Le Mans Classic 2002
Les 20, 21 et 22 septembre 2002, les 24 Heures du Mans se sont penchés sur leur passé... de 1923 à 1975.
sommaire :
AUTO UNION Monza
Gilles Bonnafous le 21/09/2002
Fort heureusement, Le Mans Classic n'était pas réservé aux voitures de prestige, aux cadors des circuits, aux douze cylindres Ferrari ou Porsche 917 synonymes de centaines de chevaux et de millions de dollars sur le marché de la voiture de collection. Tout au long de leur histoire, les 24 Heures du Mans ont vu s'affronter des machines de cylindrées modestes, auxquelles les marques françaises ont d'ailleurs beaucoup contribué dans les décennies de l'après-guerre.
Il nous a paru intéressant de donner un coup de projecteur à l'une de ces machines aux performances modestes, qui, pour autant, ont apporté leur contribution à la gloire des 24 Heures. Et nous avons choisi une voiture méconnue en France, l'Auto Union Monza, une sympathique petite voiture, par ailleurs très performante eu égard à sa cylindrée.
Motorlegend.com
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L'Auto Union Monza est un superbe coupé deux places à la carrosserie en matériau synthétique construit par les carrossiers allemands Dannenhauer & Strauss, Massholder et Schenk. Une série limitée d'une cinquantaine d'exemplaires seulement fabriquée à partir de 1956 et jusqu'au lancement de l'Auto Union 1000 SP en 1958. Réalisée sur la base des F 91 et F 93, la Monza est motorisée par le célèbre trois cylindres deux temps DKW. D'une cylindrée d'un litre, ce dernier développe 50 ch.
Propriétaire de la Monza qui participa aux 24 Heures de 1957, Jean-Claude Lafond prouve que, si la passion mécanique peut venir par la musique, ce n'est pas nécessairement celle d'un V12. Car pour ce qui le concerne, il est tombé amoureux des DKW grâce au son velouté du moteur deux temps. L'événement fondateur se situe en Allemagne, à l'époque de son service militaire, le jour où il a loué une DKW. C'était il y a quarante ans. Depuis, il n'a plus roulé qu'en DKW-Auto Union (et Audi après le retrait des deux temps). Tout jeune, il a fait le voyage d'Ingolstadt, où les mécaniciens lui ont appris à régler le moteur. Ce qui explique qu'il n'a jamais eu de problèmes avec ses voitures, assez délicates à régler, il faut le reconnaître. Il a conservé toutes les DKW qu'il a possédées et, qui, ajoutées aux voitures de collection qu'il a achetées (dont une F7 de 1935 et la Monza) constituent aujourd'hui sa collection.
Un jour de 1975, rendant visite à Philippe Charbonneaux dans son musée de Reims, Jean-Claude Lafond découvre la Monza dans les réserves. Bien qu'en fort mauvais état, il en fait aussitôt l'acquisition, sans savoir que la voiture avait couru les 24 Heures du Mans en 1957 ! Pilotée par l'équipage Seidel-Meier, elle avait dû abandonner à trois heures de l'arrivée sur un problème de piston.
Entièrement restaurée, la voiture est la seule Monza recensée en France. Etant membre du club Audi France, Jean-Claude Lafond est bien placé pour le savoir. Grâce aux archives d'Ingolstadt, il sait aussi que 23 voitures ont été construites exactement comme la sienne (F 91) et 25 autres sur la base de la F 93. Au total, il en resterait une dizaine aujourd'hui.
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Pour Jean-Claude Lafond, comme pour Alain Marie, son co-pilote, Le Mans Classic constituait un rendez-vous exceptionnel. Des 24 Heures, les deux hommes sont fidèles parmi les fidèles. Venu avec son père, qui était administrateur de l'ACO et avait engagé une Amilcar sur le circuit de la Sarthe en 1933, Jean-Claude Lafond a assisté pour la première fois à l'épreuve en 1935. Il avait deux ans. Quant à Alain Marie, il n'a pratiquement jamais manqué une édition des 24 Heures depuis 1957, où il a vu courir la Monza !
Très peu préparée, la Monza a parfaitement bien fonctionné tout au long du week-end. Habitué à courir sur de puissantes voitures à moteur avant ou à moteur central, Alain Marie a dû se familiariser avec la conduite d'une traction avant et surtout du moteur deux temps doté de la roue libre ! Car en l'absence de frein moteur, ce sont les tambours qui subissent tout l'effort du freinage. Au bout de la ligne droite des Hunaudières, c'est un peu perturbant…
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