Essai NISSAN Qashqai
Jean-François Destin le 12/02/2007
Avec le Nissan Qashqai, le constructeur nippon entend convaincre les amateurs de berlines classiques. Le nouveau 4X4 de loisirs se veut donc à la croisée des chemins !
Présentation
Comblant un espace entre les citadines que sont les Micra, les Note et le X-Trail, voire le Murano, le nouveau Nissan Qashqai proposé à l'essai il y a quelques jours en Catalogne se veut paré de toutes les vertus. Pascal Schmitt, le nouveau directeur de Nissan France affirme même qu'avec ce véhicule inédit, à mi-chemin entre une berline compacte et un 4X4 de loisirs, Nissan pourra convaincre les amateurs de berlines classiques. Et de citer en référence la Golf, la Megane Renault et la 307 ! Pourquoi pas.
Cependant, au Mondial de Paris où le Qashqai prit son premier bain de foule, Nissan n'était pas mécontente de venir surfer sur la vague des petits SUV à la mode. Une attitude logique pour une marque japonaise dont la réputation s'est bâtie sur de valeureuses gammes de 4X4 de franchissement. Entre temps, la mise à l'index des tout-terrains et des gros SUV ainsi que leur remise en cause en ville a fait un peu varier le discours de Nissan.
Selon les prévisions, le Nissan Qashqai (dont le nom vient d'une tribu nomade d'Iran) se vendra à 70% en simple traction avant. Dommage car nos premiers tests effectués autour de Barcelone montrent que les versions All Mode équipées du transfert électronique du couple sur les deux essieux (identique à celui du X-Trail et du Murano) apporte un réel plus sur sol à faible adhérence.
Long de 4,315 m, le Qashqai, confortable et sûr, affiche une silhouette sympathique de SUV compact mais un peu trop neutre pour séduire la clientèle féminine. Même conservatisme dans l'habitacle, spacieux sans plus, et pas assez modulable. Le Nissan Qashqai est proposé avec deux moteurs essence (1.6l de 115 ch et 2l de 140 ch), deux diesel dCi Renault (1.5l de 106 ch et 2l de 150 ch), trois boîtes (mécanique 5 et 6, et CVT) et 4 finitions. Les prix s'échelonnent entre 18900 € et 33300€.
Design
Les 4X4 de loisirs se vendent surtout sur leur look. L'ancien petit Toyota Rav4 3 portes est longtemps resté en tête des ventes grâce à sa ligne craquante et sélecte. Plus ingrat et policé, le visage du Nissan Qashqai entend établir une passerelle entre la berline, le break et le vrai 4X4.
D'où une partie supérieure englobant un arrière presque vertical et des passages de roues marqués. A l'avant, les phares pentagonaux pas très seyants encadrent une calandre où trône le gros logo Nissan entouré d'un motif en U. A l'arrière, les jolis feux sont astucieusement intégrés dans le sillage de la ligne de caisse. La surface vitrée, assez limitée surtout pour les passagers arrière explique le montage en série (sur les finitions supérieures) et en option à 750 € d'un grand toit en verre panoramique, une première dans le segment des SUV.
Même si Nissan entend s'attaquer avant tout aux berlines de grande diffusion, le dernier né a été programmé pour musarder hors du bitume. Sa garde au sol de 200 mm est supérieure à celle du Hyundaï Tucson (195 mm). En revanche, son angle d'attaque (19,2° contre 28°) et son angle de fuite (30,2° contre 32°) limitera ses incartades sur les reliefs.
A 5 portes, le Nissan Qashqai bénéficie évidemment d'un large hayon mais le seuil de chargement, très haut, ne facilite pas l'embarquement des bagages.
Habitacle
De facture assez classique, l'intérieur ne réserve aucune surprise. La planche de bord très quelconque et utilisant des matériaux standards est prolongée entre les deux sièges par une console centrale. Les ouïes d'aération à lamelles rappellent celles des Fiat des années 70 et l'intégration de l'écran de navigation aurait mérité d'être plus discrète.
En revanche, la commande rotative du système All Mode sous forme de souris d'ordinateur a été placée sous le levier de vitesses bien à portée de main à la base de la console.
Une bonne note pour les sièges avant revêtus sur notre voiture d'essai de cuir mais l'assise des sièges arrière plus plats se montrent moins confortables.
L'habitabilité se révèle correcte. Le coffre, généreux, aurait pu aller au-delà mais Nissan avec juste raison a préféré opter pour une rassurante roue galette sous le plancher.
Les dossiers des sièges arrière se replient mais leurs assises restent fixes et contrarient la mise en place d'un plateau de chargement plat. Des économies contestables comme celle de ne pas avoir retenu une banquette arrière coulissante d'avant en arrière.
Châssis
Le Nissan Qashqai inaugure en Europe la nouvelle plate-forme C née de l'Alliance Nissan/Renault. Elle a déjà été utilisée avec succès sur la Nissan Lafesta au Japon. L'empattement de 2,631 m, identique à celui du Tucson et supérieure à celui de la Golf, favorise l'assise du véhicule sur la route. Côté suspensions, Nissan a choisi des géométries modernes (jambes de forces à l'avant et système multi-bras indépendant à l'arrière) montées sur des sous-châssis, eux-mêmes ancrés sur des bagues de caoutchouc isolantes. Une solution déterminante pour interdire les remontées parasites et offrir, on en reparlera plus loin, un grand confort de roulement.
Très évoluée, la suspension arrière fait appel à des amortisseurs en position très inclinée. Double avantage de ce système : il ne pénalise pas le volume du coffre et maîtrise presque totalement le roulis en virage.
En revanche, nous n'avons pas été convaincus par la direction assistée électrique. Tous les constructeurs y viennent pour des raisons de coût et d'encombrement mais ses réglages sur le Qashqai la rendent contraignante à haute vitesse. Le système d'assistance se réfère en permanence à la vitesse de la voiture. Plus elle augmente, plus la direction se raffermit. En ville, pas de problème. En revanche, sur la route et notamment à cadence élevée, le volant devient par trop résistant. Nous y reviendrons également plus loin.
Enfin regrettons que l'ESP si précieux pour éviter l'accident ne soit en série que sur les modèles 2l essence et diesel. Il est disponible en option à 500 € sur les autres modèles sauf sur les versions d'entrée de gamme Visia. On se demande pourquoi.
Moteurs
En France, le diesel fait la loi et plus on monte en gamme, plus c'est le cas. Les petits 4X4 de loisirs n'échappent pas à cette tendance et les Qashqai dCi, alliance Nissan/Renault oblige, constitueront les ¾ des ventes. Nous nous sommes attardés sur la version dCI 2l 150 chevaux associée à la transmission All Mode. Il faut bien cette puissance pour dynamiser un véhicule oscillant entre 1500 et 1600 kg. Malgré la présence d'un arbre d'équilibrage (il absorbe 4 à 5 chevaux), il engendre des vibrations au ralenti et émet des rugissements sonores en accélération. Heureusement, il devient discret, presque absent en croisière.
On apprécie aussi sa plage d'utilisation, ses reprises aisées à bas régime mais attention à sa consommation. Oscillant entre 8 et 9 litres réels sur la route, elle a grimpé jusqu'à 13,5l durant notre périple dans Barcelone. Sur la foi de l'ordinateur de bord. Et j'étais le plus souvent seul à bord !
Bien que nous n'ayons pas pu le vérifier, le petit 1500 dCi de 104 chevaux annoncé très silencieux sera à la peine malgré son turbo à géométrie variable. On le conseillera aux conducteurs s'aventurant rarement hors des villes.
La motorisation essence de base est le 1600 cm3 déjà monté sur la Micra et la Note. Tout en aluminium et recélant une distribution variable et une régulation automatique des levées de soupapes, sa puissance pour le Nissan Qashqai est passé de 110 à 115 chevaux et son couple de 153 à 156 Nm. Les performances se situent dans la bonne moyenne avec 175 km/h et 12 secondes au 0 à 100 km/h. Quant au 2l de 140 chevaux déjà utilisés au Japon, il apparaît tonique (190 km/h et 10,6s).
Deux transmissions sont au catalogue : traction avant classique ou All Mode. Il s'agit d'un système très au point qui fait déjà le bonheur du X-Trail et du superbe Murano. A partir d'une molette à portée de la main droite, le conducteur a le choix entre trois modes : 2WD (roues avant motrices) lorsque les conditions de roulage sont bonnes, Auto (le système gère la répartition avant/arrière du couple en fonction de l'adhérence) et lock pour équilibrer la puissance sur les deux essieux. Une transmission intelligente facturée 2200 € mais malheureusement disponible uniquement sur les versions 2 litres essence et diesel.
En fonction des motorisations, les boîtes sont à 5 ou 6 rapports ou CVT (automatique à variation continue).
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Sur la route
Ce Nissan Qashqai présenté avant le Mondial de Paris par Carlos Ghosn en personne réunit t-il, comme il l'a affirmé, le meilleur de la berline et du 4X4 ? La réponse est mitigée.
Des allées et venues en ville, en bordure de mer et dans l'arrière pays où une piste sablonneuse a pu mettre en évidence le système All Mode ont montré, volant en main, la polyvalence d'utilisation de ce nouveau venu. Il se montre à l'aise dans toutes les situations mais c'est surtout sur route que Nissan Qashqai a révélé ses forces et ses faiblesses. Pour satisfaire les clients venus de la berline, la suspension a été particulièrement soignée. Il est rare sur un SUV que le comportement routier et surtout le confort de roulage, proche de celui du nouveau Toyota RAV4, aient atteint ce niveau. Et ce sans avoir à supporter un roulis ici parfaitement maîtrisé.
La direction électrique agréable en ville devient franchement hostile sur route par son durcissement excessif. Les femmes trouveront à redire lorsque à l'entrée d'une courbe ou d'un virage se refermant, elles devront fortement résister à un volant qui ne demande qu'à revenir au point zéro. Question de paramétrage parait-il.
N'ayant pu essayer que le dCi 150, nous n'avons qu'un avis parcellaire des motorisations offertes. Gourmand (en raison du poids) si on le sollicite, il se montre un peu brutal en accélération mais sa plage d'utilisation permet une conduite agréable en croisière. Il devrait également se montrer sous un bon jour lorsqu'il sera associé en avril prochain à la boîte CVT (à variation continue). A revoir donc.