Essai VOLVO V90 T6 AWD Inscription
Vincent Desmonts le 12/09/2016
Le grand break chez Volvo, une tradition, voire une chasse gardée ! Mais face au succès du SUV XC90, quels arguments peut opposer le nouveau V90 ?
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Qu'allait devenir Volvo sous la férule de Geely ? L'inquiétude était légitime, lorsque l'on sait comme la mainmise d'un propriétaire sur une marque automobile peut devenir étouffante (General Motors avec Saab, par exemple...). Six ans après que la firme soit passée sous pavillon chinois, les amateurs d'originalité scandinave peuvent être rassurés : Volvo a conservé son caractère à part. Au quotidien, Volvo reste d'ailleurs entièrement dirigé par des Suédois. Gageons que cette indépendance a de beaux jours devant elle, car le succès commercial est au rendez-vous. Pour la première fois de son histoire, Volvo a passé le cap du demi-million de véhicules vendus dans le monde (503 127 voitures immatriculées en 2015). Une croissance portée par le succès des SUV XC60 et XC90, ce dernier ayant connu un excellent démarrage commercial, en dépit d'un positionnement tarifaire résolument haut de gamme. Que ce soit en Suède, en Belgique ou en Chine, les usines du groupe tournent donc à plein régime.
Pas d'ostentation
Mais si ce sont les SUV qui contribuent aujourd'hui pour l'essentiel au succès de Volvo, la marque n'en oublie pas pour autant ses racines… et notamment les grands breaks. Sur la toute nouvelle plate-forme modulaire SPA (pour « Scalable Product Architecture ») inaugurée par le XC90, la marque lance donc son V90. Celui-ci remplace l'ancien V70 et rationalise ainsi les appellations Volvo : aux compactes le matricule 40, aux familiales celui de 60 et aux grands modèles le 90. Mais ce changement traduit aussi une volonté d'affirmer le positionnement haut de gamme de ce break, sur un segment dominé par les Mercedes Classe E et Audi A6 Avant, mais où Volvo possède une clientèle fidèle : la firme espère truster un peu plus de 10 % de ce petit marché (5 220 voitures en France en 2015). Avec pour argument principal ce que les dirigeants de la marque appellent du « premium non ostentatoire ». Côté look, cela se traduit par une présentation d'une sobre élégance, où la plus grande audace est ces optiques à feux de jour façon « marteau de Thor ». Pour le reste, la calandre Volvo classique (ici légèrement concave) est à sa place, au bout d'un vaste capot aux formes simples. Les flancs sont épurés, avec une discrète arête au niveau de la ceinture de caisse et des volumes sobres exprimant une tranquille robustesse. La partie arrière est plus originale, avec une lunette très inclinée – rupture par rapport aux précédents et très cubiques V70 – pour davantage de dynamisme, tandis que les feux s'amincissent.
Cocon cossu
À l'intérieur, la V90 joue les cocons cossus. La finition est soignée, avec des matériaux agréables au regard comme au toucher. La technologie est au rendez-vous, avec un affichage tactile de 9 pouces riche mais intuitif, complété à partir du deuxième niveau Inscription par une instrumentation sur écran à cristaux liquides (12,3 pouces de diagonale). L'ergonomie générale est bonne, et quelques petites touches originales empruntées au XC90 viennent démarquer la V90 de ses austères rivales germaniques, comme le bouton de démarrage du moteur entre les sièges, les inserts décoratifs texturés ou encore… le petit drapeau suédois cousu sur le flanc du siège passager. L'habitacle spacieux accueillera confortablement quatre grands adultes sur des assises très moelleuses, mais qui manquent un peu de maintien latéral. Le coffre bénéficie pour sa part d'un hayon à commande électrique et affiche un volume allant de 560 dm³ à 1 526 dm³ lorsque la banquette est rabattue, opération qui s'effectue facilement grâce à des boutons situés à droite de la soute. Reste qu'en matière de capacité de chargement, la Volvo V90 est plutôt à la traîne de la catégorie. Banquette en place, elle fait jeu égal avec les Audi A6 Avant (565 dm³) et BMW Série 5 Touring (560 dm³), mais se fait distancer par la Mercedes Classe E Break (670 dm³). Et en configuration maximale, elle rend 144 dm³ à la BMW, 154 à l'Audi, et… 294 à la Mercedes !
Turbo et compresseur
À son lancement, la V90 propose un choix de cinq motorisations de la nouvelle génération Drive-E, toutes à quatre cylindres et suralimentées : trois diesels (D3 de 150 ch, D4 de 190 ch et D5 de 235 ch) et deux essence (T5 de 254 ch et T6 de 320 ch). Suivant les cas, les blocs sont disponibles en boîte manuelle à six rapports ou automatique Geartronic à huit rapports, et en version traction ou intégrale. Notre version d'essai disposait de la plus grosse motorisation essence, et si cette T6 (obligatoirement en boîte automatique et transmission intégrale) ne représentera pas la majorité des ventes, elle servira de base à la future version hybride rechargeable T8, attendue début 2017. Elle tire ses 320 ch de seulement deux litres de cylindrée grâce à une double suralimentation : compresseur et turbocompresseur se donnent la main pour délivrer la puissance attendue sans sacrifier la souplesse à bas régime (400 Nm de couple dès 2 000 tr/min). À l'usage, ce bloc fait preuve de bonne volonté, avec un 0 à 100 km/h effectué en 6,1 s malgré une boîte très douce mais un peu indolente. Reste qu'il vaut mieux éviter de trop le cravacher : sa sonorité à hauts régimes est quelconque. Le châssis fait preuve de bonne volonté, avec un train avant assez incisif, un comportement bien équilibré et une assistance de direction judicieusement dosée. Sur les routes les plus sinueuses, la Volvo V90 parviendrait presque à faire oublier ses 1 817 kg à vide ! Mais le roulis apparaît important, tandis que l'amortissement manque de rigueur et le freinage, d'endurance en montagne.
Pilote (pas) automatique
De toutes manières, la Volvo V90 incite plutôt à une conduite décontractée, sur le couple, afin de profiter de sa douceur générale. À cet effet, elle reçoit d'ailleurs le système Pilot Assist, qui complète le régulateur adaptatif en maintenant automatiquement l'auto dans sa file par intervention sur la direction, et ce jusqu'à 135 km/h. Le constructeur insiste sur le fait qu'il s'agit d'une simple aide à la conduite, et, de fait, ce système ne nous a pas semblé aussi abouti que les dispositifs équivalents chez Audi ou Mercedes, sans même parler du très impressionnant Autopilot de Tesla. Volvo entend néanmoins se positionner parmi les leaders sur la route de la voiture autonome, le Pilot Assist étant une première étape.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation