Essai MERCEDES Classe S 63 AMG
Vincent Desmonts le 01/07/2014
Dans sa version 63 AMG, la Mercedes Classe S entend concilier un confort de limousine et des performances de supercar. De quoi en faire la berline sportive de référence ?
Limousine express
Habitacle immense, présentation opulente, confort douillet : la plupart d'entre nous se contenteraient largement de ces qualités de base de la Mercedes Classe S. Reste que pour une frange de la clientèle, disons un brin excentrique, cela ne suffit pas. Pour ceux-là, Mercedes décline donc sa Classe S en version 63 AMG ! Au programme, 585 chevaux sous le capot, près de 5,30 mètres de long... et un tarif supérieur à 180 000 €.
À ce niveau de délire, la concurrence se fait rare : BMW se refuse toujours à proposer une « M7 », tandis que l'Audi S8 doit se « contenter » de 520 chevaux. En réalité, les vraies rivales se nomment Bentley Continental Flying Spur V8 (625 chevaux et 193 000 euros) et Porsche Panamera Turbo S (570 chevaux et environ 200 000 euros) : une élite au blason ultra-prestigieux, l'anglaise mettant en avant sa présentation raffinée, l'allemande insistant sur ses performances de premier plan. Face à cette élite, quelle partition joue la Mercedes S 63 AMG ?
Imposant paquebot
Pas vraiment celle de la discrétion : difficile de passer inaperçu au volant de ce mastodonte, particulièrement lorsqu'il s'offre, comme notre modèle d'essai, une livrée noire intégrale, jantes comprises (des roues alliage AMG forgées mates de 20 pouces de diamètre, facturées 2 050 €), livrée qui fait ressortir les bas de caisse argentés. Pour couronner le tout, le grondement sourd du V8 biturbo résonne comme celui d'un gros bateau dans les rues et ruelles.
Dans le détail, la S 63 AMG se distingue par un bouclier avant spécifique largement ajouré (mais les prises d'air le flanquant sont factices) et une jupe arrière retouchée intégrant deux doubles sorties d'échappement. Enfin, des monogrammes « V8 BITURBO » et AMG viennent rappeler qu'il ne s'agit pas là de n'importe quelle Classe S. Petite précision : la S 63 AMG est disponible en carrosserie « courte » (5,16 mètres de long tout de même!), ainsi qu'en version Limousine, comme notre version d'essai, culminant à... 5,29 mètres !
Ambiance grand luxe
Inutile de préciser que dans ce dernier cas, avec un empattement atteignant 3,16 mètres, l'habitabilité est excellente. La banquette arrière est moelleuse, et l'on peut à loisir étirer ses jambes en se reposant sur l'énorme appuie-tête, recouvert d'un oreiller douillet. De quoi donner envie de s'abandonner à un petit somme ! Sur cette version Limousine, les sièges arrière sont ventilés et dotés de réglages électriques, et des stores permettent d'assurer l'intimité des passagers.
En option, il est possible d'installer un siège arrière droit façon classe affaires, inclinable jusqu'à 43 degrés et doté d'un repose-pieds (1 150 €), ou encore deux fauteuils séparés par une console centrale (1 400 €). Les écrans vidéo de 10 pouces reliés à un lecteur DVD de notre modèle d'essai sont pour leur part facturés la modique somme de 2 900 €.
Des touches AMG très discrètes
Mais s'il est une Mercedes Classe S qui se destine à être souvent conduite par son propriétaire, c'est bien cette S 63 AMG. En s'installant à la place de « Firmin », on est surpris : la présentation se différencie peu de celle des autres Classe S. Les placages en fibre de carbone sont généreusement saupoudrés dans tout l'habitacle, mais ils sont en option (à 4 200 € !), et les éléments spécifiques AMG se résument à un logo gaufré sur le cuir de l'accoudoir central, un badge AMG sur le volant, une montre analogique IWC au milieu des aérateurs centraux, et un logo AMG sur l'instrumentation digitale.
La S 63 AMG se passe notamment du sélecteur de mode de conduite habituellement proposé sur les modèles préparés par les sorciers d'Affalterbach, et ne propose que deux boutons pour piloter les réglages de la boîte automatique et de la suspension pneumatique Airmatic.
Gant de velours...
Pour autant, n'allez pas croire que cette S 63 soit une AMG au rabais ! Sous son vaste capot se tapit en effet le V8 « M157 » désormais largement répandu dans la gamme du préparateur officiel de Mercedes. Ce bloc de 5,5 litres biturbo à injection directe doté d'un échangeur air/eau développe pas moins de 585 chevaux, et 900 Nm de couple de 2 250 à 3 750 tr/min. Il est associé à la boîte AMG Speedshift MCT-7, qui offre sept rapports et un système d'embrayages multidisques en lieu et place du traditionnel convertisseur de couple. Enfin, la puissance est transmise soit uniquement aux roues arrière (sur la S 63 AMG « courte »), soit aux quatre roues (sur la version Limousine).
Au démarrage, l'échappement sport émet le rugissement désormais traditionnel des Mercedes-AMG, mais dans une version légèrement plus discrète, preuve qu'il s'agit là d'un fauve bien élevé. D'ailleurs, menée aux rythmes usuels, la S 63 AMG fait preuve du savoir-vivre qui sied à une limousine de son rang. Le confort de la suspension pneumatique Airmatic – doublée d'un amortissement piloté – est très bon (malgré quelques trépidations à basse vitesse), l'insonorisation est remarquable, si bien que les occupants des places arrière auront tôt fait de s'assoupir, bercés par la sono Burmeister 3D-Surround de 1 540 watts (6 250 €).
Pour le conducteur, la douceur extrême des commandes et la souplesse hors du commun du V8 sont les meilleurs relaxants, même si les manœuvres ne sont guère facilitées par la maniabilité de porte-avions de la Classe S AMG. Elle réclame ainsi 12,5 mètres entre trottoirs pour effectuer un demi-tour, soit deux bons mètres de plus que des modèles « plébéiens ».
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...main de fer !
Néanmoins, pas besoin d'être extra-lucide pour deviner qu'un monstre se cache derrière cette façade de respectabilité. La moindre pression sur l'accélérateur, « histoire de décrasser les bougies », se traduit immédiatement par une poussée aussi progressive qu'inexorable vers l'horizon. La Mercedes S 63 AMG vous catapulte, mais sans jamais froisser votre chemise ni faire tomber la cendre de votre cigare. Même la sonorité du V8 se fait discrète. Cette limousine déjantée parcourt le 0 à 100 km/h en 4 secondes tout rond, et atteindra sa bride électronique, fixée à 250 km/h, avec une déconcertante facilité. Du point de vue du conducteur, la S 63 AMG délivre des sensations incongrues. Les performances sont flagrantes, mais l'impression qui se dégage au fil des kilomètres est celle d'être un simple spectateur de l'événement.
En effet, le châssis – très efficace au demeurant – s'échine à vous isoler de la route, esprit limousine oblige. La suspension pneumatique Airmatic filtre parfaitement les inégalités du bitume à haute vitesse, tandis que la direction reste toujours très douce, un poil trop pour offrir de vraies sensations. En clair, on éprouve peu de gratifications à hausser le rythme. La S 63 AMG est simplement une machine très efficace pour réduire les distances et les temps de parcours en toute sérénité. Un positionnement cohérent en Allemagne, paradis de la vitesse libre, mais un peu moins pertinent au pays des radars qu'est devenu notre belle France...
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation