Essai PORSCHE Cayenne Turbo S
Jean-François Destin le 06/11/2006
Version extrême du 4X4 Porsche, le Porsche Cayenne Turbo S revendique 520 chevaux. Arrive-t-il à distancer la concurrence ?
Présentation
Quelle est la Porsche la plus puissante du marché ? A cette question, chacun est tenté d'évoquer d'emblée une 911 GT3 ou Turbo. Raté. Si l'on excepte l'intouchable (dans tous les sens du terme) Carrera GT et ses 612 chevaux, c'est le Porsche Cayenne. Cet imposant 4X4, sauveur de la marque en raison de son succès planétaire, revendique 520 chevaux en version Turbo S.
Jusqu'à peu, les 450 chevaux de son V8 lui suffisaient. Mais en Chine, aux Etats-Unis et dans les Emirats, ses principaux marchés, la clientèle fronçait parfois les sourcils en voyant arriver un ML Mercedes AMG à 510 chevaux. D'où la fulgurante réaction des ingénieurs de Weissach, le centre de recherches de Porsche en Allemagne. En combinant des échangeurs d'air plus grands et une augmentation de la pression des turbos, 520 chevaux se sont alignés. De quoi faire taire la concurrence pour un moment.
Du coup, le Porsche Cayenne Turbo S est devenu le 4X4 le plus rapide du monde en approchant les performances des Ferrari. Mais à l'inverse des belles italiennes dont la silhouette fait l'objet d'un impitoyable régime minceur, le Cayenne - authentique 4X4 pur et dur - embarque une cinématique de transmission très élaborée. La suspension pneumatique pilotée, le tarage actif des amortisseurs, l'adoption sur le Turbo S de jantes de 20 pouces et les améliorations diverses apportées au châssis et au freinage font culminer le poids à 2.355 kg. Sans parler du supplément constitué par les éventuelles 4 personnes à bord et leurs bagages.
En fait, le plus bluffant de ce Porsche Cayenne de l'extrême ne se trouve pas dans des performances quasi inexploitables sur routes ouvertes (270 km/h et 5,3s au 0 à 100 km/h) mais dans son comportement et sa sécurité active. La tenue en cap à haute vitesse, l'incroyable motricité, l'assiette constante de l'auto et un confort à la carte (normal, sport ou confort) font totalement oublier l'énorme charge en mouvement. Et la voracité d'un V8 stupéfiant de souplesse et d'agrément.
A 122067 €, on se dit que le Porsche Cayenne Turbo S est vendu toutes options. Et non, il y en a une trentaine pour un supplément de 35000 € qui le rend encore plus exclusif.
Habitacle
Imposant et presque intimidant de l'extérieur, le Porsche Cayenne se montre beaucoup plus accueillant lorsqu'on s'installe à bord. Avant même de faire tonner le gros V8, l'envie est grande de passer l'habitacle en revue. Entièrement tendu de cuir gris, notre Turbo S fait la part belle à l'aluminium brossé notamment pour les commandes d'orientation des buses de ventilation, l'entourage de la façade de la console centrale, le support de la commande de boîte automatique et bien sûr le pédalier.
Derrière le volant, sous une généreuse visière, sont implantés les deux cadrans, l'un gradué jusqu'à… 300 km/h donne le ton, l'autre situe la zone rouge à 6400 tours/m. La finition comme la qualité des matériaux est exemplaire et seules les manettes du régulateur de vitesse, des phares et des essuie-glaces paraissent standards.
En résumé, un intérieur sérieux, haut de gamme et sportif mais un peu glacé à notre goût.
Sur la route
Cependant, au volant du Porsche Cayenne Turbo S, on ne risque pas de prendre froid. Dominant la route du fait de sa position surélevée, le conducteur a de quoi s'occuper lorsque le V8 bat le rappel des 520 chevaux. Même si on note une certaine inertie à l'accélération, les 2.3 tonnes fendent le paysage et la route se rétrécit comme par enchantement. N'opérant pas en Allemagne, nous avions prix soin d'éviter les nationales toujours très surveillées pour opérer sur des départementales désertes. De quoi apprécier les liaisons au sol et surtout la stupéfiante motricité. Normal pour un 4X4, mais beaucoup moins lorsqu'il s'agit de faire passer 620 Nm de couple sans perturber la trajectoire de l'auto.
En fait, le miracle s'opère grâce au PASM (Porsche Active Suspension Management), la régulation permanente et adaptative de l'amortissement et aussi à la suspension pneumatique.
Nous avions souvent déploré l'inconfort du Cayenne avec ses suspensions classiques pour affirmer ici que le système pneumatique résout tous les problèmes sans altérer le comportement sportif. Avec en prime la possibilité, à partir d'une commande entre les deux sièges, de choisir entre trois modes distincts et immédiatement perceptibles : confort, normal et sport.
Le Porsche Cayenne Turbo S est équipé de série d'une boîte automatique à 6 rapports avec système Tiptronic qui permet de changer de vitesse manuellement. A cet égard, Porsche persiste à placer sur le volant une double commande séquentielle peu commode. Pourquoi ne pas installer des palettes derrière le volant à portée de doigts ?
Pour le reste, on ressort de l'essai du Porsche Cayenne Turbo S un peu éberlué tant il est facile de rouler très vite sans se faire de frayeurs. En dehors de l'appétit du V8 (près de 20 litres à l'attaque), les petits reproches concernent le manque d'agressivité de la pédale de frein et une direction légère à haute vitesse. Des petits riens indécelables pour les 95% de clients du Cayenne plus attachés à étaler un signe extérieur de réussite sociale qu'à se faire plaisir au volant.