Essai PORSCHE Taycan Turbo S Cross Turismo
Walid Bouarab le 21/07/2021
Remarquable à tout plein de niveaux, la Porsche Taycan rajoute plusieurs cordes à son arc avec cette version break baroudeur Cross Turismo. Des performances toujours éclatantes mais une polyvalence inédite pour la supersonique berline allemande.
Polyvalence à grande vitesse
Entrée fracassante pour Porsche dans le monde grandissant du tout électrique, la Taycan est rapidement devenue un modèle d'importance pour la firme allemande. La grande berline survoltée jouant même des ailes avec la Reine 911 au palmarès des ventes. Un véritable succès commercial qui conforte la marque dans l'expansion de la gamme Taycan. Nouvelle venue donc, cette Cross Turismo mêle les mondes, entre la praticité – relative – d'un break de chasse à la ligne spectaculaire, et la polyvalence en tout chemin d'un SUV gentiment baroudeur. Une nouvelle variante que l'on avait déjà très clairement découverte en 2018 sous la forme du concept Mission E Cross Turismo. Des attributs lui permettant de composer avec une certaine polyvalence.
Si la longueur totale ne gagne qu'un petit centimètre, la ligne de toit moins fuyante et le nouveau hayon augmentent l'espace habitable. On a ici 40 litres de coffre en plus et 4,5 cm de garde au toit supplémentaire aux places arrière. Pas de quoi en faire le break ultime en aspects pratiques, mais l'intention est louable. En bonne baroudeuse, cette version Cross Turismo n'est disponible qu'avec la transmission intégrale (comprenez un moteur électrique sur chaque essieu), et la grosse batterie de 93,4 kWh (83,7 utiles). Le catalogue se compose de l'entrée de gamme 4 (476 ch, 96 254 €), de la 4S (571 ch, 114 814 €), de la Turbo (680 ch, 157 774 €) et de la Turbo S (761 ch, 191 374 €). A noter que les puissances indiquées concernent la puissance maximum avec overboost, mais on y reviendra.
Pour permettre à son jouet supersonique d'aller s'amuser hors des sentiers battus, Porsche a également doté la Taycan Cross Turismo d'une suspension pneumatique permettant de régler l'assiette du véhicule. C'est l'arrivée du mode Gravel, comprenez graviers. En position « neutre », la Cross Turismo gagne d'office 20 mm de garde au sol par rapport à la berline. Ce nouveau mode de conduite permet de grimper encore 10 mm plus haut. En optant pour le Pack Off Road, les millimètres gagnés sont la norme (le mode Gravel n'influe plus sur la hauteur de caisse). A noter que le lift (+20 mm) est toujours disponible. Uniquement aux basses vitesses, il fait pointer la garde au sol à presque 18 cm. De quoi offrir de tous nouveaux terrains de jeux pour ce modèle 100 % électrique. Ce fut le cas lors de notre essai, réalisé en Baie de Somme, et plus précisément dans le Parc du Marquenterre. Un territoire splendide, et qui nous a permis de vérifier les capacités hors bitume de la Cross Turismo. Sans parler de franchissement, le parcours nous a fait évoluer sur le sable, rouler dans les herbes hautes et passer de profondes ornières.
Mode Gravel activé, et Lift actionné pour certains passages plus délicats, la Taycan Cross Turismo (que nous essayons ici dans sa version ultime Turbo S), glisse en douceur sur ce parcours légèrement accidenté. Les boucliers et bas de caisse semblent toujours à bonne distance du sol, la suspension pneumatique « efface » les obstacles en douceur et la motricité (profitant d'une gestion spécifique en mode Gravel), ne fait jamais défaut. Le rythme est certes très doux, mais il met en exergue les nouvelles capacités de cette Taycan champêtre, là où la berline aurait déjà dû rebrousser chemin. A près de 200 000 € le bébé, la crainte d'esquinter les belles jantes de 21 pouces ou un appendice en carbone est toujours présente. Mais force est de constater qu'une certaine sérénité s'installe à bord, même en « off road ». De quoi profiter d'un habitacle à l'ambiance typiquement Porsche, sobre et un brin sportive, une qualité de fabrication au cordeau, une position de conduite quasi parfaite… et une ergonomie difficile à appréhender. A l'arrière, les quelques centimètres gagnés en garde au toit font effectivement la différence et permettent à deux grands adultes d'y trouver leur aise. Avec ses dossiers rabattables, la Taycan Cross Turismo ne rechigne pas quelques chargements costauds avec 1200 litres de capacité maximale, soit 400 de plus que la berline !
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De retour sur l'asphalte, la Taycan Cross Turismo n'a rien perdu de sa superbe, malgré son centre de gravité plus haut perché. Dans cette version Turbo S, les jantes de 21 pouces dégradent légèrement le confort, même si le bilan est plus positif qu'à bord de la berline. En revanche, aucun changement en ce qui concerne les performances, tout simplement ahurissantes. Si cette déclinaison revendique 761 ch et un couple de près de 1000 Nm, elle ne délivre sa pleine puissance que sous forme de boost, à l'accélération, Launch Control enclenché (seulement 2,9 secondes sur le 0 à 100 km/h). Un coup de jus brutal censé ne faire effet que pendant 2,5 secondes. Le reste du temps, on parle tout de même de 625 ch (puissance équivalente à la Turbo), et un couple immédiatement disponible. Il en résulte toujours des performances hors norme, brutales, mais délivrées dans une certaine quiétude à bord. Grâce à ses deux rapports de boîte, cette Turbo S arrive à favoriser les départs arrêtés, tout en gardant un sacré tonus même à plus haute vitesse. Une réelle expérience de conduite.
En bonne Porsche, la Taycan n'est pas uniquement une bonne sprinteuse. Malgré les plus de 2,5 tonnes sur la balance, l'allemande affiche une efficacité bluffante. Direction correctement assistée et communicative, train avant précis comme un scalpel, motricité sans faille… La facilité de conduite est déconcertante. Savamment peaufiné, le châssis exploite habilement les technologies mises à sa disposition, avec un maintien de caisse rigoureux, et une grisante habilité à ressortir d'un virage comme une balle. Le revers de telles performances, c'est évidemment une autonomie restreinte. Si la Turbo S revendique 419 km en autonomie, il sera compliqué de dépasser les 320 km en réel. Une endurance encore plus restreinte sur autoroute où il sera difficile de faire des étapes de plus de 250 km.
À retenir
—
20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation