Essai NISSAN GT-R 2011
Loïc Bailliard le 06/06/2011
De l'aveu des ingénieurs de Nissan, la GT-R de 2008 n'était pas totalement au niveau d'aboutissement recherché. Ils ont donc offert aujourd'hui une mise à jour à « Godzilla ». La supercar parfaite ?
Présentation
Déjà bluffante, la Nissan GT-R commercialisée à la toute fin 2007 n'était, de l'aveu même des ingénieurs, qu'une version 0.8 ; un produit auquel il manquait encore une très légère dose de piment pour atteindre la perfection. Une nécessité d'autant plus présente que Porsche avait répliqué avec la très virulente 911 Turbo S. Le constructeur propose donc aujourd'hui une GT-R « 1.0 » totalement aboutie.
Si certains se sont faits spécialistes de faire du neuf avec du vieux, la Nissan GT-R 2011 semble presque faire l'inverse. Difficile en effet de distinguer physiquement le nouveau Godzilla de l'ancien, bien que les modifications soient très profondes. Les plus attentifs noteront tout de même l'apparition de l'éclairage diurne à LED intégré à des encoches sur le bouclier avant, des entrées d'air plus larges ou le nouveau diffuseur arrière. L'habitacle n'évolue pas non plus de façon visible et conserve ses excellents sièges Recaro ainsi que l'afficheur tactile développé par les créateurs du jeu Gran Turismo.
C'est donc sous l'enveloppe que la Nissan GT-R change le plus. Le V6 biturbo passe ainsi à 530 chevaux à 6.400 tr/min tandis que le couple devient encore plus colossal avec 612 Nm entre 3.200 et 6.000 tr/min ! Afin de transmettre au mieux cette puissance supplémentaire, les trains roulants ont été largement revus avec des retouches sur les suspensions avant et arrière, des changements de géométrie et un accroissement de rigidité. Les performances sont toujours hallucinantes avec un 0 à 100 km/h en 3 secondes seulement et 315 km/h en pointe. Le freinage est quant à lui assuré par d'immenses disques de 390 mm de diamètre que même une intense session sur piste ne vaincra pas.
Affinée, ajustée et tout simplement améliorée, la Nissan GT-R est donc désormais totalement mature. On ne pourra que regretter ses petits défauts, à savoir un moteur pas vraiment mélodieux, un habitacle très bruyant sur autoroute et une qualité de fabrication pouvant questionner sur sa longévité. Mais avec des tarifs débutants à 89.900 euros et un équipement de série très large, elle offre plus que jamais un rapport prix / performances dépassant l'entendement.
Design extérieur et intérieur
Autant le dire, il sera presque impossible pour un néophyte de distinguer la Nissan GT-R 2011 de sa grande soeur de 2008. Le seul élément véritablement distinctif est en effet la rampe de LED ayant fait son apparition dans le bouclier avant. Mais à y regarder de plus près, elle s'intègre dans une série d'encoches également inédites. Ce détail est l'un des seuls trahissant l'immense travail aérodynamique effectué par les ingénieurs de Nissan.
Déjà d'une finesse incroyable dans sa première version, Godzilla se fait en effet encore plus profilé et gagne un point de cx pour atteindre 0,26 ! De nombreux autres détails (encoches à l'arrière, entrées d'air élargies, nouveau bouclier et diffuseur arrière...) permettent également à la Nissan GT-R de gagner 10% d'appui tout en canalisant les flux pour le refroidissement des freins et des silencieux.
L'habitacle n'évolue pour sa part quasiment pas. Les sièges Recaro très enveloppants de notre GT-R Black Edition se révèlent parfaits pour la conduite sportive et suffisamment confortables pour envisager de faire de la route. La console centrale garde la même forme, mais troque son plastique contre du véritable carbone. Dommage cependant que la qualité de fabrication soit encore en retrait, avec des bruits de mobilier et des faiblesses de finition visibles rapidement. Il est cependant aisé de passer outre, notamment lorsque l'on a entre les mains un volant au diamètre idéal...
Impossible enfin de ne pas évoquer l'écran tactile permettant d'afficher de multiples informations sur la conduite, allant des G encaissés à la pression du turbo en passant par les températures d'eau, d'huile ou d'huile de boite... Développé par Polyphony Digital, la division de Sony en charge notamment du jeu Gran Turismo, il est le symbole de ce que la Nissan GT-R représente : un concentré de haute technologie et la supercar de la génération Playstation, que l'on s'attendrait presque à piloter avec une manette plutôt qu'un volant.
Moteur et châssis
Le gros du travail de Nissan pour cette GT-R 2011 fut effectué au niveau du moteur. De 480, il passe en effet à 530 chevaux à 6.400 tr/min. Son couple n'est pas en reste avec une progression de 24 Nm pour en afficher 612 au total. Un chiffre considérable, d'autant qu'il est désormais disponible sur une plus grande plage d'utilisation (entre 3.200 et 6.000 tr/min). L'expérience montre de plus que ces valeurs sont des minimums respectés par Nissan, mais que la plupart des V6 biturbo de 3,8 litres afficheront plus lors d'un passage au banc...
Pour arriver à ce résultat, presque tous les paramètres du bloc ont été revus, de la pression de suralimentation au temps de levée des soupapes en passant par l'augmentation des admissions d'air et échappements. Ce travail a également permis à Nissan de revendiquer une consommation en baisse, avec un passage sous les 12l/100 km en cycle mixte. Dans les faits, une utilisation sportive fera aisément grimper ce chiffre aux alentours de 16 – 17 litres.
La transmission intégrale et la boite à double embrayage ne changent quant à eux pas. On conserve donc un réglage favorisant largement le train arrière, les roues avant ne récupérant que jusqu'à 50% de la puissance lorsqu'il est nécessaire de corriger un défaut de motricité.
Pour les trains roulants également, le travail a été effectué par petites touches mais les résultats sont impressionnants. Une barre de renfort a été ajoutée dans le compartiment moteur afin d'améliorer encore la rigidité du museau. Les suspensions ont été revues, avec de nouvelles valeurs pour les ressorts, les amortisseurs et la barre antiroulis ainsi qu'un carrossage négatif plus prononcé aidant à l'inscription en courbes. A l'arrière, le centre de gravité a été abaissé.
Les pneus profitent d'une nouvelle gomme et les jantes sont allégées afin de réduire les masses non suspendues et améliorer le grip. Pour stopper les 1.740 kilos de la GT-R, les immenses disques de freins (390 mm à l'avant, 380 à l'arrière!) se révèlent idéals, avec une résistance et un mordant excellents.
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Sur la route
C'est sur le circuit « Club » de Magny-Cours que nous avons décidé d'explorer le potentiel de la Nissan GT-R 2011. Mais rejoindre la région de Nevers depuis Paris nous a d'abord permis de prendre en main la Japonaise dans des conditions d'utilisation plus quotidiennes.
Un trajet suffisant pour en apprécier la facilité et la docilité, aidé dans notre conduite par une direction légère et un mode automatique de la boite privilégiant la consommation et la souplesse. Sortir de ville et atteindre l'autoroute permet de s'étourdir de la violence des premières accélérations, foudroyantes quel que soit le régime de départ et catapultant la GT-R à des vitesse déraisonnables en un instant. On regrette cependant une insonorisation moyenne aussi bien au niveau du bruit sourd du moteur que des pneus rendant les longs trajets fatigants. Les occupants ne seront d'ailleurs pas aidés par la raideur des suspensions, offrant une communion un peu trop totale avec l'état de la route.
Une fois sur petites routes, la Nissan GT-R commence à révéler son tempérament ultra-sportif, les réglages sur « R » des suspensions, de l'ESP et de l'ensemble de la transmission permettent déjà une certaine latitude de jeu et tout en offrant un sentiment de sécurité total. Même sur une chaussée abimée, la Nissan conserve son cap et sa motricité tandis que les (rares) excès d'optimisme sont tempérés en douceur.
Mais c'est évidemment sur le tarmac lisse d'un circuit que Godzilla peut véritablement démontrer son potentiel. Si la sonorité du V6 est décevante, les capacités de la Nissan GT-R sont impressionnantes. On craindrait notamment que son poids la pénalise dans les virages lents, mais elle garde tout de même une agilité et une précision de scalpel. Les lignes droites sont ensuite avalées grâce au souffle inépuisable du biturbo et les freinages balayés. Très rapide et laissant une liberté complète, la boite à double embrayage nous a cependant paru le point faible de la GT-R en utilisation très intensive.
Moins bestiale qu'une Porsche 911 Turbo S, elle se veut aussi plus facile. ESP débranché et dans une alternance de pluie et de sec, la GT-R n'effraie pas. Aussi bien capable de garder le cap en conduite « propre » que de faire danser le train arrière lorsqu'on lui demande, elle est véritablement l'ultra sportive la plus accessible aux novices, tout en conservant un intérêt pour les pilotes plus expérimentés...
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation