Essai MERCEDES Classe R
Jean-François Destin le 06/09/2005
Avec la Classe R, Mercedes a frappé fort dans un créneau «haut de gamme» où la marque excelle.
Présentation
Après la Classe A, le ML 4X4, la berline CLS aux allures de coupé et récemment la Classe B, DaimlerChrysler invente à nouveau une race d'automobiles. Dérivée de la Vision R dévoilée au Mondial de Paris, la Mercedes Classe R 4X4 se situe entre le break de prestige et le monospace «premium» 6 places. Un vaisseau de luxe et de raffinement s'étirant sur 5.15m, soit la dimension de la nouvelle Classe S dans sa version «limousine» ! Que les européens se rassurent, la Mercedes Classe R, d'ici à sa commercialisation prévue en janvier 2006, saura s'adapter à l'échelle de la vieille Europe en proposant une version courte (!) à 4.92m.
Méritant tous les superlatifs pour son design élégant, son habitacle immense, luxueux et ouaté et son équipement princier, la Mercedes Classe R, reposant sur la plate-forme allongée du nouveau ML, semble faire fi des préoccupations liées à la pénurie énergétique qui nous guette. Pour dynamiser les 2.3 tonnes de son modèle XXL, Mercedes, dans un premier temps, fait appel à un V6 3.5l de 272 chevaux ou à un V8 de 306 chevaux. Malgré leurs raffinements technologiques, ces deux moteurs high-tech associés à une boite automatique à 7 rapports et à une transmission intégrale réclameront entre 15 et 20 litres de carburant aux cent. «Mais ils respectent les normes anti-pollution en vigueur» s'empressent de préciser les motoristes.
Au Salon de Francfort 2005 est attendue une Classe R courte moins gourmande équipée du 6 cylindres diesel 3.2 de 204 chevaux. Un modèle bien adapté au marché français en attendant d'autres diesel plus puissants.
De notre prise en mains effectuée sur des routes suisses, nous ne tirerons pas de jugement définitif, les Mercedes Classe R essayées venant de l'Illinois étaient réglées pour le marché US. Notamment au niveau de la suspension. On retiendra cependant son étonnante agilité (en regard du gabarit et du poids), son confort mais aussi un freinage manquant de mordant.
Encore sans concurrence, la Mercedes Classe R devrait être affectée de tarifs supérieurs de 10% à ceux du nouveau ML à motorisations correspondantes. Soit de 56.000 € pour le R 320 CDI à 73.000 € pour le R 500.
Design
Du jamais vu. C'est vrai à la fois par ses dimensions exceptionnelles et pas son traité stylistique jouant avec les surfaces concaves et convexes. L'avant dégage un lien de parenté fort avec la face avant de la récente Classe B. Un effet d'optique car le dessin des phares au verre transparent, du capot et du bouclier en position basse est différent. Mercedes a réussi à rendre élégante et sportive une silhouette qui s'étire sur 5.15m et s'avère plus large de 6 cm (!) que celle de la nouvelle Classe S. Pas plus haute qu'une Classe B, la Mercedes Classe R nous fait découvrir un profil magnifique souligné par des vitres en arc de cercle. Pas banale non plus la découpe du haut du hayon et son becquet aérodynamique et le cintrage de la vitre de custode.
A noter encore le pli réussi reliant le haut des feux et au passage de roue avant au rebord biseauté. Tout en fait a été pensé pour cacher le gabarit important du véhicule et le rendre le plus fluide possible. Un détail parmi d'autres le montre : les feux allongés vers l'arrière sur les flancs qui contribuent à réduire visuellement le porte-à-faux pourtant pas déraisonnable.
Habitacle
L'objectif du Mercedes Classe R est de proposer à 6 personnes un transport princier. Dans une enveloppe de 5.15m de long, cela paraît facile. Mercedes a cependant bien occupé l'espace notamment avec l'installation des sièges de la troisième rangée de telle sorte que ces derniers ne soient pas seulement destinés à des enfants ou des adolescents. Nous en avons fait l'expérience, deux adultes trouvent leur aises (notamment au niveau des jambes même si l'angle aux hanches ne conviendra pas lors de très longs parcours.
La retombée légère du pavillon permet de ne pas avoir à se tasser sur le siège, la garde au toit de 946 millimètres étant proche de celle de la deuxième rangée (1027 mm). L'accès à l'extrême arrière reste correct grâce au système «Easy Entry» et les quatre sièges arrière se rabattent, ceux de la troisième rangée s'avançant tout en s'enfonçant dans le plancher. Résultat : une surface plane de plus de 2.20m de long.
Le volume disponible atteint alors 2385 dm3 soit presque celui d'une petite camionnette et 1067 dm3 avec la deuxième rangée occupée. Il conviendra de revoir ces données dans la version courte de 4.92m.
La Mercedes Classe R répond évidemment aux références de luxe et de prestige de la gamme haute Mercedes avec entre autres une planche de bord cossue et valorisante partagée par une magistrale console centrale à la largeur record. Sa partie supérieure assortie de bois précieux supporte l'écran de navigation et d'informations, les multiples commandes de chauffage et les interrupteurs liés à la suspension, l'ESP et les sièges chauffants.
Cuir, bois précieux, alu mat ou brillant alternent pour offrir un intérieur de bon goût. La finition nous a paru d'un très bon niveau sur ces modèles de pré-série américains sans pour autant atteindre celle d'une A8.
Châssis
La Mercedes Classe R emprunte près de 40 % de composants au récent Classe M 4X4 : les moteurs bien sûr mais aussi la transmission, le système 4Matic et la plate-forme dans une redéfinition allongée. Il s'agissait bien entendu pour Mercedes de réaliser des économies d'échelle. Comme le M, les R courts et longs sont assemblés aux Etats Unis en Alabama. Tout est fabriqué sur place. Seuls les moteurs et la boite viennent d'Allemagne.
Avec des voies larges, un empattement dépassant allègrement les 3 mètres et des essieux de conception nouvelle, le break/monospace 6 places Premium de Mercedes bénéficie de liaisons au sol optimisées. L'essieu avant à double bras transversaux et l'essieu arrière à quatre bras travaillent en parfaite harmonie pour offrir tenue de route et confort.
Cette association se révèle encore plus évidente par la présence (en option) d'un système de suspension pneumatique à l'arrière. Asservi à la vitesse, il abaisse la caisse de 20 millimètre au delà de 120 km/h (bon pour l'aérodynamisme et la consommation) et le ramène au niveau normal en dessous de 60 km/h. A faible vitesse (en dessous de 40 km/h) sur terrain difficile, le conducteur, à partir d'un bouton, peut rehausser l'assiette de 50 mm. L'amortissement adaptatif «Skyhook» réagit automatiquement selon 4 lois mais le pilote peut, là encore, intervenir en choisissant «sport» ou «confort».
Moteur
Au lancement, la Mercedes Classe R reçoit des moteurs connus. En essence le V6 3.5l de 272 chevaux et le V8 5 litres de 306 chevaux. En diesel, le 3 litres common-rail suralimenté de 224 chevaux qui devrait constituer l'essentiel des ventes en France en caisse courte.
Toutes ces mécaniques fonctionnent avec la récente boite automatique à 7 rapports 7G-Tronic. Copiant sur BMW et la Série 7, les ingénieurs ont repris la commande sur la colonne de direction derrière le volant. Ce déplacement permet de libérer l'emplacement sur la base de la console centrale mais se révèle peu pratique à l'usage. Des mini-palettes dissimulées derrière le volant donnent la possibilité de changer soi-même de rapport mais rapidement, on revient à l'automatisme intégral.
Sur la route
La découverte du Classe R génère le respect. Une longueur hors normes et en même temps une fluidité du profil qui rend la silhouette élégante, presque légère. S'installer à bord interpelle également par le volume offert, une largeur inhabituelle et une immense planche de bord haut de gamme séparée par une console centrale de Boeing. En se retournant, la profondeur s'avère également exceptionnelle et il faudrait presque installer un circuit intérieur de téléphone pour converser avec les occupants de la troisième rangée.
En fait, il serait bien inutile car la version R 500 proposée aux essais bénéficiait d'une insonorisation très soignée. Il faut prêter l'oreille pour percevoir le velouté d'un V8 gourmand mais réactif à tous les régimes. Réglée souple pour le marché américain, la suspension assure un confort de limousine sans provoquer de roulis excessif en virage et la boite à 7 rapports s'en sort bien, même sur les routes tourmentées et encombrées de la Suisse.
Pour avoir attaqué comme au volant d'un petit roadster, nous avons été agréablement surpris de constater que cette imposante familiale de luxe ne devient pas sauvage voire rétive sous la contrainte. Seul le mordant de la pédale de freins nous a paru insuffisant pour rassurer le conducteur. Cependant, il faudra revoir la R en version courte, définition européenne, et sans suspension arrière pneumatique pour se faire une idée définitive. L'occasion aussi de tester le 320 CDI. Rendez-vous au début de l'année 2006.
Equipements
Il est trot tôt pour établir une liste précise des équipements de la gamme R importée en France au début de l'année 2006. Néanmoins, outre les équipements standard, les R comprendront en série les 6 airbags (frontaux, latéraux et rideaux), les capteurs d'impacts (activant les système de retenue en cas de choc), la climatisation régulée «Thermatic», l'allumage automatique des phares, la suspension pneumatique à l'arrière, le volant multifonction et les jantes en alliage de 18 pouces.