Essai MERCEDES CLS 63 AMG
David Lamboley le 21/02/2011
En démocratisant le concept du coupé à quatre portes, Mercedes a créé un véritable segment en pleine croissance. Qu'importe, le CLS deuxième mouture s'émancipe et se veut plus percutant, notamment dans sa nouvelle version AMG très affûtée.
Présentation
Lorsque l'on est suivi de près par des ennemis féroces, rien de tel qu'un gros coup de boost pour distancer la meute. C'est en substance la méthode qu'a appliqué Mercedes à travers sa nouvelle locomotive, le CLS 63 AMG, qui vient coiffer la nouvelle génération CLS, apparue il y a quelques mois.
Révélé en 2004, le « coupé » à 4 portes Mercedes a remis au goût du jour un concept loin d'être nouveau, puisqu'il est apparu en série au début des années 60. La grande berline effilée, basée sur une "simple" Classe E, est cependant vite plébiscitée par un public épris d'exclusivité.
Suivent les incontournables versions préparées par AMG, le sorcier d'Affalterbach : AMG 55 (V8 5.5 litre à compresseur, 476 ch), puis AMG 63 (V8 6.2 litre atmosphérique, 514 ch). Aujourd'hui, cette dernière appellation est reprise en éludant comme par le passé toute correspondance logique sur le tout nouveau CLS 63 AMG, malgré l'abandon du gros bloc atmosphérique de 6.2 litre 100% AMG !
Ainsi, le récent V8 « 63 », basé sur un bloc Mercedes existant, ne cube « que » 5.5 litre, mais bénéficie d'une paire de turbocompresseurs soufflant à 1 bar. Ce bloc « M157 », accouplé à la boîte automatique à 7 rapports MCT, développe 525 ch et 700 Nm dans sa version normale, voire 557 ch et 800 Nm avec le pack Performance ! On comprend mieux la présence de l'emblématique arbre fruitier sur le blason d'AMG, ex-préparateur capable de nous faire frémir avec des niveaux de puissance à tomber dans les pommes !
La CLS 63 AMG, c'est le grand frisson garanti pour environ 116 000 euros.
Design extérieur et intérieur
Lorsque le Mercedes CLS première mouture a été commercialisé il y a plus de six ans, certains ont crié au génie, alors que le concept de berline-coupé, ou coupé à 4 portes, n'était certainement pas nouveau à l'époque. Parmi les modèles les plus emblématiques produits en série, les amateurs du genre se souviendront de la Rover P5 Coupe de 1962, probablement une des plus connues du genre.
Aux Etats-Unis, la rarissime Avanti LTS (Luxury Touring Sedan) de 1990, ou la Saturn SC2 (à trois portes !) et Saturn Ion Quad Coupe, apparaissent justement nettement plus « coupés » que berlines. Récemment, la Mazda RX8 aux portes antagonistes, ainsi que les Volkswagen Passat CC, Audi A5 Sportback, Audi A7, ou la superbe Aston Martin Rapide, par exemple, ont grossi les rangs de cette caste assez particulière à la croisée des genres.
Mercedes, qui voit déjà plus loin avec le lancement d'un shooting break CLS à 4 portes en 2012, se devait de réagir face à l'élargissement du club. Le nouveau CLS, révélé il y a quelques mois, préserve à la fois la classe du modèle précédent tout en affichant des traits plus acérés, en un mot, une musculature plus bestiale, comme taillée dans un roc.
La nouvelle face avant au museau proéminant, ainsi que les galbes généreux de sa croupe ou l'arête vive soulignant les flancs rappellent parfois des traits présents chez d'autres modèles Mercedes mais marquent pourtant la véritable émancipation stylistique du CLS. Cette version AMG 63 se distingue d'abord extérieurement par un bouclier avant plus proéminant intégrant des ouvertures agrandies et une calandre à une seule barette horizontale, façon SLS.
Le bouclier arrière, lui aussi réservé à cette version AMG, se reconnaît à ses quatre tuyères d'échappement à travers lesquelles le V8 biturbo crache ses tonitruants borborygmes aux accents américains. N'oublions pas les jantes spécifiques ou le petit aileron surplombant la malle, plutôt discret.
L'habitacle, que l'on peut à la demande choisir cosy avec des placages en bois ou plus « techno » selon les revêtements choisis, ressemble beaucoup à celui des autres CLS.
Les sièges et le volant sport, ainsi que le bloc d'instrument spécifique, renseignent pourtant discrètement sur le caractère de ce monstre de puissance. On remarque également ce détail, un pommeau de commande de boîte revêtu de cuir sur lequel est gravé le blason d'AMG : le pommier, la came et la soupape, afin de rappeler que la maison mêle avec bonheur tradition, technologie et performance.
Mécanique et châssis
Côté moteur, exit le bloc atmosphérique de 514 ch, même si l'appellation CLS 63 AMG prête à confusion. On ne trouve plus l'ancien joyau mécanique entièrement conçu par AMG (M 156), mais le nouveau V8 5.5 litre biturbo déjà présent sous les capots des Classe S et CL 63 AMG. Rappelons que cette force de la nature a pour base le V8 4.7 litre biturbo « M278 » implanté notamment sous le capot de la Classe S 500, qui devient « M157 » après passage chez AMG. Vous suivez ?
L'alésage et la course progressent ainsi pour atteindre une cylindrée de 5461 cm3. La pression de suralimentation, elle, passe de 0,9 à 1 bar, voire 1,3 bar sur la version Pack Performance. Contrairement au V8 atmosphérique de l'ancienne CLS 63 AMG, ce bloc « propre », malgré sa cylindrée généreuse et son niveau de puissance, échappe à la surtaxe frappant les moteurs les plus gourmands aux Etats-Unis (Gaz Guzzler Tax), soit ceux dépassant 10,5 l/100 km en moyenne.
Un atout sur l'un des marchés principaux de ce modèle.
La présence en série d'une boîte automatique à 7 rapports MCT, sans convertisseur de couple, ainsi que d'un système Stop/Start déconnectable lui permet d'afficher une consommation moyenne –sur le papier- de 9,9 l/100 km, soit selon Mercedes un gain de plus de 30% par rapport à l'ancien V8 6.2 litre. Un exploit au regard de la puissance.
Le nouveau V8 biturbo développe effectivement 525 ch et 700 Nm dans sa version « de base », ou 557 ch et 800 Nm avec le pack Performance. Différence principale entre ces deux versions, une pression de suralimentation relevée…et près de 8000 euros supplémentaires !
Côté châssis, les trains roulants ont fait l'objet d'optimisation chez AMG. Le train avant à ressorts en acier, spécifique, bénéficie d'une voie élargie de 24 mm par rapport à la CLS 500. A l'arrière, des combinés pneumatiques permettent de préserver une assiette constante quelque soit la charge. Le gros du travail, cependant, a porté sur l'élastocinématique nettement orienté vers le sport.
Le tarage variable de la suspension permet en outre plusieurs modes, du plus soft au plus dynamique avec, selon Mercedes, une fermeté accrue de 40% dans ce dernier cas. Notons également que pour améliorer encore la précision du train avant, la direction électro-mécanique à assistance variable est recalibrée.
En termes de sécurité, outre pléthore de systèmes et de sous-systèmes tirés du module ESP, notons un freinage surdimensionné doté de disques de 360 mm aux quatre roues, avec étriers à 6 pistons à l'avant et 4 à l'arrière. Attention, elle mord !
Enfin, parmi les options, l'autobloquant à 40% a retenu notre attention, ainsi que l'impressionnant système de freinage carbone-céramique (disques de 402 mm à l'avant et 360 mm à l'arrière) ou le « Driver's package », qui relève la vitesse maxi autolimitée à 300 km/h, avec participation à un stage de conduite. Comme quoi on peut être dingue de performances mais tout à fait responsable !
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Sur la route
Notre version d'essai, non dotée du pack Performance, développe rassurez-vous suffisamment de puissance brute pour malmener les cervicales et tenir tête, en termes de performances pures, à bon nombre de GT et de supersportives de haute volée.
Les 525 ch autorisent en effet, selon le constructeur, une accélération de 0 à 100 km/h en 4,4 secondes, et 4,3 secondes avec le gain de 32 ch hérité du pack Performance. Dans le même genre, seule la très talentueuse Porsche Panamera Turbo fait mieux (4,2 secondes, voire 4 secondes en optant pour le Sport Chrono Package) avec juste 500 ch et une masse accrue par la transmission intégrale.
Sur l'exercice du 0 à 100 km/h, le CLS 63 AMG vient toutefois titiller des monstres sacrés tels la Porsche 911 GT3 (4,1 secondes) ou l'Aston Martin DBS (4,3 secondes), il y a de quoi avaler son Vodka Martini de travers !
Bref, le CLS 63 AMG, c'est Schwarzenegger en smoking, un gros bâton de TNT joliment empaqueté : un uppercut monstrueux dans un froissement d'étoffe du point de vue du conducteur, un véritable dragster pour les spectateurs.
Difficile en effet de résister au plaisir de « faire le show » en accélérant façon burn-out puis de disparaître dans un écran de fumée, laissant le macadam marqué par quelques dizaines de mètres de gomme. Comment, également, ne pas jouer de la boîte, via les palette, pour apprécier la voix de baryton entre deux coups de gaz.
Et là, il faut l'avouer maintenant, la consommation moyenne réelle se situe plutôt au-dessus de 20 litres, voire nettement plus si l'on se prend au jeu. Ce qui est embêtant, c'est la contenance du réservoir, seulement 66 litres, ce qui ne permet pas un rayon d'action démesuré. La Panamera, elle, dispose de 100 litres !
Un bémol, encore, pour les amateurs inconditionnels de mécaniques atmosphériques, ce V8 5.5 litre biturbo n'égale pas les régimes de rotation dont était capable l'ancien V8 6.2 litre.
A la fois statutaire et ultra-performant, le CLS 63 AMG se laisse donc appréhender comme un gros jouet et consent à se faire mener à la cravache avec facilité. Il s'avère même étonnant de rigueur et d'agilité pour un tel gabarit –près d'1,9 tonnes tout de même- sur parcours sinueux, sans jamais se défaire de son bon confort.
Entre deux virages, la moindre pression sur la pédale de droite se traduirait mieux en termes balistiques : les deux turbocompresseurs soufflent la tempête, dedans comme dehors, et rehaussent encore de plusieurs crans le niveau d'adrénaline du conducteur, partagé entre le respect, la joie et l'excitation.
Le CLS 63 AMG est mort, vive le CLS 63 AMG !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation