Essai JEEP Renegade
Vincent Desmonts le 05/01/2015
Jeep s'attaque enfin au marché des petits SUV avec le Renegade. Mais le nouveau venu a-t-il d'autres atouts que son look charmeur ?
Une nouvelle ère
Jeep est un vrai paradoxe du marché automobile. C'est l'une des marques les plus célèbres au monde, quasiment devenue un nom commun au même titre que « frigidaire ». Et pourtant, cette légende du 4X4 affichait des ventes anecdotiques en France, avec tout juste 2 317 unités immatriculées en 2013. Il faut dire que la gamme ne comportait jusqu'alors que des modèles assez gros (Cherokee et Grand Cherokee) ou franchement rustiques (Wrangler, le best-seller qui totalise plus d'un tiers des ventes, notamment grâce à ses versions VU), tous frappés par un pénalisant malus écologique. Mais voici que débarque le Renegade, une drôle de Jeep américano-italienne, pur produit de l'alliance entre Fiat et Chrysler, et véritablement pensée pour l'Europe ! Le Renegade se lance sur le marché très porteur des petits SUV urbains, qui représentera quelque 180 000 ventes en France en 2014, notamment grâce au succès des membres français du club, les Renault Captur et Peugeot 2008. Mais le Jeep Renegade se veut plus exclusif, de par son look, mais aussi en revendiquant de réelles aptitudes au tout-terrain. Son objectif : aller chatouiller la Mini Countryman !
Et le Renegade s'en donne les moyens, avec son style vraiment craquant. Quand la plupart de ses rivaux singent les codes du 4X4 sur le mode « soft », le Jeep n'a pas peur d'adopter un profil de vrai-faux franchisseur. Les passages de roues sont bien marqués, le pare-brise est presque vertical, le capot quasiment horizontal et la calandre reçoit les sept ouïes et les phares ronds caractéristiques de la marque. À l'arrière, le montant de custode épais accentue le côté baroudeur, tout comme le hayon tombant droit. Mais ce n'est pas tout : les designers américains s'en sont donnés à cœur joie au niveau des petits détails esthétiques ! Ainsi, le thème de la croix de jerrican, accessoire emblématique de la Jeep Willys, se retrouve-t-il dans les optiques, les feux arrière et même sur le toit amovible optionnel. Les plus observateurs découvriront aussi la calandre à 7 barres et les phares ronds Jeep sur les feux arrière, ainsi qu'une minuscule Willys sérigraphiée sur le côté droit du pare-brise.
Finition à l'européenne
Ce festival du détail « choupinou » continue dans l'habitacle : le motif de la calandre orne ainsi les dossiers des sièges, les habillages des haut-parleurs de la radio ainsi que le boîtier électronique situé à la base du rétroviseur intérieur. Enfin, la zone rouge du compte-tours est matérialisée par… une trace de boue ! Au-delà du look, la finition est heureusement plus européenne qu'américaine, avec notamment un beau plastique moussé sur la partie supérieure de la planche de bord. La qualité est globalement assez homogène, même si certains assemblages pourraient être plus soignés. En tous cas, le Renegade n'a pas à rougir de la comparaison avec une Mini Countryman. Côté habitabilité non plus : sans être immense, il accueillera deux adultes à l'arrière, tandis que son coffre dispose d'un plancher modulable et peut engranger de 351 à 1 297 dm³ de bagages suivant la configuration de la banquette rabattable. En revanche, la position de conduite est plus typée 4X4 que chez les concurrents : on est assis haut, les jambes pliées, ce qui ne sera pas du goût de tout le monde. En outre, les sièges manquent de maintien latéral.
On se consolera avec un équipement plutôt complet, qui inclut dès la version de base climatisation, aide au démarrage en côte, écran tactile de 5 pouces ou encore connexion Bluetooth. Notre version Limited (4e niveau) y ajoutait des jantes alliage, un radar de recul, la clé mains libres, la sellerie cuir, le GPS et le système anticollision à faible vitesse. On note cependant quelques lacunes : allumage automatique des phares et capteur de pluie sont facturés en supplément (150 €, c'est mesquin), tandis que la caméra de recul n'est disponible que dans un coûteux pack (1 100 €) incluant également la surveillance des angles morts ou l'assistant créneau. Elle n'est pourtant pas inutile, car les épais montants arrière ne facilitent pas la rétrovision lors des manœuvres.
Racines italo-américaines
Sur le plan technique, le Jeep Renegade reprend la plate-forme « small wide 4WD » du groupe Fiat-Chrysler, qu'il partage avec la Fiat 500X. Les deux modèles sont d'ailleurs assemblés dans la même usine, à Melfi, entre Naples et Bari. Du coup, le Renegade est le premier modèle Jeep exclusivement produit en dehors des frontières américaines ! La gamme est particulièrement large, avec 6 moteurs (répartis à égalité entre essence et diesel) de 110 à 170 ch, 4 boîtes de vitesses suivant les motorisations (manuelle à 5 ou 6 rapports, à double embrayage et 6 rapports ou automatique à 9 rapports) et trois variantes de transmission : traction, intégrale ou intégrale avec gamme courte. Cette dernière, offre unique sur le segment, est cependant réservée aux versions Trailhawk, qui bénéficient par ailleurs d'un mode supplémentaire « Rock » sur leur molette Select-Terrain. Les autres versions se contentent des réglages « Auto », « Neige », « Sable » et « Boue ». Reposant sur un différentiel central à embrayage multidisques, la transmission intégrale du Renegade permet une déconnexion totale du train arrière en conditions d'adhérence optimales, ou peut au contraire envoyer 100 % du couple à une seule roue si nécessaire.
À l'usage, ces transferts de couple sont effectués avec réactivité et difficilement décelables au volant. Le Renegade déconcerte au premier abord, avec une direction assistée électrique douce mais filtrant fortement les sensations. Pourtant, ce flou apparent cache un comportement routier plutôt efficace et rassurant, avec un train avant assez accrocheur. Une Mini Countryman sera cependant plus efficace et plus communicative. Peut-être plus confortable aussi, car en dépit d'amortisseurs Koni à valve FSD (censés combattre le roulis sans dégrader la filtration), le Renegade trépide trop sur mauvaises routes et percute parfois sèchement sur les plaques d'égout et autres raccords. C'est d'autant plus regrettable que le Jeep se révèle confortable par ailleurs, avec un 2.0 diesel Multijet 140 ch volontaire et maîtrisant bien décibels et vibrations, associé à une boîte 6 à la commande agréable. Même le système start/stop, parfois récalcitrant sur les produits Fiat-Chrysler, est ici réactif et discret.
À retenir
—
20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation