Essai RENAULT Megane III Estate GT220
Loïc Bailliard le 21/01/2013
Il manquait à la Renault Mégane une proposition intermédiaire entre les versions familiales et la virulente RS. Un écart désormais comblé avec cette Estate GT 220.
Présentation
Bien qu'elles aient quasiment la même puissance, la Ford Focus ST et la Renault Mégane RS ne boxent pas vraiment dans la même catégorie : la première se veut polyvalente, alors que la seconde est une sportive sans compromis. Un positionnement que confirme d'ailleurs la présence d'un break dans la gamme Ford, alors que la Mégane n'est disponible qu'en 3 portes. Renault a donc décidé de venir jouer sur le terrain de la ST en lançant, en édition limitée, la Mégane Estate GT 220.
Comme son nom l'indique, il s'agit donc de la version break de la compacte, dotée des spécificités châssis des modèles GT et du bloc 2 litres de la RS dégonflé à 220 ch et 340 Nm de couple. L'objectif est ici d'offrir le meilleur des deux mondes aux déménageurs et commerciaux pressés : jusqu'à 1 600 litres de chargement mais un 0 à 100 km/h en 7,6 secondes, le tout empaqueté dans un style discret.
C'est sur route que la Renault Mégane Estate GT 220 montre sa différence. Le 4 cylindres turbo joue une partition proche de celui de la RS, mais à un volume légèrement plus faible. Il permet cependant d'installer un très gros rythme que de bons freins aident à envisager sereinement. Reste cependant un guidage du train avant moins précis que sur la RS, dû à l'absence des pivots découplés.
Avec un tarif de 30 350 € (plus 750 € de malus), auquel ne manque que la carte main libre (280 €), la Mégane est moins chère et mieux équipée que la Focus ST SW. Mais elle est également moins déjantée et moins attachante. Question de goût...
Design extérieur et intérieur
On ne peut pas vraiment le nier : une Mégane Estate blanche évoque immédiatement une voiture de société ou un break banalisé des forces de l'ordre. Pour tenter de donner un peu de caractère au haut de gamme GT, Renault a tout de même fait des efforts, et plus encore sur cette version 220.
Si les badges GT et Renault Sport, la calandre légèrement plus ouverte ou les jantes de 18 pouces sont communs à toutes les GT, l'édition limitée y ajoute une peinture noire brillante sur le diffuseur arrière, les barres de toit et les coques de rétroviseurs. Les inévitables badges GT 220 prennent également place sur les montants centraux.
Une fois passés les seuils de porte marqués « Renault Sport », on retrouve dans l'habitacle des sièges plus enveloppants que dans la Mégane de base et marqués de logos « GT ». On note ensuite la présence du volant à grosse jante, de l'instrumentation de la Mégane RS et d'un habillage façon carbone de la planche de bord. Une plaque numérotée vient enfin rappeler qu'il s'agit là d'une série limitée. Renault ne précise d'ailleurs pas à combien d'exemplaires exactement, on peut donc imaginer que ce seront plutôt les ventes qui finiront par limiter la production !
Signalons cependant qu'au milieu d'assemblages de bonne facture, d'une sensation de qualité globalement très bonne et d'une ergonomie correcte, la manipulation du GPS Carminat TomTom intégré fait tache. Le système de contrôle situé entre les deux sièges s'avère en effet aussi peu instinctif que le BMW iDrive et multiplie les boutons positionnés de façon illogique. Agaçant !
Mécanique et châssis
C'est donc sous la carrosserie que se situe l'essentiel. Côté trains roulants, la Renault Mégane Estate GT 220 est strictement identique aux GT classiques. Elle profite donc d'un châssis à mi-chemin entre les versions civiles et la RS. Le travail des ingénieurs de Renault Sport a commencé en reprenant le châssis Sport des Mégane Coupé, avec une assiette rabaissée de 12 mm.
Dotées d'un essieu semi-rigide à l'arrière et d'un pseudo McPherson à l'avant, les versions GT utilisent des réglages spécifiques mais ne reprennent malheureusement pas le pivot découplé qui fait du train avant de la RS l'un des plus affûtés du marché. La direction assistée est également recalibrée pour un meilleur ressenti.
Enfin, les jantes de 18 pouces sont habillées des Dunlop Sport Maxx TT de la RS et cachent des freins de 296 mm à l'avant et 260 mm à l'arrière, dont les pistons communiquent avec la pédale via le maître-cylindre de la RS.
Sous le capot, le bloc 2 litres turbo essence est directement dérivé de celui qui développe désormais 265 ch dans la Mégane RS. S'il annonce donc 45 chevaux de moins, cette puissance de 220 ch est développée 500 tr/min plus haut que dans le coupé, à 6 000 tr/min. Son couple maximal de 340 Nm est quant à lui atteint à 2 200 tr/min.
La puissance est transmise aux roues avant grâce à une boîte manuelle à 6 rapports, dont la manipulation est rendue agréable par ses enclenchements fermes et ses débattements courts. Avec l'aide d'un start & stop, le bloc annonce 7,3 l/100 km et 169 g/km de CO2. Dans la réalité et avec une conduite enthousiaste, comptez plutôt 10 l/100 km.
Sur la route
Le premier contact avec la Renault Mégane Estate GT 220 est pour le moins surprenant. « Mais on n'est pas censés essayer une sportive ? » est probablement la première pensée qui me traverse l'esprit. En grimpant à bord, l'impression s'atténue un peu alors que l'on retrouve quelques éléments familiers de la Mégane RS. On apprécie également de retrouver la possibilité de se configurer une excellente position de conduite.
Une pression sur le bouton Start lance le 2 litres qui se réveille dans un bruit plutôt banal. La boîte est cependant immédiatement plaisante à manipuler, y compris dans les bouchons parisiens. Et dans ces conditions, les prétentions sportives de la Mégane se font oublier. Les nids de poule confirment que les ingénieurs de Renault Sport ont un talent rare pour obtenir un compromis entre sportivité du châssis et confort relatif. On ressent donc les aspérités sans qu'elles ne soient cassantes.
L'entrée sur l'autoroute qui quitte Paris est l'occasion d'une première véritable accélération. Si le volant moteur n'est pas une ballerine, un double débrayage reste possible pour « tomber » quelques rapports et on s'envole rapidement vers des territoires dangereux pour le permis. Le bloc s'exprime enfin un peu, entre un bruit d'admission sourd à l'avant et son feulement caractéristique à l'échappement. Quand les deux bruits, plus prononcés, se mêlent dans la RS, l'échappement et la longueur de la GT permettent de mieux les différencier, ce qui apporte un caractère spécifique à la partition.
Lorsque l'on quitte la 4 voies pour retrouver les départementales sinueuses, deux constats s'imposent. Tout d'abord, la Mégane Estate GT 220 est capable d'imprimer un rythme hallucinant pour un engin aussi discret. Comme sa grande sœur, elle met en confiance pour aborder les grandes courbes à haute vitesse.
Cependant, on regrette également l'absence du pivot découplé lorsque la chaussée est un peu plus bosselée et à la réaccéleration. Le guidage du train avant s'avère alors moins précis que l'on ne le souhaite et le museau a plus facilement tendance à chercher sa route, puis à se faire déborder par les effets de couple.
Si l'efficacité est globalement au rendez-vous, il manque à cette Mégane Estate GT 220 le grain de folie de la Focus ST ou la brutalité de la Mégane RS pour véritablement nous faire sourire. La GT porte finalement bien son nom !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation