Essai PORSCHE 718 Spyder
Vincent Desmonts le 07/09/2020
La Porsche 718 Spyder renoue enfin avec le 6-cylindres à plat dédié aux puristes. Sur le papier, ce roadster a tout pour plaire ! Qu'en est-il en réalité ?
Cinéma muet
Ça, pour rouspéter, on a rouspété ! Quand Porsche a introduit pour la première fois un 4-cylindres à plat turbo dans son Boxster, j'avoue avoir fait la moue, comme de nombreux fans. Au prétexte de gagner quelques grammes de CO2 afin de complaire aux normes européennes, le roadster Porsche perdait une partie de son charme. Adieu, mélodie du flat-6, bonjour borborygmes du « quatre pattes » ! Si les performances ont progressé, le plaisir a suivi le chemin inverse. Heureusement, la marque de Zuffenhausen a fini par écouter ses aficionados : le flat-6 est de retour ! Pas sur toutes les versions, malheureusement, puisque les 718 Boxster, Boxster S et Boxster T conservent leur 4-cylindres. En revanche, les GTS et cette nouvelle version Spyder renouent avec l'architecture mécanique historique du Boxster.
Parfois à 6, parfois à 3
Ce flat-6 d'une cylindrée de 4 litres est dérivé des blocs équipant les 911 Carrera S. Outre sa cylindrée augmentée, il dispose d'un vilebrequin renforcé, d'injecteur piézo-électriques et d'une admission variable. Ses quatre arbres à cames en tête sont équipés de déphaseurs (système VarioCam) de manière à muscler le couple à bas régimes. Enfin, pour satisfaire les fonctionnaires de Bruxelles, Porsche a adapté un système de désactivation partielle des cylindres : entre 1 600 et 3 000 tr/min, lorsque le couple produit est inférieur à 100 Nm, l'un des bancs du flat-6 est désactivé. Le bloc tourne alors sur trois cylindres, alternant d'un banc à l'autre toutes les 20 secondes afin d'égaliser l'usure et de maintenir les deux catalyseurs à bonne température. Selon le constructeur, ce système permet d'abaisser de 11 g/km les émissions de CO2 à l'homologation. Le 718 Spyder n'en est pas moins évalué à 251 g/km selon le protocole WLTP, ce qui lui vaudra chez nous un malus de 20 000 €. Ce bloc est exclusivement attelé à une boîte manuelle à 6 rapports dotée d'un levier raccourci. Pas de PDK ici, le Spyder s'adresse aux puristes ! Seule concession à la facilité : un système de double débrayage automatique au rétrogradage (qui peut être désactivé à volonté).
Une capote « light »
Sur le plan du style, le 718 Spyder ne fait pas spécialement dans la dentelle, notamment à l'avant, où le bouclier est percé de larges ouïes de ventilation et souligné d'une imposante lame. Le bouclier arrière est pour sa part affublé d'un gros diffuseur en plastique noir. Le charmant couvre capote à double bossage caractéristique des Boxster Spyder est heureusement au rendez-vous, et il se termine sur un aileron qui s'érige automatiquement à partir de 120 km/h. La capote « light » est spécifique : sans doublure ni motorisation électrique, elle se manipule manuellement (à l'exception du verrouillage au niveau du pare-brise) en une quinzaine de secondes. L'habitacle évolue peu par rapport aux autres Boxster, et n'est pas spécialement dépouillé. On peut certes choisir de retirer la climatisation pour gagner quelques kilogrammes, mais gageons que bien peu d'acheteurs oseront franchir le pas. Ces derniers préféreront au contraire généreusement « personnaliser » leur Spyder, avec par exemple le pack intérieur Spyder Classic (2 316 €), qui inclut notamment la sellerie mixte cuir rouge/nubuck gris étendue, la caméra de recul (1 176 €) ou encore... le GPS (2 280 €) et le régulateur de vitesse (324 €), mesquinement facturés en supplément ! Chez Porsche, certaines habitudes ont la vie dure.
Une boîte loooooongue !
Contact, démarreur : quel bonheur de retrouver la sonorité familière du flat-6 ! Mais s'il fait une entrée assez théâtrale, il se montre étonnamment discret par la suite. Encore ces normes de bruit et de pollution ! Même lorsque l'on active le mode sport de l'échappement, ce n'est qu'au delà de 4 000 tr/min que ce flat-6 se réveille véritablement. Le problème, c'est qu'en conduite normale, on n'a pas souvent l'occasion d'atteindre ces régimes. En effet, toujours pour abaisser les émissions de CO2, l'étagement de boîte a été allongé à l'extrême. Il est ainsi possible d'atteindre les 132 km/h compteur à fond de... seconde ! Le 718 Spyder a donc véritablement deux visages : celui d'un cabriolet élégant et bien élevé lorsque l'on roule à allure disons... normale, et celui d'un roadster assoiffé de virages si l'on hausse (franchement) le rythme. Le moteur se montre très souple à bas régime, tout en poussant sans faiblir jusqu'à la zone rouge calée à 8 000 tr/min, malgré la boîte archilongue qui doit forcément lui rogner un peu les ailes. La commande de cette dernière est par ailleurs à citer en exemple : dotée de débattements réduits et parfaitement bien guidée, elle offre un feeling mécanique très agréable. Les 420 ch et 420 Nm de couple catapultent le 718 Spyder de 0 à 100 km/h en 4,4 s, la vitesse maxi s'établissant à 301 km/h.
Merveille d'agilité
Le châssis ? Un modèle du genre ! La suspension rabaissée de 30 mm, couplée à des amortisseurs pilotés (offrant un mode Sport que l'on réservera au circuit), est ferme mais jamais cassante. Et lorsque la route se dégrade, elle travaille très efficacement pour maintenir les pneus au contact du sol. La direction est une vraie merveille : précise, ultra-informative, démultipliée juste comme il faut. Qui a dit que les assistances électriques étaient forcément moins agréables à l'usage que les hydrauliques classiques ? Porsche prouve qu'elles peuvent faire au moins aussi bien. Posé par terre, bien aidé par un différentiel autobloquant mécanique, un système de vectorisation du couple et même des supports moteur actifs, le 718 Spyder fait preuve d'une remarquable agilité. Les plus téméraires pourront débrancher l'antipatinage et/ou l'ESP, même si ces assistances ne sont guère sollicitées vu l'efficacité du châssis (au moins sur le sec). Quant aux freins - acier sur notre modèle d'essai, les disques en céramique étant facturés 7 980 € - ils sont parfaits : puissants, endurants et faciles à doser à toutes les allures.
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Un produit de luxe
Bref, le 718 Spyder place la barre très haut. Côté tarifs aussi : 96 500 € hors options, soit 28 600 € de plus qu'une Alpine A110S aux performances comparables... et même quasiment 50 000 € en tenant compte du malus écologique ! Le flat-6 est devenu un produit de luxe. Cela n'a pas toujours été le cas : en 2010, le Boxster Spyder était affiché 64 741 € seulement...
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation