Essai MERCEDES EQE AMG 43 4MATIC+ SUV

Contrairement à son grand frère EQS, l'EQE SUV profite du traitement d'Affalterbach. Comprenez que les ingénieurs d'AMG se sont penchés sur son cas pour pimenter une recette qui, en version classique, manquait clairement de sel. Le SUV allemand 100 % électrique double par ailleurs la dose avec deux déclinaisons. Avec ses 476 ch, notre version d'essai (la 43 4MATIC) n'est déjà pas du genre à trainer en route. Mais avec 625 ch et presque 1000 Nm de couple, la 53 4MATIC+, entre dans une autre sphère de performances. En atteignant les 100 km/h en seulement 4,3 secondes, la première est déjà plus que suffisante au quotidien, même pour allumer tout le monde au feu vert. L'EQE SUV tient toute ses promesses pour une électrique aussi puissante, aussi lourde soit elle. Il n'a aucun mal à faire oublier les 2,6 tonnes de la bête avec des accélérations éclairs, qu'il arrive à conserver même à des vitesses déjà élevées. Pour faire la blague, Mercedes propose, à l'instar de BMW ou Porsche, des ambiances sonores distinctes qui offrent le choix entre plusieurs « bruits » d'accélération. Dans la pratique, cela amuse quelques fois, avant de devenir finalement agaçant à la longue.

Mais l'EQE SUV, dans cette version AMG 43, n'est pas uniquement un excellent sprinteur. Il profite de trains roulants revus, avec une suspension pilotée dont les réglages ont été raffermis, et de roues arrière directrices qui servent aussi bien l'agilité que la maniabilité de ce beau bébé. Toujours rassurant, jamais déstabilisé en appui par son centre de gravité haut et sa masse importante, l'Allemand est du genre impérial sur les grandes courbes. Son amortissement rigoureux, que l'on peut configurer selon plusieurs modes, parvient toujours à maintenir l'EQE droit sur ses gommes, tout en absorbant efficacement les cahots de la route. Si cette dernière tournicote davantage, le Mercedes EQE SUV met tout en œuvre pour affronter les lois de la physique. Sa direction envoie des injections promptes au train avant qui parvient à réagir suffisamment rapidement. La calibration est suffisante en mode Sport, mais ne devient pas plus communicative pour autant. Reste à faire confiance à une machinerie bien née et capable d'un dynamisme surprenant pour un tel engin. Efficace, avec une inertie relativement maitrisée, l'EQE en version AMG sait presser le pas de manière redoutable. Peut-on encore parler de sensations ? C'est une question de goût. Et surtout, ne tirons pas sur l'ambulance. Une version AMG de GLE par exemple, est autrement plus communicative avec son V8 biturbo, et subit un peu moins les effets du poids. L'EQE SUV 43 AMG doit composer avec une époque nettement plus exigeante, qui réclame une excellence dans l'exécution tout en conservant un niveau de prestation digne du blason.

Et pour le reste, cette version sportive arrive à conserver tout l'intérêt du SUV familial de luxe. Spacieux, très confortable avec sa suspension pilotée très bien calibrée et équipé comme une limousine, l'Allemand impressionne également par son contenu technologique. Le conducteur est très assisté par un nombre certes important d'alertes, mais il faut reconnaître la pertinence de ces technologies. Même l'aide au maintien de file, habituellement très agaçant, sait ici se faire oublier et reste discret dans ses interventions. L'attention du conducteur surveillée, la navigation par réalité augmentée et tout le système de monitoring de l'autonomie offrent une belle quiétude à bord. D'autant plus que l'insonorisation très poussée permet de contenir les bruits de roulement des énormes gommes du modèle. Si l'intérieur impressionne également par la présence de l'Hyperscreen qui transforme toute la planche de bord en écran, et de l'éclairage d'ambiance très présent, quelques plastiques font regretter une période où les intérieurs Mercedes étaient irréprochables. C'est le cas notamment du GLE récemment restylé. Un reproche qui vaut d'autant plus ici que cette version AMG 43 4MATIC+ est facturée 133 600 € avant la moindre option.

Enfin, côté électromobilité, cet EQE survolté conserve la batterie de 90 kWh de ses frères de gamme. De quoi forcément afficher une autonomie moindre avec « seulement » 476 km d'autonomie annoncée, contre plus de 600 pour le plus endurant des EQE. Certes, la priorité mènera au choix pertinent pour l'acheteur. Mais un SUV électrique familial qui se présente comme potentielle unique voiture du foyer, doit avant tout annoncer une autonomie convaincante. Heureusement, Mercedes maitrise toujours l'art de la recharge. Ici, nul besoin d'une plateforme de 800V capable d'encaisser 350 kW de puissance. L'EQE mise avant tout sur une courbe de charge plus constante. Le pic de 170 kW est en effet rapidement atteint sur toutes les charges effectuées, et l'EQE sait encore encaisser plus de 100 kW passé les 70/80% de batterie. Une belle performance qui permet par ailleurs de limiter la durée des arrêts à la borne.