Essai TESLA Model X
Camille Pinet le 23/01/2017
Avant la très attendue Model 3, Tesla s'autorise une incursion dans le segment des SUV de grand luxe. Basé sur la Tesla Model S, ce modèle X reprend la motorisation tout électrique de la berline tout en y ajoutant la fantaisie de ses portières papillon. De quoi convertir les propriétaires de Range Rover ?
Une première électrique
C'est peu de dire que Tesla a secoué le cocotier du monde du luxe depuis les débuts commerciaux de la Model S en 2012. Cette berline élancée s'est offert le luxe d'être la première à proposer une motorisation totalement électrique dans le segment des limousines de luxe. Au nez et à la barbe des spécialistes du genre, la marque d'Elon Musk s'est fait un malin plaisir de sortir des conventions en proposant avec un sens aigu du marketing certaines innovations comme ses assistances à la conduite pompeusement renommées « Autopilot ». Quoi qu'il en soit, Tesla a su se créer un nom et une réputation iconoclaste dans l'industrie automobile.
Aussi on peut observer avec une certaine surprise l'introduction dans la gamme du constructeur d'un SUV, un genre de carrosserie archétype du « vieux monde » automobile. Ce type d'engin apparaît en effet par définition contradictoire avec la vocation verte de la voiture électrique. Plus lourd et moins aérodynamique, il consomme inutilement une énergie toujours précieuse. Il faut croire qu'Elon Musk n'ignore pas les tendances du marché qui favorisent outrageusement ce type de modèle !
Une Tesla S surélevée
Voici donc le Tesla Model X. Sa base technique est connue : il s'agit de celle de la berline Model S. Il en reprend donc à l'identique les moteurs et les batteries, et est proposé avec trois types de capacités : 75 kWh, 90 kWh et 100 kWh. Notre modèle est bien le 90D, d'une puissance équivalente à 422 ch et d'une autonomie théorique de 489 km. Rien de révolutionnaire donc dans sa technologie même s'il apparaît particulièrement bien profilé avec un CX de 0,24, excellent pour un tel véhicule. N'espérez pas y voir un concurrent du Range Rover en tout terrain : sa garde au sol reste celle d'un véhicule de tourisme classique, même si la suspension pneumatique de série permet d'ajuster sa garde au sol pour passer certains chemins.
Le crédo du Model X, c'est plutôt l'espace à bord. Il faut dire qu'il s'agit d'un véhicule à l'américaine, doté de dimensions plus que respectables : 2,07 m de large pour 5,04 de long et 1,68 m de haut. Un très gros bébé auquel il vous faudra réserver une place de parking hors norme, surtout si vous comptez vous servir des portières arrière « Falcon » à la cinématique très particulière. Celles-ci exigent en effet au moins 30 centimètres en largeur pour se déployer et un espace au plafond non négligeable. Si ces ouvrants entièrement motorisés n'ont pas leur pareil pour impressionner le voisinage, on s'en lasse assez vite quand il s'agit d'accéder rapidement à bord ou tout simplement de poser un objet sur la banquette arrière. Par ailleurs, on se désole que Tesla ait choisi une technologie si compliquée alors qu'il n'est pas encore capable de proposer un ajustage correct des ouvrants les plus simples. Sur notre exemplaire d'essai en effet, les panneaux de carrosserie présentaient tous des jours importants, ce qui renforce l'aspect jouet du modèle, guère en rapport avec son prix. En l'espèce, les constructeurs allemands peuvent encore dormir sur leurs deux oreilles.
A bord, on trouve de l'espace à revendre même si on déconseille de choisir la configuration six places, dans laquelle les deux sièges de la rangée du milieu laissent un espace inutilisé considérable : on lui préférera la banquette de la configuration sept places même si elle est moins spectaculaire.
En matière de finition de l'habitacle, on renouvelle le constat fait à l'extérieur : le cuir est certes omniprésent et l'ambiance apparaît futuriste, mais le design ne témoigne pas d'une grande recherche vu le prix considérable de l'auto : on est plus près de la chambre d'hôtel d'un Hilton d'aéroport que de la suite présidentielle du Crillon. Il est vrai que Tesla réserve à ses propriétaires d'autres plaisirs, à commencer par celui d'un système multimédia bien conçu, commandé par un gigantesque écran de 17 pouces, excusez du peu. Entièrement tactile, il recourt à une ergonomie simplifiée qui permet d'alterner entre les écrans et de disposer des applications connectées les plus modernes : la représentation des cartes par Google Earth ou encore la fonctionnalité Spotify qui permet d'accéder à une bibliothèque musicale impressionnante. Nous l'avons testée en région parisienne et avec une connexion 4G classique, elle fonctionne à merveille et constitue un avantage non négligeable pour les mélomanes.
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Une X aux airs de S
Nous l'avons dit, la X s'offre le même châssis que la S en y ajoutant cependant en série la suspension pneumatique. Étant donné la masse et la hauteur de l'engin, on reste assez impressionné par la qualité de la tenue de route et du confort proposé par l'auto. Grâce notamment à la répartition optimale des masses, le comportement du Model X apparaît très supérieur à celui d'un SUV classique, la prise de roulis étant notamment particulièrement bien maîtrisée. Bien sûr, les énormes roues de 22 pouces de notre modèle d'essai génèrent quelques trépidations, mais le confort de suspension apparaît au niveau des prétentions du modèle. Il faut ici souligner l'impact très positif de la conception du châssis, qui intègre l'essentiel de la masse, celui des batteries, au plus bas, ce qui permet de conserver un centre de gravité au ras du sol.
Il en va de même pour les performances, en tout cas aux vitesses légales. Les accélérations en dessous de 120 km/h sont particulièrement impressionnantes. On peut « oublier » instantanément d'un coup de pédale les véhicules suivants d'autant mieux que la transmission intégrale assure une excellente motricité, même sur chaussée mouillée.
Nous avons également pu éprouver les assistances à la conduite rebaptisées « Autopilot » par Tesla, même si notre modèle n'était pas doté de la dernière évolution dotée de huit caméras. Au demeurant ce système apparaît déjà au meilleur niveau du marché, même s'il reste encore très faillible, notamment dans certaines situations typiques de la région parisienne, comme les voitures qui « forcent » le passage en changeant de file. On regrette également que le fonctionnement de l'Autopilot ne soit pas plus clairement indiqué au conducteur : dans certaines situations, notamment lorsque le mode rampage est activé, on se demande si la voiture a le contrôle ou pas.
On le voit, le Tesla Model X possède les qualités d'un voyageur au long cours. Reste bien sûr la question épineuse de l'autonomie. Notre modèle 90D revendique 489 km en norme NEDC. Un chiffre bien entendu fictif. Pour notre part, nous avons péniblement réussi à parcourir 250 km avec une batterie pleine, sans abuser des accélérations et des trajets sur autoroutes. Il est vrai que l'essai s'est déroulé dans des conditions de froid assez intense, ce qui réduit nettement les performances des batteries. Il y a d'ailleurs à redire sur les outils proposés pour gérer au mieux ce rayon d'action. La jauge au tableau de bord qui indique le kilométrage restant apparaît largement trop optimiste tandis que l'on regrette l'absence d'une réserve comme il en existe dans n'importe quel véhicule thermique. Enfin, il convient d'ajouter que l'accès aux fameux Superchargers sera désormais payant pour les nouveaux clients Tesla.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation