Essai LAND ROVER Range Rover P510e SV
Walid Bouarab le 13/09/2022
Il n'y en a qu'un. Et si la concurrence est bien différente aujourd'hui, le Range Rover garde une place à part dans l'esprit de tous. L'anglais est de retour dans un nouvel opus dont le plumage ne surprendra personne. Mais les prestations de cette 5ème génération imposent le respect.
Le retour du Roi
A chaque nouvelle génération de Range Rover, on pourrait s'écrier, le Roi et mort, vive le Roi ! Ce véritable monarque a bâti sa réputation de souverain au fil des générations, cristallisant ce qui se fait de mieux dans le monde des SUV. Un luxe indéniable, un confort de référence, et des prestations hors routes parmi les meilleures du marché. Mais depuis la commercialisation de l'ancienne génération, en 2012, le secteur des SUV de luxe a évolué, vers le haut. Des blasons encore plus prestigieux ont décidé de venir occuper une partie de ce juteux territoire. Ce nouveau Range trouve donc sur sa route, en plus des traditionnelles alternatives allemandes, des concurrents jusqu'alors inconnus, badgés Bentley, Aston Martin ou même Rolls-Royce.
Ce cinquième opus n'avait donc le choix que d'étirer ses prestations vers le haut, tout en conservant une allure altière reconnaissable entre toutes. Les designers maison ont fait un remarquable travail pour moderniser les lignes, qui évoluent cependant en douceur. La face avant gagne en prestance, mêlant habilement surfaces places et galbes subtiles. La pureté du dessin est soulignée par la jointure invisible du vitrage et de la carrosserie, les poignées de portes affleurante et le dessin particulièrement discret des feux arrière. Le tout dégage un charisme fou, sans fioritures. Le gabarit est toujours conséquent, avec 5,05 m pour la version standard, et 20 cm de plus pour la variante à empattement allongé. Les jantes de 23 pouces de cette finition SV participent à la carrure impressionnante de ce nouveau Range.
A bord, l'esprit première classe est évidemment de mise. Mais à l'image de l'extérieur, l'anglais préfère conserver les codes traditionnels de l'automobile de luxe. L'agencement somme toute classique rassure, rehaussé par un niveau de finition tout simplement parfait. L'écran central conserve une taille raisonnable, à l'inverse du volant, gigantesque. Le système d'info-divertissement reprend l'interface réussie, autant d'un point de vue graphique qu'ergonomique, du système PiviPro. Dans cette version SV, le sens du détail confine à l'obsession. Les acheteurs pourront opter pour des finitions remarquables, comme de la marqueterie pour la console centrale de la céramique blanche pour certaines commandes. Même les cliquetis des commodos de clignotant semblent avoir été travaillés. De l'orfèvrerie ! Le cuir peut être remplacé par un matériau appelé Ultrafabric du plus bel effet. Au second rang, les harmonies plus sombres de la sellerie renforcent le côté cocooning de l'ambiance. Les sièges sont de véritables fauteuils Pullman (celui situé derrière le passager s'incline façon limousine), et les occupants pourront commander toutes les fonctionnalités à bord depuis un écran tactile central. Seul bémol, l'espace aux jambes, quelconque au vu du gabarit de l'engin.
Si l'écrin est à la hauteur du ramage, il fallait encore au Range Rover une plateforme digne de son standing. C'est désormais chose faite avec une toute nouvelle base technique appelée MLA-Flex. Composée à 80% d'aluminium et 50% plus rigide que l'ancienne génération, elle permet d'assurer un confort de premier ordre tout en améliorant les prestations dynamiques. Sous le capot, ce Range est disponible avec deux diesel (250 et 350 ch), un puissant V8 d'origine BMW (530 ch), mais surtout deux nouvelles versions hybrides rechargeables disponibles en 440 et 510 ch. C'est cette dernière qui passe entre nos mains. Celle qui devrait assurer la quasi-totalité des ventes sur notre marché. Elle allie un six-cylindres en ligne essence 3.0 de 400 ch, à un moteur électrique de 105 kW, directement arrimé à la transmission. La fiche technique annonce un couple de 700 Nm et seulement 5,5 secondes pour le 0 à 100 km/h. Des performances remarquables, rapportées au poids de l'ensemble, affiché à 2,8 tonnes... La marque annonce une autonomie 100 % électrique de 113 km. Dans les faits, il faudra plutôt tabler sur environ 70/80 km. Une endurance confortable (qui peut assurer la grande majorité des trajets quotidiens des propriétaires de Range Rover), permise par l'introduction d'une batterie de 38,2 kWh (31,8 kWh en charge utile), nettement plus imposante que par le passé.
Le fonctionnement hybride de ce Range Rover P510e ajoute à la sensation presque perturbante de flotter au-dessus de la route, cet anglais maitrisant parfaitement l'art de vous isoler du monde extérieur. Une insonorisation du meilleur niveau, renforcée par un système de réduction du bruit. Des capteurs placés dans les passages de roues détectent les perturbations sonores que le système « annule » via des ondes envoyées dans les appuie-têtes. Du grand art ! Ce cocon douillet vient cependant parfois à être chahuté par quelques répercutions des énormes jantes de 23 pouces. Des masses non suspendues conséquentes qui ne peuvent pas grand-chose face à des raccords de chaussée ou des nids-de-poule. Dommage.
Pour contre-carrer les lois de la physique qui s'imposent à ce très lourd Range Rover, les ingénieurs maison ont concocté un châssis aux petits oignons. Roues arrière directrices (jusqu'à 7,3°), barres anti-roulis actives motorisées par un circuit en 48V, innovante suspension pneumatique à double chambre… Résultat, ce Range braque comme un petit SUV compact en ville, garde une stabilité impériale en appuie même sur revêtement très dégradé, et sait pivoter sur une épingle sans faire hurler son train avant. On ne parlera pas encore de sportivité, mais la neutralité du comportement impressionne au vu de la masse à déplacer. Du très bon travail qui n'empêche par le Range Rover de garder un flegme typiquement british, et des prestations en tout-terrain toujours impressionnantes.
Avec une gamme très étoffée et des attributs spécifiques en fonction des variantes sélectionnées, le nouveau Range Rover ratisse large. L'anglais semble aussi bien armé pour contre-carrer les assauts des SUV allemands plus roturiers, que pour tenir la dragée haute à ses compatriotes plus huppés. Une génération remarquablement bien pensée, et qui démontre une nouvelle fois le savoir-faire de la marque en la matière. Mais sans surprise, de telles prestations se payent désormais au prix fort, et ce Range Rover P510e SV vendu plus de 200 000 euros hors options le réserve plus que jamais à une - petite - élite.
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À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation