Essai LOTUS Eletre S

Walid Bouarab le 25/09/2023

Changement de registre pour Lotus, qui passe du tout au tout avec son premier modèle électrique. Sur le papier, et en pratique, l'Eletre impressionne. En revanche, il faudra faire le deuil de l'ADN Lotus.

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L'ère des électrons

Difficile de trouver une transition vers l'électrique plus compliquée pour un constructeur. Lotus, artisan fabriquant uniquement des petites sportives, légères et simples, entame une marche forcée vers un monde aux antipodes de ses valeurs. Revigorés par les investissements du nouveau propriétaire Geely, la marque anglaise annonce un plan produit ambitieux. Ce premier SUV, sera récemment suivi par une berline Emeya à la fiche technique tout aussi vaillante, un autre SUV plus compact, et une petite sportive. Sans compter la tonitruante Evija de 2000 ch, qui rencontrera bientôt ses premiers clients.

Mais retour à ce qui nous intéresse aujourd'hui, l'Eletre. Un vaste SUV (5,10 m), aux allures de coupé, et qui promet une conduite proche de l'ADN cher à la marque. La fiche technique est au diapason. Il propose une version S de 603 ch, et une R de 905 ch. La variante la plus musclée exploserait le 0 à 100 km en moins de 3 secondes, et la vitesse de pointe est limitée à 265 km/h. Il repose sur une inédite plateforme EPA (pas de synergie avec Polestar nous dit-on...), et tire son énergie d'une batterie XXL de 109 kWh utiles. La recharge profite du système 800V pour atteindre les 80% de charge en seulement 20 minutes. Côté autonomie, la version S promet 450 km. Voilà une belle proposition, qui laisse déjà augurer d'une approche drastiquement différente pour une Lotus.

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Mais ne tirons pas sur l'ambulance. Près de 2,6 tonnes sur la balance c'est énorme, et non, l'Eletre ne se comporte pas du tout comme une Élise. Cependant, la direction est bien calibrée, et très précise, et le châssis équilibré dévoile une belle efficacité et des mouvements de caisse bien maintenus. Mais l'Eletre reste haut et lourd. Que la physique s'en mêle, il fallait s'y attendre, mais que les ingénieurs maison aient délibérément fait des choix qui vont à l'encontre de ce qu'on peut attendre d'une Lotus, c'est plus surprenant. Quelques exemples : l'Eletre est doté d'une suspension pneumatique offrant un excellent niveau de confort, proche de ce que peut proposer une Mercedes EQS SUV, une belle référence. Pilotée, elle se raffermit au besoin, mais offre toujours un niveau de filtration remarquable. Par ailleurs, le châssis sport optionnel donne accès aux barres anti-roulis actives (48V) et aux roues arrière directrices. Une installation technique qui ne transfigure pas complètement le modèle. Des aveux même des ingénieurs, la priorité a été donnée au plaisir de conduite et à la progressivité.

Idem pour les performances. En affichant en version R 905 ch, l'Eletre promet de terrasser à peu près tout ce qui roule. Et effectivement, les chiffres de performances sont là pour en témoigner (2,9 secondes pour le 0 à 100 km/h). Mais contrairement à un Tesla Model X Plaid ou même une Porsche Taycan Turbo S, l'Eletre R ne vous dévisse pas les cervicales à la moindre accélération. Le jus arrive de manière progressive avant de délivrer une franche poussée. Là encore, c'est un comportement voulu par les développeurs.

Un luxe indéniable

Tous ces choix font-ils de l'Eletre une mauvaise voiture ? Non, et c'est au contraire l'un des grands SUV électriques de luxe les plus recommandables. Doté d'une santé d'enfer, équilibré et dynamique, toujours confortable, il est aussi à la pointe côté recharge en rejoignant le club très fermé des modèles zéro émission fonctionnant sur une plateforme 800V. Il accepte ainsi une puissance de recharge allant jusqu'à 350 kW. Pas de test de consommations pour ce premier essai, mais voilà qui permettra au moins de réduire les arrêts à la borne.

Par ailleurs, l'Eletre affiche un niveau de luxe inattendu. C'est simple, on se situe clairement au niveau d'Aston Martin, pour le prix d'une BMW. Lotus a effectué un travail considérable pour offrir à ses nouveaux modèles un intérieur digne du standing revendiqué : cuir pleine fleur retombant jusqu'au seuil de porte, Alcantara du plus bel effet, inserts en métal (gris ou doré) solides, assemblage au cordeau et finitions subtiles pour cet habitacle qui allie habilement une belle modernité (écran central OLED de 15,1 pouces renfermant un système inédit, réactif et intuitif) et une certaine tradition.

Même à l'arrière, l'espace ne manque pas et le confort première classe ne déçoit pas. Lotus laisse également le choix d'un agencement quatre-places avec deux fauteuils individuels en remplacement de la banquette. L'ensemble peut profiter d'une sono haut de gamme Kef Audio utilisant une technologie Dolby Atmos au rendu spectaculaire. Bref, certaines marques de « vrai » luxe pourraient en prendre de la graine.

Pour les amateurs de Lotus, passez votre chemin, à moins que vous ne soyez prêt à entamer la même transition qu'opère votre marque favorite. Quant aux budgets aisés en recherche d'un véhicule différenciant, valorisant, offrant à la fois performance, confort, luxe, aspects pratiques et polyvalence, l'Eletre se pose comme un premier choix. D'autant plus que l'Anglais s'avère être moins cher que la concurrence. Comptez 123 090 € pour une version S déjà bien équipée, soit 44 660 € de moins qu'un Mercedes EQS 580 4Matic, débutant à 167 750 € avec un équipement nettement plus chiche et des performances moins explosives.

À retenir

quoteRéellement luxueux, spacieux et confortable, ultra performant et habile sur la route, le Lotus Eletre affiche des prestations remarquables. La fiche technique n'envie rien aux meilleurs, pour un tarif nettement plus abordable. Pour l'ADN Lotus en revanche, on repassera.
points fortsPerformance et dynamisme, confort et luxe, recharge ultra-rapide
points faiblesGabarit hors-normes, conduite sans saveur, gènes Lotus inexistants
15.9

20
Les chiffres
Prix 2023 : 123 090 €
Puissance : 603 ch
0 à 100km/h : 4.5s
Conso mixte : 21.4 kWh/100 km
Notre avis
Note de coeur : 16/20
Agrément de conduite
  • Accélération
  • Reprises
  • Direction
  • Agilité du châssis
  • Position de conduite
  • Commande de boîte
  • Etagement de la boîte
:
17/20
Sécurité active et passive
  • Adhérence
  • Freinage
  • Equipements de
    sécurité
:
16/20
Confort et vie à bord
  • Habitabilité
  • Volume du coffre
  • Visibilité
  • Espaces de rangement
  • Confort de suspension
  • Confort des sièges
  • Insonorisation
  • Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
:
17/20
Budget
  • Rapport prix/prestations
  • Tarif des options
  • Consommation
:
12/20

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