Essai LAND ROVER Range Rover Sport SV
Walid Bouarab le 24/05/2024
De l'ancien SVR, il ne garde pas grand-chose. Nettement plus policé mais aussi plus efficace, le Range Rover Sport le plus puissant de l'histoire démontre une belle maîtrise. Mais pour qui ?
Gentleman driver
Donner un coup de boost à son SUV dénommé Sport, voilà qui tient la route. La firme britannique réitère le traitement pour cette nouvelle génération, mais modifie quelque peu la recette. Il perd le R, et se nomme désormais SV, comme le plus luxueux des grands Range. C'est à s'y perdre... Mais cela est probablement intentionnel.
Contrairement à l'esprit très bad boy du prédécesseur, la nouvelle monture fait preuve de plus de maturité. Exit les boucliers ouvragés à outrance, les ouïes sur le capot en carbone ou les fusillades de son V8 outrancier. Le nouveau Range Rover Sport SV se détache même à peine de la gamme classique : on le reconnaîtra grâce à ses jantes de 23 pouces possiblement en carbone (une première), sa quadruple sortie d'échappement somme toute discrète ou encore le carrossage de ses roues arrière. La finition de lancement One (plus disponible), offre également une peinture bronze mat spécifique.
Sous le capot, ça change aussi sensiblement : Le V8 5.0 Supercharged d'origine Jaguar est désormais remplacé par un V8 4.4 bi-turbo d'origine BMW. La puissance progresse fortement avec une cavalerie annoncée à 635 ch, 750 Nm de couple, et un 0 à 100 km/h expédié en seulement 3,8 secondes. Pour un engin de presque 2,6 tonnes entièrement thermique, c'est remarquable, et presque rafraîchissant.
Aller vite en ligne droite, c'est donc une formalité. Les performances de ce SV sont impressionnantes, avec un punch brutal dès les bas régimes, une belle ascension du compte-tour, et une certaine allonge en haut. Heureusement, la transmission automatique à 8 rapports assure un bon tempo. Le caractère moteur diffère selon le mode de conduite choisi, mais la poussée est toujours présente. On est loin de l'attitude explosive de l'ancien V8, plus volubile, généreux et démonstratif, mais pour autant, le bloc allemand qui alimente ce nouveau Sport n'en demeure pas moins une pièce de choix.
Ensuite, il faut savoir aller vite sur une route plus tortueuse. Et la bonne surprise intervient : en effet, l'autre grosse modification apportée à ce Range Rover Sport SV, et c'est assez unique sur le marché, réside en sa suspension hydraulique avec amortisseurs interconnectés. Ce Range Rover Sport se passe ainsi de barres antiroulis actives pour maitriser aussi bien son tangage, que les effets de cabrage ou de plongeon à l'accélération et au freinage.
Sur le principe, ce système est déjà connu (sur la McLaren 720S par exemple). Ici, pas d'alimentation électrique (hormis pour les valves de régulation), le fluide est naturellement mis sous pression lors des contraintes, voyageant de la chambre de compression de l'amortisseur avant droit par exemple, jusqu'à la chambre de détente de son homologue arrière gauche. Les quatre coins étant reliés entre eux par ces vases communicants, les forces s'annulent donc mutuellement, permettant de conserver une assiette plane en virage ou lors des changements de rythme. Voilà pour la théorie. En pratique, ça donne quoi ?
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Une efficacité remarquable
Nous passerons rapidement sur la partie confort, qui ne révolutionne en rien le genre. Déjà remarquable de douceur, le Range Rover Sport permet surtout de conserver un niveau de filtration décent sur cette version sportive, même si les mouvements transversaux sont sensibles.
En revanche, côté efficacité, c'est remarquable. Diablement efficace, bien aidé par une assiette plane en toute circonstance, l'Anglais ne souffre plus du tout de sa hauteur et de son poids. Alors que la précédente génération avait la fâcheuse tendance à se cambrer violemment, ou même s'étaler sur ses amortisseurs en virage appuyés, celle-ci affiche une stabilité remarquable. Un comportement particulièrement neutre qui permet à ses trains roulants de travailler sereinement.
Solidement campé sur ses roues, le RRS SV, pour les intimes, profite par ailleurs d'une mise au moins qui fait la part belle au dynamisme. La direction isole trop et se montre un poil collante, mais commande un train avant particulièrement réactif. L'arrière suit le rythme sans broncher et se montre même coopératif à la remise des gaz. Un comportement typé propulsion sensible qui redonne le sourire. Bref, une excellente réalisation qui le place d'emblée parmi les plus doués du genre.
Pour autant, le Sport SV reste un Land Rover, et n'a renié en rien ses origines luxueuses. En témoigne l'habitacle superbement fini, aux détails à la fois subtiles et bien choisis. Ici les sièges baquets sont spécifiques, tout comme le bouton « SV » sur le volant, ou les palettes transparentes qui s'illuminent en rouge une fois le mode activé. Du plus bel effet. Pour les familles plus qu'aisées, ce Range permettrait de voyager loin, en First Class, et rapidement. L'habitacle est spacieux, et le coffre, particulièrement logeable. Est-il cependant dédié à ce type de clientèle ? Peu probable.
Voilà qui pose même la question du positionnement de cette version, qui pourrait peiner à trouver sa cible. Comparé à ses rivaux allemands survitaminés, il affiche des prétentions tarifaires risquées, avec 40 à 50 000 € de plus selon les modèles. Voilà qui le place face aux Aston Martin DBX 707, Lamborghini Urus S ou Bentley Bentayga Speed. Sur le papier et en prestations, il y a match. Mais dans cette sphère ultra exclusive, le blason prime avant tout. Et celui de Range Rover brille peut-être un peu moins.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation