Essai MORGAN V6 roadster
Jean-François Destin le 24/08/2009
Pour célébrer ses 100 ans d'existence, Morgan propose des versions « Spécial Anniversaire » comme sur le Roadster V6 que nous avons essayé.
Présentation
Structure en bois de frêne, châssis en acier et carrosserie en aluminium : chez Morgan, la recette n'a pas changé depuis un siècle. Tout comme la silhouette du roadster « classique » née en 1936 et quasiment jamais retouchée. Avec son long capot, ses optiques typiques sortant des ailes et sa calandre bombée à barrettes verticales, il est unique. Au point qu'il n'est jamais volé et ne coûte rien à assurer. Même dans cette version à 65.000 € équipée d'un V6 Ford de 215 chevaux.
Héritier de la Morgan Plus 8, le roadster V6 marie avec charme et élégance les traditions d'un passé automobile britannique raffiné aux performances attendues aujourd'hui d'un cabriolet sport. Les 225 km/h sont atteints et 4,9 secondes suffisent pour passer de 0 à 100 km/h. Son secret : un poids plume de 940 kilos dû à l'absence de tout équipement de confort. Pas d'assistance ni pour la direction ni pour le freinage, pas d'ABS, pas de climatisation ni de vitres électrique, pas de contrôle électronique de trajectoire : la liste est longue. Un registre dépouillé, spartiate, rustique mais d'une authenticité qui fait chavirer le cœur des amateurs de sensations fortes. « En Morgan, on ne se déplace pas, on voyage. On ne conduit pas, on pilote » affirme Pierre Henri Mahul, l'heureux importateur de Morgan en France.
Construit à la main à partir des matériaux les plus nobles comme toutes les Morgan, le roadster V6 est aussi attachant pour ses qualités que pour ses défauts. Un voyage dans le temps pour épicuriens.
Design extérieur et intérieur
Un choc visuel et une émotion forte. Dans le trafic de 2009, la Morgan ne se découvre pas, elle s'admire. Même les plus jeunes qui n'ont aucune culture de l'histoire du style automobile se laissent happés par ce long capot, ces phares à l'ancienne, la grille nid d'abeille en inox derrière la calandre et le galbe des passages de roues à rayons reliés par un large marchepied. Poignées de portes, clignotants, feux, bananes de pare-chocs, bouchons de réservoir font appel au chrome et à l'aluminium brossé. Jusqu'à la simple capote manuelle réclamant adresse et patience : tout sur la Morgan rappelle la tradition « so british » de l'automobile sportive d'outre Manche.
Etriqué, l'habitacle, accessible en ouvrant avec précaution les fragiles mini-portières, multiplie les références nobles des années folles. L'aluminium guilloché du centre de la planche de bord en ronce de noyer, les cadrans cerclés de chrome, le volant bois moto-lita et le garnissage tout cuir « ameublement », ici d'une couleur contestable, contribuent au charme de l'ambiance à bord. Sans oublier l'écusson ailé de Morgan marquant le centenaire de la marque.
Mécanique châssis
Simple, classique mais efficace et fiable, l'ensemble mécanique/châssis de la Morgan V6 roadster est garanti 4 ans ou 300.000 kms pièces et main d'œuvre. A bord, pas d'électronique sophistiquée, pas d'informatique mais un moderne V6 Ford 3 litres de 215 chevaux largement éprouvé. Il est couplé à une boite mécanique également d'origine Ford à 5 rapports, l'étagement permettant au couple de 280 Nm d'offrir des accélérations toniques. Dommage que la commande de boite soit si ferme.
Pour le châssis acier, on croit lire la fiche technique d'une voiture ancienne. Il s'agit d'un cadre de caissons avec traverses. Les trains roulants se composent de ressorts hélicoïdaux à l'avant et d'un essieu rigide avec barre Panhard et ressorts à lames à l'arrière. De l'archaïsme sélectionné car si le confort de suspension reste spartiate, la tenue de route n'a presque rien à envier à celle d'une voiture moderne. En fait le roadster Morgan V6 joue sur son long empattement de 2.49 mètres, ses voies larges de 1.30 m et 1.39 m et ses pneus modernes aux dimensions généreuses de 195/60 R 15.
Sur la route
Auto de collection ou voiture moderne ? Les premiers kilomètres parcourus au volant du roadster Morgan V6 ne permettent pas de répondre à cette question. Mal assis, un peu coincé et peu abrité par le mini pare-brise et les side-screen latéraux en plastique, on penche plutôt pour une belle d'antan. Mais il suffit de solliciter le V6, de l'écouter chanter et de hausser la cadence pour comprendre qu'il s'agit d'un modèle neuf servi par une mécanique contemporaine.
Certes, la dureté des pédales et de la commande de boite et la pesanteur de la direction surprennent. Mais on s'y fait et l'étonnant équilibre du châssis ramène vite la confiance. La Morgan tire sa magie de ce mélange des genres qui prête cependant plus aux déplacements touristiques tranquilles qu'aux sprints échevelés. Pour les besoins de la vidéo, j'ai fortement sollicité les 215 chevaux sur des tracés sinueux et mal revêtus. Ça vibre, ça craque de partout mais le roadster reste « scotché » sur sa trajectoire. Sans assistance mais suffisamment précise, la direction réclame une main de fer et les freinages tardifs un mollet de rugbyman. Quant au confort de suspension, il dépend de vitesse. On imagine à cet instant l'état d'esprit de la passagère partie à cette vitesse pour une longue étape et sans bagages vu l'absence de coffre (seul un support permet de sangler une petite valise à l'arrière).
Un peu caricatural, je l'avoue, ce compte-rendu d'essai montre néanmoins la double personnalité de la Morgan. Idéale pour s'amuser sur un circuit grâce à son potentiel sportif, la Morgan s'appréciera surtout aux allures légales lors de découvertes touristiques à travers l'Europe comme en organise régulièrement Morgan France. Mais le mieux pour se faire une idée et découvrir le mythe est encore d'en louer une pendant un week-end.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation