Essai VOLVO C70
Jean-François Destin le 09/05/2006
Toujours en quête de notoriété spontanée, Volvo avec le C70 signe un produit d'image astucieusement façonné. Un coupé/cabriolet que vous ne regretterez pas.
Présentation
Chasser les mauvais souvenirs et cette fois faire mieux que la concurrence : avec la nouvelle C70, Volvo a su tirer les leçons du passé. Et de l'échec cuisant des premiers coupés et cabriolets C70 (fin des années 90) du à des tarifs injustifiés. Profitant de la vogue des coupé/cabriolet représentant en France 50% de la catégorie, le constructeur suédois y a souscrit en demandant à Pininfarina de découvrir une S40 et d'en faire un cabriolet familial 4 places compact (4.58m) sans sacrifier le coffre ni la silhouette arrière. Un casse-tête que le bureau de style italien a résolu en imaginant un toit inédit en trois parties (contre deux habituellement) se rangeant dans le coffre comme un mille feuilles.
Entièrement électrique, l'opération fait appel à une cinématique très compliquée mais transforme en 27 secondes le cabriolet en un coupé douillet, très étanche aux bruits extérieurs.
Chantre de la sécurité passive et active depuis plus d'un demi-siècle, Volvo n'a pas lésiné sur les renforts pour proposer un coupé/cabriolet très rigide et sûr. Quitte à prêter le flanc à la critique en regard d'un poids élevé (1725 kg pour notre T5 d'essai !), de performances modestes avec les moteurs d'accès et d'une consommation globale élevée. Si les 220 chevaux du 5 cylindres 2.5l turbo suffisent à peine à rendre la T5 dynamique et vivante, qu'en sera t-il avec les 140 chevaux de la Volvo C70 2.4l d'entrée de gamme ? Comme d'habitude, le bon ratio devrait être fourni par les 180 chevaux et les 350 Nm de couple du D5 diesel associé à la boite automatique Geartronic. Malheureusement, nous n'avons pas pu l'essayer.
Attractive, accueillante, très confortable, douce à piloter et assemblée avec soin, la nouvelle Volvo C70 est proposée en 11 versions (selon les moteurs et les finitions) à des tarifs mesurés oscillant entre 39.950 € et 46.300 €.
Design
En venant tard sur ce créneau et pour faire oublier les erreurs du passé, Volvo a voulu créer l'événement en imaginant un toit rigide en trois parties. Cette solution compliquée, étudiée et mise au point par la société allemande Webasto conditionnait la silhouette élégante et équilibrée que Volvo avait commandé à Pininfarina.
Jusqu'ici, le toit de la plupart des coupé/cabriolet à commencer par celui du SLK Mercedes qui l'a remis au goût du jour, se compose de deux parties assez longues. Avec le double désavantage d'exiger un coffre exagérément étiré pour l'abriter, et de condamner tout ou partie des places arrière. Chez Volvo, on souhaitait au contraire conserver une poupe élégante et offrir deux vraies places à l'arrière. Les trois morceaux de toit qui s'empilent comme un mille feuilles sous les yeux ébahis des badauds ont permis aussi à l'équipe de Pininfarina de ne pas prolonger le pare brise jusqu'au dessus de la tête des occupants avant. L'expression rouler cheveux au vent n'est plus une expression vaine. Du coup, le filet anti-remous vendu en option 299 € devient indispensable.
Ces choix et le talent des stylistes de Pinifarina font de cette Volvo C70 l'un des coupé-cabriolet les plus attrayants du marché. On retrouve la face avant de la Volvo S40 tandis que les feux, caractéristiques de la marque, ont un profil plus bas que ceux de la berline.
Habitacle
D'un style zen et épuré très scandinave, la planche de bord sombre de la Volvo C70 tranche avec la console centrale ultra mince en alu qui semble suspendu dans le vide. Le client peut choisir entre quatre finitions : aluminium, effet bois, ivoire et bauxite. Tout est net et fonctionnel et le soin d'assemblage comme la qualité des matériaux se perçoit à l'œil et au toucher. Les sièges ont droit au Vulcaflex, une nouvelle sellerie qui selon Volvo rappelle la peau mais les connaisseurs opteront pour du vrai cuir.
D'apparence accueillante, les places arrière le sont réellement même s'il faut un peu se contorsionner pour s'y installer. Volvo a prévu une commande électrique en haut des dossiers pour avancer les sièges avant mais ce dégagement est lent et insuffisant pour faciliter l'accès.
Le toit articulé en trois parties vient se replier dans le coffre lorsque le gabarit est en place. Dans ce cas, le volume dévolu aux bagages tombe de 404 à 200 dm3 et accéder à ce logement aurait été compliqué sans une astuce développée par Volvo. En effet, un bouton fixé dans le coffre soulève de quelques centimètres le toit replié pour extraire une valise ou un sac.
Un mot encore pour signaler les zips de la partie horizontale du filet anti-remous qui permet de déposer une veste ou un sac à l'arrière sans avoir à le démonter.
Châssis
Elaboré sur la plate-forme de la berline S40, la Volvo C70 profite d'un abaissement du châssis de 10 mm à l'avant et de 15 mm à l'arrière et de trains roulants adaptés. Compte tenu des voies généreuses et de l'empattement long, une grande stabilité a ainsi été obtenue. Les suspensions s'avèrent ni trop dures, ni trop souples, préservant le confort et la tenue de route. Cependant, avec les 220 chevaux du 5 cylindres turbo, il convient de modérer son ardeur sur l'accélérateur pour éviter les effets de couple dans le train avant.
Tous les modèles C70 bénéficient en série du DSTC (Dynamic Stability and Traction Control) tandis que la direction électro-hydraulique nous a agréablement surpris par sa précision et sa douceur.
Côté sécurité, la Volvo C70 donne l'exemple en rassemblant ce qui se fait de mieux pour préserver les occupants en cas d'accident. Citons entre autres le système SIPS (Side Impact Protection System) en liaison avec les airbags de tête lors des chocs latéraux et des tonneaux, le système WHIPS anti-coup du lapin, les montants en acier à haute résistance et un système ROPS (Rollover Protection System) encore amélioré, les arceaux situés derrière les passagers arrière se déployant encore plus vite sous l'impulsion d'une charge pyrotechnique revue à la hausse.
Moteurs
Volvo joue de sa spécificité en proposant uniquement des 5 cylindres 20 soupapes disposés transversalement. Dans un premier temps, le client n'aura le choix qu'entre trois variantes à essence : un 2.4l de 140 ou 170 chevaux et le 2.5l de 220 chevaux. Les 75% d'acheteurs qui , selon Volvo, opteront pour le diesel, devront attendre la rentrée de septembre pour être livrés. Ce D5 180 chevaux de nouvelle génération paraît avoir tout pour plaire avec son turbo à commande électronique, son injection à turbulence variable, son sytème de gestion à haute capacité et un filtre à particules sans entretien.
Le 5 cylindres T5 220 chevaux nous a séduit par sa réactivité, sa souplesse, son bruit et sa hargne à dynamiser les 1725 kg du C70.
Sur la route
Volvo nous ayant tellement vanté la haute technologie de son toit durant la conférence de presse, nous avons voulu le faire fonctionner d'emblée, ne serait-ce que pour profiter immédiatement du soleil bordelais. Si le ballet d'une cinématique très compliqué nous a impressionnés, en revanche, il faut supporter quelques craquements sinistres et un temps de repliage long (près de 30 secondes !) avant d'entendre le bip sanctionnant la fin de la manœuvre. Une belle partie de mécano réussie par Webasto. Reste à savoir si sa fiabilité égalera celle des autres toits rigides amovibles de la concurrence.
Au volant, ce Volvo C70 T5 nous a tout de suite emballé par la douceur de ses commandes, son confort de suspension et une tenue de route sans faille résultant d'une rigidité maximum. Rigidité obtenue, on le sait, par d'importants et lourds renforts. Ce surcroît de poids pénalise les reprises (même en version T5 220 chevaux), la maniabilité et l'équilibre de l'auto lorsqu'on augmente la cadence. Attention à ne pas se montrer trop optimiste en entrée de virage serré sous peine de devoir composer avec un sous-virage prononcé. En sortie d'épingle, quelques effets de couples dans le train avant nous ont également montré que le C70 a davantage été conçu pour un grand tourisme tranquille, histoire de profiter d'une conduite à ciel ouvert. Une conduite encore plus agréable en optant pour la boite automatique très en phase avec le 5 cylindres turbo.
Dernier point positif : une insonorisation de berline avec son toit en place. Un modèle été/hiver idéal d'autant que cette fois, les prix sont dans le cœur du marché.