Essai PEUGEOT 206 RC
Jean-François Destin le 14/04/2003
La Peugeot 206 doit son immense succès à son look, son agrément de conduite, l'étendue de sa gamme mais aussi aux titres de championne du monde des rallyes obtenus par la WRC.
Présentation
Et précisément, après la S16 138 chevaux qui était jusqu'ici la 206 la plus pointue de la gamme, Peugeot s'est enfin décidé à capitaliser sur son image compétition en proposant une Peugeot 206 RC 2l de 180 chevaux. On est loin des 300 chevaux de la WRC de course mais à l'heure où s'intensifie la chasse aux excès de vitesse, la firme française a voulu ne prêter le flanc à aucune critique des pouvoirs publics.
Dans un autre contexte, il est probable que Peugeot nous aurait concocté une version de 200 chevaux plus méchante et pimentée. Les clients de la RC pourront néanmoins rouler (sur circuit !) à 220 km/h et passer de 0 à 100 km/h en 7,4s. Voulant transmettre un message "politiquement correct", le constructeur français présente d'ailleurs la RC comme une berline rapide coiffant la gamme. Les signes sportifs distinctifs sont ainsi plus nombreux à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Sur la Peugeot 206 RC baptisée ainsi pour établir un lien avec la WRC de rallye, on ne trouve évidemment pas de boite à 6 rapports ni de transmission intégrale, ni même de châssis sport car il fallait rester dans des prix compétitifs (21.500 €) face à des concurrentes comme la Renault Clio RS (21.950 €) ou la Mini Cooper S (21.400 €).
Design
Ceux qui auraient apprécier une silhouette proche de celle de la WRC seront déçus de cette robe pour le moins anonyme. Peugeot explique qu'il fallait éviter les signes ostentatoires. Certes mais la clientèle visée n'a t-elle pas envie de faire savoir qu'elle est au volant d'une 206 pas comme les autres?
Outre le léger restylage qui concerne toute la gamme, la RC devra donc se contenter d'ailes avant élargies, d'une double sortie d'échappement chromée, d'un large becquet en polyester recouvert de fibre de verre (il apporte 25 kilos de charge aérodynamique supplémentaire sur le train arrière à haute vitesse) et de roues en alliage de 17 pouces équipées de Pirelli P 7000 taille basse de 205/40R 17W). Et le tout est signé en bas et à droite du hayon d'un petit RC.
Habitacle
S'installer à bord satisfera davantage l'acheteur. Il découvrira d'abord les superbes baquets siglés RC. Inspirés des sièges des voitures de compétitions, ils ont été conçus pour assurer un grand confort et surtout un maintien latéral sans faille, la RC n'étant affectée d'aucun roulis dans les virages. En revanche on peut regretter le manque soutien des cuisses des grands conducteurs à cause d'une assise trop courte.
D'apparence flatteuse, ces baquets font appel au cuir à l'Alcantara et à un maillage nid d'abeille de belle facture. Le tout bordé de surpiqûres gris clair façon sellier. Chacun des deux sièges avant dispose d'un mécanisme de réglage en hauteur, d'un système à mémoire de position facilitant l'accès à l'arrière (la RC n'est en vente qu'en 3 portes) et d'un airbag latéral tête/thorax ménagé dans le dossier. A noter que la banquette arrière a été remaniée pour offrir plus de confort à deux occupants seulement, la RC étant homologuée pour 4 et non 5 personnes.
Les autres évolutions à caractère sportif sont nombreuses. Citons les cadrans à fond noir mat cerclés argent et à aiguilles blanches, les pédales trouées en alu, le petit volant à jante magnésium recouvert d'un moussage spécial et d'un cuir lisse, l'efficace levier en alu raccourci de 20 mm par rapport à celui de la 206 S16 et le traitement « carbone » et métal des commandes de portes et d'aérateurs.
Châssis
En matière de suspension et liaisons au sol, Peugeot a toujours maîtrisé son sujet. Cet avantage tient essentiellement au fait que le constructeur fabrique ses propres amortisseurs. Et ce, depuis plus d'un demi-siècle. Récemment et pour des raisons d'économie, la direction générale a souhaité « externaliser » cette fabrication. Requise, la firme Sachs ne parvint pas à répondre totalement au cahier des charges Peugeot. Rien ne remplace l'expérience et on s'aperçut que pour gagner deux fois rien, on allait se priver d'un atout essentiel.
Cette parenthèse prouve s'il en était besoin que Peugeot s'est toujours attaché à offrir à la fois confort et tenue de route dès le départ. Ainsi par rapport à une 206 de base, la RC n'a pas fait l'objet de transformations profondes de son châssis et de ses suspensions. Par rapport à la S16, les épures de train ont été modifiées et les ressorts raidis pour s'adapter à la généreuse monte de pneumatiques.
Pour maintenir le guidage du train arrière sous effort transversal, le train reçoit deux tirants supplémentaires qui relient les bras de suspension à une chape en alliage léger solidaire de la traverse. On trouve aussi des barres antidévers différentes pour augmenter la motricité.
La 206 RC hérite en série d'un antipatinage et d'un ESP déconnectable depuis le tableau de bord.
Moteur
Il s'agit d'un dérivé du 2 litres de 135 chevaux de la S 16. Les 45 chevaux supplémentaires traduisent le travail de préparation du haut moteur (culasse, admission, échappement, gestion électronique). Ainsi par exemple, l'arbre à cames de l'admission est équipé d'un système de distribution à calage variable en continu. Ce qui induit une remplissage optimal des chambres de combustion au profit d'un moteur souple à bas régime (nous avons pu le vérifier) et puissant.
Evoquons encore la culasse et les pistons en alu et l'injection séquentielle phasée Magnetti Marelli de dernière génération.
Curieusement, ce 2 litres (le plus puissant de la gamme Peugeot actuellement) n'est pas associé à une boite à 6 rapports. Si le surcoût figurait parmi les inconvénients, l'encombrement lié à la présence de ce 6 ème rapport aurait pénalisé le braquage des roues à gauche ! dixit Peugeot.
Conscients qu'il fallait offrir une exploitation sportive de ces 180 chevaux, les techniciens se sont quand même penchés sur la transmission en rallongeant le 1er rapport et en rapprochant les 4 autres. Une bonne idée qui permet notamment dans les épingles serrées de pouvoir raccrocher la 1ère et relancer prestement la voiture.
Sur la route
La première bonne surprise vient du calage du corps dans le siège baquet et d'une position de conduite quasi idéale. Le court levier tombe bien sous la main et les quatre cadrans se repèrent facilement. La deuxième découverte concerne la longueur de la première (à 7000 tours, on atteint 66 km/h) et des autres rapports bien étagés. Le 2 litres émet un son enthousiasmant (surtout entre 3000 et 5000 tours) et la cadence peut s'accélérer.
Comme toujours chez Peugeot, la tenue de route rassure d'emblée et grâce à la stabilité des trains et à l'absence presque totale de roulis, les virages s'enchaînent avec facilité si l'on accepte d'encaisser la pression latérale.
Parmi les déconvenues, signalons un manque de caractère de l'auto qui va vite mais ne procure pas de sensations très sportives et une suspension sèche. L'endurance des freins nous a paru également insuffisante alors que l'attaque de la pédale fait bonne impression. Enfin la direction à assistance variable apparaîtra un peu pesante en ville. Une bonne note pour la commande de boite précise et bien guidée.
Equipements
La RC reçoit en série une direction à assistance variable, quatre airbags (frontaux et latéraux tête/thorax), une climatisation automatique, un pare-brise athermique, un autoradio CD, un essuie-glace automatique avec capteur de pluie, un allumage automatique des projecteurs et des feux de détresse (en cas de freinage brutal), des rétroviseurs rabattables électriquement et un filet de retenue des bagages dans le coffre.