Essai MERCEDES ML 63 AMG
David Lamboley le 14/12/2009
Imaginez le cocktail : prenez un des plus gros moteur de chez Mercedes-AMG, ajoutez une bonne pincée de luxe ostentatoire et servez le tout - on the rocks - dans un gros châssis de SUV. Voici le ML 63AMG…
Présentation
Cinq-cent dix chevaux, un V8 « big block » cubant 6,2 litre que ne renierait pas une Corvette, plus de 2,3 tonnes sur la bascule, un 0 à 100 km/h revendiqué en 5 secondes - soit peu ou prou une performance de GT telle la Porsche 911 Carrera ou l'Aston Martin DB9 - et un tarif de 120 600 euros : voici l'un des SUV de série les plus puissants et les plus performants du monde, le Mercedes ML 63 AMG. L'énoncé des caractéristiques de ce monstre laisse bouche bée, tout comme le look façon Guerre de Etoiles. Les sangsues de la file de gauche on trouvé leur maître ! L'extravagance est de mise, dehors comme dedans.
Mariage improbable d'un des V8 les plus sensationnels du moment, le fameux bloc 100% AMG, déjà présent sur les Classe C, Classe E, S, CL ou SL, parmi d'autres, et d'un châssis à priori peu sportif, mais bien évidemment retravaillé dans le bon sens, le ML 63 AMG est un formidable exercice de style qui a de quoi faire frémir les passants, la concurrence et votre banquier. Pourtant, il reste un gros SUV de luxe utilisable au quotidien, mais il est vrai conjugué au superlatif. On pense notamment à la consommation gargantuesque, plus de 25 litres aux cent kilomètres sans trop forcer. Alors oui, il faut pouvoir assumer un engin de cette trempe et affronter le quidam, outré - et sûrement un peu jaloux - d'une telle débauche !
C'est vrai que le ML 63 AMG n'a pas vraiment une gueule d'ange. Ce serait même le contraire. La face avant spécifique, très massive, semble vouloir avaler tout ce qui passe à sa portée, les ailes hypertrophiées cachent des roues de 21 pouces, véritables bottes de 7 lieues, alors que la partie arrière annonce clairement la couleur avec sa quadruple sortie d'échappement : il va y avoir du sport !
Dans notre environnement autophobe où seuls de faibles rejets de CO2 sont synonymes de noblesse, on peut à nouveau saluer Mercedes pour avoir été au bout de cette démarche sportive en proposant, dans chaque gamme, un produit d'exception siglé AMG. Le Mercedes ML, à priori, n'était pas vraiment destiné à accueillir une mécanique de course affichant 510 ch, ne serait-ce que par ses dimensions : 4,81 m de long, 1,95 m de large, une carrure de container et plus de 2,3 tonnes sur la bascule, nous sommes aux antipodes de la barquette de sport !
Exercice de style absolument provocateur, le Mercedes ML 63 AMG est pourtant un engin capable de performances exceptionnelles malgré son gabarit. Les accélérations « velues » et les reprises canon, on les doit au V8 AMG hautes performances et « haute-couture », fabriqué à la main par une seule et même personne. Un véritable bijou qui fait de ce monstre un phénomène encore plus exclusif que le Porsche Cayenne Turbo.
Mais cette force brute cache également une vraie douceur. L'ambiance à bord -princière- et le châssis moelleux rappellent que le Mercedes ML est aussi un SUV de luxe tourné vers la famille. Bref, le cocktail ne manque pas d'agrément à condition de calmer ses folles ardeurs.
Mais c'est justement cette capacité d'accélération phénoménale et cette réactivité remarquable qui s'accordent mal à la relative douceur du châssis et à la masse très importante de l'ensemble. L'engin prend facilement du roulis, fait preuve d'inertie lors des changements de cap et n'est pas très à l'aise sur parcours sinueux à rythme soutenu. Il garde en revanche de belles aptitudes en tout-chemin, et ce malgré une monte pneumatique très typée route.
Finalement, le Mercedes ML 63 AMG est l'ultime interprétation du SUV. Décalé, impressionnant, remarquable, surpuissant et inutile dans notre paysage automobile. Il s'agit donc d'une véritable usine à sensations, un pied de nez indispensable pour oublier que les gros SUV puissants sont une espèce en voie de disparition…
Design extérieur et intérieur
Vous voyez Dark Vador ? Bon, alors disons que si le Mercedes ML 63 AMG était un personnage de fiction, il serait un parfait Dark Vador : noir, inquiétant, massif, puissant, taillé à la serpe. Et avec une grosse voix d'outre-tombe. La gueule béante fait frissonner, le bouclier avant, spécifique, est percé de toutes parts : il faut bien que le gros V8 respire. A l'arrière, c'est idem, avec un aspect pour le moins massif et quatre sorties d'échappement, ça en jette !
Les deux boucliers reçoivent, dans leur partie basse, un pseudo sabot protecteur chromé aussi classe qu'une grosse chaîne en argent sur un col roulé. Pour la discrétion, ce n'est pas gagné. Bien sûr, les roues de 21 pouces font presque « normales » dans un tel décor. Il a fallu quand même ajouter des extensions au niveau des passages de roues. On remarque au passage la signature 6.3 litre sur les ailes avant malgré la présence d'un 6.2 litre sous le capot, on y reviendra dans un instant. Oui, le Mercedes ML 63 AMG est un gros méchant, et ça se voit…un peu trop.
L'habitacle, lui, est traité dans le plus pur style Mercedes. Tout y est dans cette version phare, y compris d'excellents sièges enveloppants, qui maintiennent insuffisamment en virage, mais très confortables.
Mécanique, châssis
Alors, 6.3 litres ou 6.2 litres ? Le récent V8 entièrement conçu par AMG cube effectivement 6208 cm3. Alors pourquoi l'appeler 6.3 litres ? Ne cherchez pas plus loin, c'est du marketing en forme d'hommage à la fameuse 300 SEL 6.3 litres de 1968, première « super saloon » conjuguant un très gros moteur dans une caisse de berline. Cylindrée de l'époque : 6332 cm3.
Mais revenons à notre période moderne, ou plus exactement en 2005, année de la présentation du premier V8 entièrement conçu et réalisé par AMG, sans l'aide d'un quelconque bloc existant chez Mercedes. Depuis, toute la famille profite de ce 6.3 litres ! Un V8 dont les caractéristiques hors normes forcent le respect autant que sa méthode de fabrication artisanale : cylindrée à l'américaine « supercarrée » grâce à des chambres de 102,2 mm d'alésage pour 94,6 mm de course favorisant les hauts régimes, chemises des cylindres dotées d'un revêtement anti-friction, culasse à quatre soupapes par cylindres, distribution à calage variable, admission à flux piloté à tubulure en magnésium et…un rapport volumétrique impressionnant de 11,3 à 1.
Ce moteur tout aluminium, qui combine hauts régimes et cylindrée élevée, a propulsé ou propulse bon nombre de Mercedes AMG sous différentes puissances : coupé CLK (481 ch), SUV ML et R (510 ch), anciennes berlines Classe E et CLS (514 ch), limousine S et coupé CL (525 ch), Classe C (457 ch), SL (525 ch), nouvelle Classe E (525 ch) et la très prochaine SLS (571 ch). Ces différences de puissance s'expliquent en partie par quelques modifications périphériques dues à l'architecture des différents modèles (échappement, refroidissement…) mais aussi par une cartographie moteur un brin remaniée.
En ce qui concerne le Mercedes ML 63 AMG, les 510 ch sont développés à 6800 tr/mn, et les 630 Nm à 5200 tr/mn. Côté boîte, on retrouve la 7G-Tronic automatique, dotée d'une fonction de pseudo-double débrayage automatique accompagné d'un coup de gaz au rétrogradage. Alors forcément, quand la cavalerie déboule, le châssis de ce gros SUV paraît trop policé, trop inerte et trop moelleux pour tirer toute la force de la mécanique. C'est presque du gâchis. Côté confort, en revanche –merci la suspension pneumatique réglable- c'est royal. Oubliez donc les parcours sinueux et préférez l'autoroute. Sur ce terrain, rien le lui résiste.
Sur la route
Nous venons de l'évoquer, le châssis n'est « pas raccord » avec la mécanique. Tel est le problème d'un exercice de style comme le Mercedes ML 63 AMG, mais c'est aussi le cas du R 63 AMG : trop lourds, trop volumineux, avec un centre de gravité trop haut perché, bref, impossible pour le V8 de s'exprimer pleinement à bord de gros SUV de cette trempe.
Pourtant, connaissant déjà le ML dans ses versions plus sages, les progrès sont sensibles en termes de tenue de route à bord du 63 AMG. Cela est dû, bien entendu, à la monte pneumatique très généreuse (295 de large et ici 21 pouces), mais également à la gestion de la suspension pneumatique, plus ferme. La direction, qui a pourtant fort à faire avec une telle masse, s'en sort également avec les honneurs et permet un feeling minima.
Bref, côté châssis, il y a pire, surtout avec de telles caractéristiques mécaniques. Pour profiter pleinement de ce sumo, mieux vaut donc privilégier les grands rubans d'asphalte rapides, les autoroutes allemandes par exemple.
Au fait, nous avons évoqué les performances exceptionnelles de l'engin et sa masse impressionnante. Rassurez-vous, le freinage est du genre costaud avec des disques de 390 mm à l'avant et 365 mm à l'arrière. Les ralentissements n'ont rien d'exceptionnel dans l'absolu, mais à l'échelle d'un tel monstre, c'est presque un exploit !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation