Essai JEEP Grand Cherokee SRT
Vincent Desmonts le 23/09/2014
Avec 468 chevaux sous le capot et un tarif plus abordable que ses rivaux européens, le Jeep Grand Cherokee SRT se pose en alternative exotique. Mais le charme US opère-t-il ?
Un 4X4 version Rambo
SRT, pour « Street and Racing Technologies », est la branche sportive du groupe Chrysler-Jeep. Une entité dont le plus grand fait d'armes est d'avoir créé la Dodge Viper, avant de devenir un label, puis une marque à part entière au sein du groupe américain. Mais si la gamme SRT compte cinq modèles Outre-Atlantique, un seul est importé en Europe : le Jeep Grand Cherokee SRT, un 4X4 de luxe aux accents exotiques, destiné à ceux qui rêvent de grands espaces, de Route 66 et de drive-in. Doté d'un gros V8 de 468 chevaux, il est facturé 81 490 €, soit 8 000 à... 44 000 € moins cher que ses plus proches rivaux, qu'ils soient allemands (BMW X5 xDrive50i, Porsche Cayenne Turbo) ou britanniques (Range Rover Sport V8 Supercharged). Une affaire ?
Côté style, en tous cas, ce Grand Cherokee SRT n'est pas aussi exubérant qu'on pouvait l'imaginer. Il adopte certes une face avant un peu plus agressive, avec une calandre et des optiques à fond noir, que vient compléter un bouclier spécifique et un capot ajouré. Mais les jupes latérales restent discrètes, tandis que les deux énormes tuyères d'échappement se camouflent dans un diffuseur laqué noir. Seules les jantes en alliage chromées, très typées US, apportent une touche d'originalité à l'ensemble. Au moins, l'engin ne devrait pas trop attirer l'attention de vos voisins... ni de votre contrôleur des impôts.
Finition en progrès, équipement complet
Dans l'habitacle, on note des efforts en matière de qualité de finition. La planche de bord et une partie des contreportes sont revêtues d'un habillage imitant de façon convaincante le cuir, les assemblages sont d'une qualité correcte et les touches de chrome ne font pas trop « bling-bling ». Malgré tout, le plastique gris aluminium de la console centrale se raye facilement, tandis que les contreportes arrière sont taillées dans un matériau d'aspect nettement moins flatteur. Heureusement, l'ergonomie est d'un bon niveau, avec des boutons distribués de façon logique sur le tableau de bord, une bonne position de conduite et une instrumentation assez lisible. Seul l'écran tactile, peu sensible et à l'interface manquant de clarté, affiche un certain retard technologique.
On se consolera avec l'équipement complet, incluant notamment clé mains libres, régulateur de vitesse adaptatif, toit ouvrant électrique et panoramique, chaîne Hi-Fi Harman/Kardon (19 haut-parleurs et 825 watts!). Mais si les sièges à réglages électriques en cuir et suédine sont qualifiés de « baquets » par Jeep, ils manquent de maintien latéral… sauf à avoir la carrure d'un bûcheron des Rocheuses. Les places arrière sont plutôt généreuses, avec une banquette dont le dossier est réglable en inclinaison. Le coffre, en revanche, manque de hauteur sous cache-bagages : son volume de 457 dm³ est inférieur à celui d'un Audi Q3…
Un launch control… sur un 4X4 ?
Une fois installé au volant, l'œil est immédiatement attiré par la molette « Selec-Trac », qui permet de choisir parmi plusieurs modes de conduite. Un système très inspiré du « Terrain Response » présent depuis quelques années sur les Range Rover, mais qui propose ici des réglages plutôt… inattendus. En effet, à côté des modes « Auto », « Tow » (remorquage) ou « Snow » (neige), on trouve un mode « Sport » et même un mode « Track » (circuit) ! Plus étonnant encore, à gauche de cette molette se trouve un bouton commandant le… launch control. Clairement, ce 4X4 là sort de l'ordinaire !
Il fait d'ailleurs l'impasse sur la gamme de rapport courts proposée sur les autres versions du Grand Cherokee, ainsi que sur la suspension pneumatique dont dispose les finitions Overland ou Summit. À la place, le Grand Cherokee SRT dispose d'un amortissement piloté signé Bilstein, tandis que la boîte de transfert renvoie préférentiellement le couple aux roues arrière (de 60 à 70 % suivant les modes) afin de favoriser l'agilité, sauf dans les configurations « Snow » et « Tow », où le Jeep répartit équitablement la force entre les essieux. Sous le capot, on retrouve donc un V8 « Hemi » de 6,4 litres qui mêle des aspects un brin désuets (culasses à deux soupapes par cylindre) et éléments plus sophistiqués (un système désactivant la moitié des cylindres à faible charge). Il délivre 468 chevaux et 624 Nm de couple perchés à 4 100 tr/min, et est exclusivement associé à la boîte automatique ZF 8HP70, comptant huit rapports et pouvant être pilotée par des palettes au volant.
A lire aussi : les concurrentes
La finesse, c'est pas son truc !
Oubliez le « launch control », qui tient ici du gadget : le Grand Cherokee SRT n'a pas besoin de ce genre d'artifices pour impressionner le chronomètre. Il signe ainsi le 0 à 100 km/h en 5 secondes tout rond, soit la même vélocité qu'un Porsche Cayman S. Pas si mal pour un engin de 2,4 tonnes ! Vitesse maxi ? 257 km/h. Vous allez me dire que c'est bien joli ce côté dragster, mais que les gros 4X4 américains n'aiment pas trop les virages. Étonnamment, le Grand Cherokee SRT ne se désunit pas à la première courbe : le sous-virage intervient suffisamment tard pour préserver le dynamisme, particulièrement dans les modes « Sport » et « Track », même si l'amortissement imparfait imposera un minimum de circonspection sur route dégradée, vu l'imposante masse à maîtriser. Reste que la direction, trop surmultipliée, impose trop de tours de volant dans le sinueux et offre un rappel un peu juste.
En outre, les suspensions sont trop fermes au quotidien : dans les rues un peu cabossées, le Grand Cherokee SRT vous chahute sans ménagement, ce qui se révèle vite lassant (d'autant que, comme on l'a vu, les sièges manquent de maintien latéral). Et si ce Jeep offre des performances élevées, il manque un peu de caractère mécanique : la sonorité du V8 est plaisante, mais un peu trop discrète, tandis que ce 6,4 litres n'offre pas le punch irrésistible de ses rivaux suralimentés, dont le couple arrive beaucoup plus bas dans les tours. Enfin, la consommation est, comme on pouvait l'attendre, gargantuesque : difficile de descendre sous la barre des 15 l/100 km, même en utilisant régulièrement le mode « Eco », qui incite le V8 à fonctionner préférentiellement en « V4 », au prix cependant de vibrations sensibles.
À retenir
—
20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation