966 concerne les arches de roues arrière, qui ont été élargies pour recevoir des roues plus larges. Une modification, qui, de toute manière, aurait sans doute été retenue sur la voiture si elle avait couru.
Depuis, la Jaguar XJ 13 coule des jours paisibles dans le cocon douillet du Jaguar Daimler Heritage Trust à Browns Lane. Elle ne sort que pour des événements exceptionnels, comme le concours de Pebble Beach ou Le Mans Classic. Le moteur a toutefois été entièrement restauré cette année en vue du rendez-vous manceau du quarantième anniversaire.
Gilles Bonnafous
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