Essai PEUGEOT RCZ R
Loïc Bailliard le 27/01/2014
Déjà doué en châssis, le Peugeot RCZ R revendique désormais 270 ch pour des performances au top. De quoi en faire la meilleure sportive française ?
Petit chaton devenu lion
Le Peugeot RCZ est d'abord et avant tout une affaire de style. Présenté sous la forme de concept-car sur base de 308, il reçut un accueil suffisamment favorable pour que le constructeur décide de risquer sa mise en production. En 2009, le modèle définitif était ainsi dévoilé et les premiers clients livrés en 2010.
Pour notre plus grande joie, les lignes spectaculaires du concept furent alors largement préservées. Mais il subsistait un problème au niveau de la fiche technique : la puissance culminait à 200 ch extraits du sage 1.6 THP. Lorsque nos concurrents proposent des Scirocco R, 370Z ou TTS dépassant tous les 250 ch, c'est un peu juste.
D'autant que cette version haut de gamme se voulait dynamique, mais pas suffisamment sportive pour que l'on s'en relève la nuit. Il faudra attendre 2012 pour que Peugeot réagisse en dévoilant un concept annonçant 260 ch. Aujourd'hui, ce Peugeot RCZ R est enfin devenu réalité et s'offre même 10 ch supplémentaires. Alors, le chaton est-il devenu un véritable lion ?
Un sacré pelage
Avant de le savoir, il est tout de même nécessaire de faire un tour du propriétaire. Le Peugeot RCZ R profite de l'ensemble des modifications apportées par le restylage de 2012. La plus notable (et la plus agréable) reste évidemment la disparition du museau de 308. L'immense bouche de poisson a ainsi disparue, remplacée par un sourire carnassier. Les phares restent sensiblement identiques, mais cette entrée d'air retravaillée confère un visage bien plus menaçant et aiguisé à l'engin.
Un sentiment renforcé ici grâce aux classiques éléments spécifiques (bouclier, bas de caisse, diffuseur et indispensables logos « R ») ainsi qu'à un abaissement de 10 mm. Large et imposant, le RCZ R ne manque donc pas de caractère. Les jantes de 19 pouces et l'aileron fixe installé sur la malle arrière achèvent de transformer le joli coupé en terreur des circuits. Il conserve cependant les détails plus subtils qui ont séduit le public au premier coup d'œil : double bossage, arches de toit, lignes souples avec décrochage sur le montant B… Les ingrédients essentiels sont donc toujours présents.
Demi-teinte
L'installation à bord laisse une impression mitigée. Qu'on le dise immédiatement, la qualité est présente et de nombreux détails flattent l'œil et le toucher des occupants : superbes baquets, cuir omniprésent, éléments spécifiques (dont quelques badges et un pommeau de vitesse) ou horloge centrale confèrent une atmosphère spéciale au Peugeot RCZ R.
Mais le gros volant défiguré par l'airbag, les nombreux éléments issus d'engins bien plus anciens ou encore l'agaçant système Bluetooth, capable de se connecter à un téléphone mais pas d'en lire la musique, gâchent un peu le tableau. On s'étonne également que les places arrière ridicules soient encore présentes, alors que leur suppression aurait été un bon moyen de gagner quelques kilos supplémentaires sans se priver de quoi que ce soit, vu leur incroyable exiguïté. Mais l‘omniprésence du logo Peugeot Sport parvient à redonner le sourire au conducteur.
Félin de course
Car l'essentiel est bien là, dans la collaboration avec les équipes du département compétition de Peugeot. Ce partenariat a touché les trains roulants, qui profitent d'un certain nombre d'améliorations, mais aussi et surtout le bloc moteur. Grâce à un travail en profondeur (pistons forgés, turbo et collecteur spécifiques, notamment), ce dernier atteint le rendement presque record de 170 ch au litre. Ce qui signifie que le 1,6 litres développe ici 270 ch et 330 Nm de couple de 1 900 à 5 500 tr/min. Et il atteint ces chiffres tout en annonçant une consommation mixte digne d'un diesel : 6,3 l/100 km. Si on parle d'ordinaire des « sorciers » de Renault Sport ou d'AMG, le terme semble également amplement mérité pour le département compétition de Peugeot.
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Envoûtement
D'autant que ces chiffres ne signifient pas grand chose face à la réalité du comportement du RCZ R. Dès le premier contact, le moteur affiche une véritable personnalité : rond et plutôt souple malgré une légère dose de turbo-lag à bas-régimes, il émet une sonorité plaisante à des vitesses mesurées. Au volant, on ressent bien la route, on apprécie la fermeté bien dosée de la boîte, des suspensions et de la direction. L'ensemble apparaît rigoureux et bien tenu.
Une fois les liquides montés en température et la route dégagée, on peut enfin déployer l'ensemble des talents du coupé français. Et un sourire de satisfaction apparaît aussitôt sur notre visage : enfin un vrai caractère sportif !
Étonnamment, le moteur grimpe joyeusement dans les tours avec une sonorité de 4 cylindres agressive façon rallye. Lorsqu'on entrouvre la fenêtre, les miaulements sont accompagnés par le souffle du turbo et les sifflements de la soupape de décharge. La poussée est bien répartie, suffisamment linéaire pour ne pas surprendre mais pas trop pour ne pas gommer le caractère de l'engin. Et gare au permis, car les vitesses atteintes sans nécessairement pousser le RCZ dans ses retranchements sont très vites indécentes, même sur petites routes !
La direction se montre précise. Et le différentiel autobloquant fonctionne aussi bien que le XDS d'une Golf GTI : en courbe, il suffit d'enfoncer progressivement la pédale de droite pour sentir la roue extérieure tirée vers l'intérieur et la trajectoire se resserrer. Dans ces conditions, un lever de pied parvient même à faire pivoter l'arrière. En clair, le RCZ se montre sain mais n'en devient pas pour autant aseptisé : il implique le conducteur et en devient donc gratifiant.
Seule la boîte dont les débattements sont un peu trop longs oblige à bien décomposer ses mouvements et gêne donc la conduite très sportive. Quant aux gommes, elles offrent un peu moins de grip que celles d'une Mégane RS sur le gras-mouillé, ce qui rend le RCZ un tantinet moins rassurant. Mais pour le reste, quel engin ! D'autant que, cerise sur le gâteau, à la fin d'un essai… exigeant, la consommation n'est grimpée qu'à 10,5 l/100 km.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation