Essai MERCEDES AMG Classe E 63 S 4Matic+
Vincent Desmonts le 08/01/2018
À ma gauche, l'une des berlines les plus performantes jamais conçues par AMG. À ma droite, la Norvège, avec ses fjords, ses lacs... et ses hivers rigoureux. Lâcher 612 chevaux sur la neige et la glace, est-ce bien raisonnable ? Nous sommes allés le vérifier...
Pas froid aux yeux
Il est sept heures et demie du matin. La nuit est encore épaisse, car le soleil ne se lèvera pas avant encore deux bonnes heures, et le thermomètre indique -24 degrés Celsius. Dans ce très beau coin de Norvège, c'est un temps à rester au coin du feu ou, pour les plus courageux, à sortir skier ou faire une balade en traîneau à chiens. Mais pour nous promener, nous avons choisi une autre sorte de traîneau, sans canidé mais richement pourvu en équidés : la Mercedes-AMG E 63 S 4Matic+. Un matricule long comme un jour sans pain pour la plus musclée des Classe E, une berline survitaminée affichant la bagatelle de 612 chevaux au compteur ! Heureusement, pour nous aider, la bête est chaussée de pneus hiver et reçoit une transmission intégrale de dernière génération, capable de faire totalement varier la répartition du couple entre les deux essieux. Cette chaîne de traction 4Matic+ est même capable de désaccoupler totalement le train avant, faisant alors de cette berline de bon père de famille une machine à « drifter » !
La gueule de l'emploi
Cependant, vu les conditions météo, pas question de faire joujou avec ce mode Drift, plutôt pensé pour faire le zouave sur circuit. Ici, les routes sont étroites, verglacées et enneigées. Un décor façon « Reine des Neiges » où le « rouge jacinthe » de notre modèle d'essai ressort bien ! Cette Classe E gavée aux stéroïdes se distingue à sa face avant spécifique, à ses voies avant élargies de 27 mm, à ses ailes recevant un logo « V8 Biturbo », à son becquet sur la malle arrière ou encore à ses quadruples sorties d'échappement. À l'intérieur, on note l'apparition d'un volant spécifique, de sièges sport dont les appuie-tête intègrent un logo AMG et d'une montre IWC. La présentation est cossue, avec un cuir étendu sur le dessus de la planche de bord, et l'espace habitable est plutôt généreux. En revanche, si l'équipement est globalement complet, on note de curieux « oublis », comme la conduite semi-autonome dans les embouteillages (dans un pack à 2 400 €) ou la climatisation trizone, facturée 1 100 €... Heureusement pour nous, les sièges chauffants sont de série !
Patte de velours
Le V8 s'ébroue d'une pichenette sur le bouton Start/stop, et ce démarrage est plutôt sobre : pas de grande déflagration comme sur d'autres modèles AMG. Il s'agit là du 4.0 biturbo désormais largement répandu dans la gamme, et avec ses 612 ch et 850 Nm de couple, il assomme littéralement la concurrence ! Il affiche en effet 12 ch et 100 Nm de plus que le V8 4.4 de la toute dernière BMW M5, pourtant pas réputée feignante. Sur le sec et par temps clément, le launch control permettrait de signer un 0 à 100 km/h en 3,4 s. Aujourd'hui, sur la neige et la glace, c'est plus le bon équilibre et la progressivité du système 4Matic+ qui impressionnent. Docile, la E 63 AMG S sait faire patte de velours et ronronner paisiblement lorsque les conditions sont difficiles. Il est évidemment illusoire de déployer les 612 ch dans ces circonstances (l'antipatinage coupera très vite tous vos effets!), mais il semble également impossible de se faire des frayeurs… à condition d'anticiper un minimum vu le grip réduit. La motricité, en particulier, est impressionnante. On ne peut en revanche pas en dire autant de l'éclairage, à la portée un peu faiblarde.
Faucon Millénium
Le soleil s'est élevé au-dessus du relief, amenant une lumière douce et des couleurs féeriques. À mesure que nous nous éloignons de notre refuge montagnard, la neige et la glace s'estompent et le bitume apparaît enfin. L'heure est donc enfin venue de lâcher les chevaux... et c'est du brutal ! Le V8 répond au doigt et à l'œil, la boîte à neuf rapports (dotée d'un embrayage multidisques) tombe ses vitesses en un éclair, et nous voilà projetés vers l'horizon. Ce n'est plus une voiture, c'est une catapulte, non, une fusée Saturn V, que dis-je, le Faucon Millénium ! La violence des accélérations étonne de la part d'une berline si bien élevée. La fermeté des suspensions, aussi. Cette nouvelle génération a en effet déplacé le curseur vers davantage de sportivité. C'est vrai pour l'agilité, plus marquée que sur l'ancienne version : la direction paraît plus incisive, le train arrière participe davantage à la mise en virage, avec un tempérament propulsion plus affirmé en conduite sportive. Mais c'est aussi vrai pour l'amortissement, sensiblement raffermi. Si bien qu'il faut parfois abandonner le mode « Sport » lorsque la route n'est plus un billard afin de préserver la tenue de cap. AMG serait-il allé un peu trop loin ?
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation