Essai MERCEDES S 63 AMG 4Matic+ Limousine
Vincent Desmonts le 09/10/2017
Vous rêviez d'une limousine ultra-luxueuse capable d'accélérer aussi fort qu'une Porsche 911 GT3 ? Ne cherchez plus : la nouvelle Mercedes-AMG S 63 est faite pour vous !
Démesure absolue
Dans l'imaginaire collectif, la limousine est un long paquebot automobile voguant mollement d'aéroports en palaces, avec à son bord des invités davantage préoccupés de confort que de performances. Dès lors, cette Mercedes-AMG S 63 4Matic+ Limousine (ouf!) semble quelque peu incongrue, avec ses 612 chevaux et un 0 à 100 km/h bouclé en seulement 3,5 s (3,4 s pour la toute dernière Porsche 911 GT3 !). À quoi donc peut bien servir un tel engin ? Le meilleur moyen de le savoir, c'est d'aller faire un tour avec. Une balade en deux épisodes : d'abord dans son élément naturel, à savoir la Côte d'Azur et les rues cannoises ; ensuite, on s'éloignera de sa zone de confort en s'attaquant... à la montée du Col de Vence ! Une limousine de 5,27 m et 1,90 m de large sur une route de montagne, est-ce bien raisonnable ? C'est ce qu'on va voir !
Opulence ou décadence ?
Il est des fois où l'on est bien content d'avoir un voiturier. En effet, vu le gabarit de la bête, on s'imagine mal aller la garer soi-même dans un parking souterrain aux trottoirs sournois et aux murs vengeurs ! Heureusement, vivre pendant une journée la vie d'un jet-setteur vous met à l'abri de ce genre de contingences, et « ma » Classe S m'attend devant l'hôtel. L'occasion de détailler son design revu et corrigé. Oh, rien de révolutionnaire : il ne s'agit après tout que d'un lifting de mi-carrière. Les stylistes se sont donc concentrés sur les pièces les plus faciles à modifier, à l'image des optiques, dotées d'une nouvelle signature visuelle, de la calandre, désormais ornée de doubles barres, ou du bouclier. À l'arrière, les feux ont également été redessinés. Pas de bouleversement des proportions, qui restent toujours étonnamment harmonieuses pour une auto de ce gabarit. Dans l'habitacle, on note surtout l'apparition d'un nouveau volant à trois branches d'allure nettement plus sportive que l'ancien à deux branches. Au passage, il reçoit deux petits pavés tactiles pour commander l'ordinateur de bord et le système d'info-divertissement, ainsi qu'une foule de boutons à l'ergonomie discutable. Sur la console centrale apparaît une molette permettant de sélectionner l'un des quatre modes de conduite. Et c'est à peu près tout pour les changements ! Pour le reste, l'habitacle d'une Classe S est plus que jamais un cocon qui vous abrite du monde extérieur derrière un épais double vitrage. Les opulents fauteuils se règlent électriquement dans toutes les directions imaginables, avec des coussins gonflables pour s'adapter à toutes les morphologies et maintenir le corps dans les virages. À l'arrière, on oscillera suivant la configuration entre opulence et décadence, le summum étant atteint avec le siège « Executive » pour l'occupant de la place du maître, à l'arrière droit : un fauteuil façon classe affaires qui s'incline jusqu'à 43 degrés, avec repose-pieds et support pour les jambes. Même mon mètre quatre-vingt cinq y est à son aise ! Idéal pour une petite sieste entre le jet privé et la suite du Martinez.
Vis ma vie de jet-setteur
Insonorisation feutrée, peut-être, mais à la mise en route, l'échappement Performance AMG se fait bien entendre ! Un utile rappel que, non, cette Classe S n'est pas une « banale » limousine. Pourtant, malgré son gabarit XL (le XXL étant réservé à la Maybach, avec ses 5,46 m de long !), la S 63 se révèle étonnamment maniable. Ultra-douce, la direction est également capable d'assurer un diamètre de braquage de 12,3 m, plus qu'honorable pour un tel engin. La boîte égrène ses rapports sans l'ombre d'un à-coup, tandis que le ronron du moteur se fait discret. Les palmiers de la Croisette défilent, se reflétant sur l'interminable capot et l'étoile chromée qui scintille à son extrémité. La vie est douce et belle ! Enfin presque, car on note quelques trépidations de suspensions sur certains défauts de la route abordés à basse vitesse. En même temps, choisir une S 63 pour flâner devant les palaces cannois, c'est un peu comme affréter un A380 pour faire son trajet domicile-travail : c'est classe, mais ça ne sert à rien. D'autant que, on l'a dit, cette nouvelle version en a sous le capot. Le récent V8 4.0 biturbo AMG remplace ainsi l'ancien 5.5 biturbo, avec une puissance qui progresse (612 ch au lieu de 585) et un couple maintenu malgré la cylindrée en baisse : 900 Nm, excusez du peu, obtenus néanmoins 500 tr/min plus haut qu'auparavant. Alors on règle le GPS sur le Col de Vence, et on file !
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Surnaturelle !
Entre les deux, une petite portion de l'A8 permet de confirmer les (très) bonnes dispositions autoroutières de cette « über-Classe S ». L'insonorisation est ultra-feutrée, la tenue de cap impériale, et les accélérations en sortie de péage donnent le tournis. Quant aux différents assistants à la conduite, il permettent une semi-autonomie en maintenant la voiture dans sa voie, mais aussi en ajustant automatiquement la vitesse en fonction des limitations ou de la courbure des virages. L'impressionnante quiétude qui règne à bord permet de profiter à fond de la sono Burmester, fournie de série, s'il vous plaît ! Mais cette étape autoroutière est vite terminée. Voici Cagnes, Saint-Paul puis Vence, et enfin la D2 tant attendue qui mène au col, quelque 650 m plus haut. Autant le dire tout de suite, sur ce terrain de jeu pourtant pas du tout adapté à ce genre de voiture, la S 63 épate ! Bien évidemment, le punch du V8 catapulte la bête vers le prochain virage sans effort, et donne le sentiment d'effacer les déclivités. La boîte de vitesses se montre très rapide et propose même une fonction « launch control » particulièrement impressionnante. Quant au freinage, il se montre incroyablement endurant vu la tâche titanesque qui est la sienne ! Mais le plus étonnant dans tout ça, ce sont encore les sensations procurées par le châssis. Par rapport à la précédente S 63, qui isolait totalement le conducteur de la route, cette nouvelle génération marque un gros progrès. La direction semble plus précise. Le train avant apparaît plus incisif, sans doute l'effet du recentrage des masses lié à l'adoption du nouveau « petit » V8. Quant au roulis, il est totalement neutralisé par les suspensions, qui conjuguent des ressorts pneumatiques avec des amortisseurs pilotés. Des liaisons au sol high-tech qui parviennent à préserver le confort en toutes circonstances, même dans le plus extrême mode « Sport+ ». La quadrature du cercle, facturée près de 200 000 € tout de même !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation