Essai RENAULT Mégane RS Trophy 300 ch
Stéphane Schlesinger le 06/05/2019
Très attendue, la Mégane RS Trophy 300ch bénéficie d'une mécanique et d'un châssis affûtés. Suffisant pour reprendre dignement le flambeau de sa devancière, qui était l'épouvantail de la catégorie ?
Judicieuse radicalisation
Malgré un contexte qui leur est toujours plus défavorable, les sportives pullulent. Parmi les compacte, la Mégane III RS s'est taillé une bien jolie réputation grâce à son châssis exceptionnel, encore bonifié en 2009 quand est apparue la version Trophy. Les records qu'elle a battus sur le Nürburgring ont également renforcé sa notoriété ! Mais sa descendante, en butte à une concurrence encore plus acharnée, n'a pour l'instant pas réussi à autant captiver les passionnés, la faute à une puissance à peine plus élevée (280 ch contre 275), au contraire de son poids, en hausse d'une centaine de kilos. La nouvelle version Trophy va-t-elle remettre les pendules à l'heure ?
Optimisation simple et logique
Pour s'en donner les moyens, elle bénéficie d'une préparation complète. Déjà côté mécanique. Le bloc 1,8 l M5PT, également monté dans l'Alpine, développe ici 300 ch pour 400 Nm, grâce notamment à un nouveau turbo, doté de roulements à billes de céramique, qui le rendent plus réactif. L'échappement a lui aussi évolué, gagnant des clapets pour une sonorité plus suggestive le cas échéant.
Deux boîtes à 6 rapports sont disponibles, une mécanique et une double-embrayage EDC. Celle-ci, plus robuste, autorise une hausse du couple de 20 Nm tout en permettant une baisse des émissions de CO2. De sorte que son surcoût de 1 800 € se voit compensé par un malus bien moindre. Ainsi, au total, la Trophy EDC économise 73 € par rapport à la manuelle...
Ensuite, le châssis répond d'office aux spécifications Cup : ressorts et amortisseurs durcis (25 % et 30 % respectivement), barres antiroulis rigidifiées de 10 % et jantes spécifiques de 19 pouces dites Jerez chaussées de Bridgestone Potenza S001, très performants. Ces roues cachent des freins bimatière (disques de 355 mm) qui d'une part permettent chacun un allègement de 1,8 kg, et de l'autre résistent mieux à la chaleur. Naturellement, le train avant conserve ses pivots découplés, alors que série, un différentiel Torsen à glissement limité s'installe dans la transmission. Enfin, la direction est plus directe. Un ensemble de modifications simples mais efficaces si elles sont bien jugées, et de ce point de vue, les ingénieurs de Renault Sport profitent d'un sacré savoir-faire. Cerise sur le gâteau, le frein à main redevient manuel !
Comme la RS standard, la Mégane RS Trophy 300 ch adopte des butées hydrauliques d'amortisseurs et le 4Control. Ce système, que seul Renault emploie dans cette catégorie, braque les roues arrière dans le sens opposé aux roues avant jusqu'à 60 km/h (100 km/h en mode Race), et dans le même ensuite. Un dispositif qui m'avait laissé dubitatif sur la Mégane GT...
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Pulpe secouée
Plus chère de 6 000 € qu'une 280 ch, la Mégane Trophy 300 ch compense par sa dotation, incluant d'origine le châssis Cup, le RS Monitor, l'afficheur tête haute voire la radio digitale. Notre exemplaire conserve la boîte manuelle mais reçoit les baquets en Alcantara optionnels, qui abaissent la position de conduite - bien étudiée - de 20 mm. Très fermes, ils assurent heureusement un excellent maintien, et se révèlent étrangement confortables. Je n'en dirais pas autant de la suspension, qui réagit très sèchement sur les aspérités, plus que celle de l'ancienne Megane Trophy. On se réjouit dès lors de l'excellente qualité d'assemblage de l'habitacle, où aucun bruit parasite ne se manifeste. La fermeté caractérise aussi la commande de boîte, alors que l'embrayage manque de progressivité : la conduite urbaine n'est donc pas très agréable, même si le moteur se montre souple et progressif. Ça s'arrange sur route, où celui-ci regorge de vigueur et atteint les 7 000 tr/mn sans jamais faiblir. Tout de même ! Mieux, en mode Sport, l'échappement crépite au lever de pied, une touche kéké pas désagréable.
Mais le mieux, c'est encore dans le sinueux. Direction précise, train avant très rigoureux avec ce qu'il faut d'effets de couple pour montrer qu'il se passe quelque chose, adhérence exceptionnelle : la Mégane RS Trophy 300 ch se révèle extrêmement efficace, d'autant que son freinage est redoutable, la commande de boîte très rapide et son pédalier bien adapté au talon-pointe. Et les roues directrices ? Elles rendent l'auto très stable dans les courbes rapides et joueuse dans le serré, alors que le moment du changement de loi n'est pas trop gênant. En clair : la Mégane RS Trophy 300 cv survire allègrement, mais uniquement quand on lui demande, et de façon progressive, surtout en mode Race, qui désactive l'ESP. Certes, autour du point-milieu, le centrage du volant fait artificiel ; certes, même s'il s'assouplit quand on roule vite sur mauvaise route, l'amortissement reste raide, mais au final, on ressort réjoui de la Mégane RS Trophy 300 ch. Seulement, quand on regarde prix, ça fait mal : 52 273 € avec le malus.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation