Essai MERCEDES GLC 63 AMG S E Performance SUV
Walid Bouarab le 20/11/2023
Puissance record pour la catégorie, châssis hautement technologique, hybridation de pointe, le nouveau GLC 63 ne fait pas dans la demi-mesure quand il s'agit de performance et d'efficacité. En revanche côté émotions, il faudra repasser...
Sans concurrence
Quiconque s'est intéressé à la dernière Classe C de Mercedes-AMG connaît la chanson. Elle est triste, mais il faudra s'y faire. La bouillonnante allemande a perdu la moitié de ses cylindres, remplacés par une hybridation hautement sophistiquée et une puissance inédite à ce niveau de gamme. Même pirouette architecturale pour son frère le GLC 63 S E Performance. On retrouve donc bien une puissance de 680 ch, un couple effrayant calculé à 1020 Nm, et une machinerie très complexe dont les Allemands ont le secret.
Pour faire simple, un quatre-cylindres de 476 ch, emprunté à la petite A 45 AMG (avec l'ajout d'un turbo actionné électriquement), prend place sous le capot et travaille avec une boîte automatique à 9 rapports. Sur l'essieu arrière, un moteur électrique (150 kW) alimenté par une petite batterie de 6,1 kWh dispose lui aussi de sa boîte 2 vitesses. Mais sa position est uniquement dictée par l'équilibre des masses. Il n'alimente pas l'arrière-train de ce GLC directement, son couple étant lui aussi renvoyé au différentiel du système 4MATIC+. Ce GLC boosté dispose aussi d'une autre machine électrique, mais elle ne sert que d'alterno-démarreur, pour lancer le quatre-cylindres au décollage. Ajoutez à cela un nombre important de modes de conduite, et des configurations individuelles multiples pour les différents éléments, et vous obtenez là une voiture de geek idéale.
Des performances de supercar
Reste que la surenchère technologique ne peut cacher l'éléphant au milieu de la pièce. On ne va pas tirer sur l'ambulance, mais ne craignons pas en revanche d'enfoncer des portes ouvertes. Non, un quatre-cylindres, aussi sophistiqué soit-il, ne sonnera jamais aussi juste qu'un V8. Même avec un amplificateur d'ondes qui réussit de vous en mettre plein les oreilles via les haut-parleurs. La sonorité ne crie pas victoire à bord du SUV allemand. C'est monotone et pas vraiment envoûtant. Plus étonnant, une « simple » Classe A 45, certes homologuées il y a quelques années maintenant, semble plus hargneuse dans ses montées en régimes, et sa ligne d'échappement pétarade davantage.
A cela s'ajoute un comportement mécanique volontaire, mais qui ne vous hérisse pas les poils à l'escalade du compte-tours. Avec une telle cavalerie en revanche, le Mercedes-AMG GLC 63 S met tout le monde d'accord sur le chrono : seulement 3,5 secondes pour atteindre les 100 km/h et une vitesse de pointe bridée à 275 km/h. En sensations, les repères sont déplacés. Mais l'imposant SUV n'est pas la grosse brute épaisse que cette fiche technique laisse imaginer. Il propulse façon raz-de-marée plus qu'il ne catapulte (un savoir-faire encore réservé aux 100 % électriques). Cette impression est probablement renforcée par l'univers de son habitacle luxueux, technologique et finalement éloigné de ce qu'il se passe à l'extérieur.
Attention à la masse
Diaboliquement véloce, mais finalement ouaté, le GLC 63 S E Performance s'appuie sur un châssis tout aussi technologique pour défier les lois de la gravité. Sa direction change ses paramètres en fonction des réglages choisis, sa suspension pilotée et les barres anti-roulis actives contrecarrent le moindre effet de tangage et ses roues arrière directrices offrent un deuxième essieu plus engageant. La transmission intégrale 4MATIC+ propulse dans la majorité du temps, n'envoyant du couple à l'avant que sur nécessité. Chaussé avec de performants Michelin Pilot Sport 4 SUV, le GLC offre de toute façon un grip remarquable, surtout que notre essai s'est déroulé sous les meilleurs auspices.
Le lourd SUV allemand sait imposer un rythme franchement rapide, sans jamais perdre en stabilité. Prompt à changer de cap rapidement et efficacement, il repousse loin les limites du sous-virage. Quand l'avant rend les armes, la transmission efficace sait envoyer le couple où il faut pour que l'arrière soit plus conciliant. Attention toutefois sur le mouillé, où cette sensation d'agilité importante pourrait envoyer les mauvais signaux. A plus de 2300 kg, l'inertie est forcément sensible. D'autant plus que ce GLC armé jusqu'aux dents n'est pas du genre communicatif.
Autre grief, la transmission : la boîte automatique à 9 rapports fait le job dans la majorité des circonstances. Mais plus on lui en demande, plus elle semble s'emmêler les pinceaux. Rétrogradage tardif sur les freinages appuyés, passages de rapport pas vraiment éclairs et palettes au volant souvent inutilisables par peur de trop faire souffrir la mécanique... Bref, on a déjà vu moins frileux.
Le freinage quant à lui, assure le service minimum. Une rapide descente de col a suffi pour fortement rallonger la course de la pédale, rien d'étonnant (un système carbone-céramique est disponible en option). Mais c'est plutôt la sensation de cette dernière qui perturbe. Elle demande une certaine force, sans réellement offrir une sensation de mordant sur les premiers centimètres de course, et le feeling est quasi-inexistant.
Comme toutes les AMG « branchées », le GLC 63 S ne profite pour de son hybridation pour se racheter une conduite mieux pensante par les temps qui courent. Sa pile et son moteur électrique ne sont là que pour service les performances. En témoignent la taille modeste de sa batterie et sa faible endurance en tout électrique (12 km). Mercedes dit s'inspirer de la F1 avec sa technologie E Performance dont la stratégie vise à exploiter au maximum la batterie (charge et décharge rapide). Une stratégie agressive que l'on a pu facilement exploiter sur route. Quelques freinages vigoureux ont suffi à remplir cet accumulateur déchargé de moitié. Le GLC 63 profite ainsi de son boost électrique en permanence, et sans aucun signe de surchauffe. Mercedes démontre là-encore une excellente maitrise de sa technologie de pointe. Pour le reste, on retrouve toutes les qualités du GLC avec son habitacle et son coffre spacieux, son interface numérique généreuse et réussie. Même le confort, pourtant handicapé par des jantes de 20 pouces, s'est montré au-delà des attentes. Quant au tarif, il reflète parfaitement cette surenchère.
À retenir
—
20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation