Essai MERCEDES C63 AMG Edition 507
Vincent Desmonts le 06/01/2014
Juste avant de quitter la scène, la Mercedes C 63 AMG s'offre un dernier coup d'éclat sous la forme de cette série spéciale Edition 507. Une version qui nous permet aussi de dire adieu au fabuleux V8 6.3 AMG...
Espèce menacée
Les connaisseurs le désignent sous son matricule officiel : M156. Pour les autres, c'est juste « le gros V8 AMG ». Apparu en 2006, ce 6,2 litres entièrement conçu par la division sportive de Mercedes est déjà en train de tirer sa révérence, poussé vers la sortie par le nouveau 5,5 litres biturbo « M157 », lancé sur la S 63 AMG restylée. Une retraite anticipée pour de sombres raisons d'émissions de CO2 trop élevées. Pensez donc, à peine 280 g/km... bande de rabat-joie !
Bref, aujourd'hui, seuls deux modèles Mercedes-AMG proposent encore ce V8 « 6.3 » : la très exclusive SLS AMG, promise elle aussi à une retraite prochaine, et la C 63 AMG, en berline, break et coupé, qui vit également ses derniers mois de commercialisation. Bref, tout ceci a des allures de fin de règne...
Transfert de technologie
Mais oublions la nostalgie le temps d'un essai, car l'exubérant V8 M156 n'est pas du genre à quitter la scène sur la pointe des pieds ! Pour lui rendre l'hommage qu'il mérite, Mercedes nous gratifie de cette C 63 AMG Edition 507, une série spéciale de la Classe C AMG déclinée en berline, break et coupé, et disposant d'une évolution à... 507 chevaux du V8 M156.
Une augmentation de 50 chevaux obtenue grâce à un « transfert de technologie » de la... SLS AMG, rien que ça ! Les pistons forgés sont ainsi hérités du V8 de la supercar à l'Étoile, tout comme les bielles et le vilebrequin allégé. Au passage, la masse de l'équipage mobile est réduite de 3 kilos, réduisant l'inertie mécanique. La préparation est complétée par une nouvelle boîte à air et un calculateur moteur reprogrammé.
La boîte automatique AMG Speedshift MCT-7 reste inchangée, avec toujours cette particularité de disposer d'un train d'embrayages en lieu et place du classique convertisseur de couple. Cette augmentation de la puissance s'accompagne de l'adoption de jantes alliage spécifiques à cette Edition 507, abritant des disques de freins « composites » (mêlant acier et aluminium) ventilés et perforés, mesurant 390 mm de diamètre à l'avant. De façon surprenante, le différentiel autobloquant est par contre facturé en option (2 300 €).
Vu la puissance, inutile de dire qu'il est fortement recommandé de choisir ce supplément ! Dernier détail, la bride de limitation de vitesse est relevée de 250 à 280 km/h, ce qui ravira sans doute les amateurs d'autobahn. Les évolutions techniques s'arrêtent là : pour le reste, nous avons affaire à une C 63 AMG classique.
Provoc' dehors, sage dedans
Sur le plan du style, par contre, l'Edition 507 s'autorise quelques excentricités, la plus flagrante étant l'adoption de bandes latérales en bas de caisse, accessoire qui ne sera pas forcément du goût de tous.
En revanche, le capot spécifique, percé de deux ouïes de ventilation et hérité des versions « Black Series » devrait faire l'unanimité, tout comme les habillages noir brillant du becquet de coffre, des coques de rétroviseurs ou de l'entourage de la grille de radiateur. Et si vous n'appréciez pas la peinture gris mat, pas d'affolement : c'est une option à... 3 320 € !
L'habitacle reçoit quant à lui un traitement beaucoup plus sobre, voire un brin décevant vu l'exclusivité du modèle.
On note bien l'apparition d'un badge « Edition 507 » face au passager et le nouveau volant sport très typé « racing », avec son marquage à 12 heures. Mais les sièges sport AMG sont plutôt classiques, et les placages en carbone ne sont même pas fournis en série ! On se consolera avec une présentation raffinée, une finition de belle facture et une ergonomie soignée.
Un moteur de feu
« Brâââp ! » Une pression sur le bouton « Engine Start », et le V8 M156 fait son show. Les quatre sorties d'échappement crachent leurs décibels dans un éternuement de dragon, puis le moteur se stabilise à un ralenti sonore. Quelle entrée en matière ! On ne s'en lasse décidément pas.
Les premiers kilomètres effectués en ville dévoilent une direction douce, une bonne maniabilité, mais aussi quelques à-coups de transmission et une suspension (très) ferme. Lorsque le trafic s'allège, on peut enfin mesurer la fabuleuse réserve de puissance qu'offre le V8 AMG, qui supporte tous les types de conduite. En mode paisible, la C 63 AMG Edition 507 démarre en seconde, pour ne pas brusquer ses passagers. Si l'on hausse le rythme, on peut surfer sur la montagne de couple disponible (jusqu'à 620 Nm à 5 200 tr/min).
Enfin, en allant titiller la zone rouge, la sonorité mécanique change, passant d'un grondement sourd à un cri aigu qui n'est pas sans évoquer le bruit d'un moteur de course ! Cher M156, tu vas vraiment nous manquer...
Un châssis affûté
Un caractère de feu plutôt bien supporté par un châssis optimisé par les sorciers d'AMG. Malgré les pneumatiques arrière aux dimensions (relativement) modestes (255 de large), la motricité est plutôt bonne, même en ce matin de décembre où le mercure tutoie les 0 degrés.
La fonction launch control, baptisée ici « Race Start », parvient d'ailleurs assez bien à gérer ces conditions d'adhérence précaires, même si nous ne risquons pas d'égaler le très joli 4,2 secondes au 0 à 100 km/h revendiqué par le constructeur.
Performante en ligne droite et sur grands axes, la C 63 AMG Edition 507 se montre également étonnamment efficace sur routes sinueuses et bosselées. La direction précise et transparente offre un bon ressenti des conditions d'adhérence, tandis que l'amortissement contrôle parfaitement les mouvements de caisse lors des transferts de masse.
Enfin, les limites du châssis sont très faciles à cerner grâce au caractère équilibré du châssis, qui « téléphone » ses réactions. La seule réserve viendra du freinage, efficace mais au toucher de pédale inconsistant.
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L'amie des pompistes
Après cette session un peu plus musclée, le retour se passe comme dans un rêve, accompagné du doux feulement du V8. Je profite de la sono Harman/Kardon, du système d'info-divertissement moderne et du confort des sièges chauffants. Au final, même si les suspensions sont (très) fermes, elles conservent suffisamment de débattement pour ne jamais être cassantes, si bien que mes vertèbres se portent comme un charme, merci pour elles. Mon portefeuille, en revanche, fait un peu plus la moue : avec une consommation réelle avoisinant les 20 litres aux cent kilomètres, le réservoir de 66 litres est vite siphonné ! Finalement, le downsizing n'a pas que des mauvais côtés...
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation