Essai JAGUAR XJ
David Lamboley le 02/05/2010
L'arrivée du nouveau vaisseau amiral Jaguar enterre définitivement le style néo-rétro qui prévalait sur la XJ. Un visage tellement nouveau qu'il risque de diviser…
Présentation
Après le renouveau du XK et de la berline XF, c'est au tour de la Jaguar XJ de changer de visage. Cette nouvelle version, techniquement très au goût du jour avec sa coque en aluminium, ses motorisations performantes et son habitacle hi-tech, est avant tout remarquable par son style très inhabituel.
C'est en effet la première fois que l'emblématique XJ, en quarante-deux ans de carrière, tourne le dos aux codes stylistiques qui faisait jusqu'alors tout son charme et sa personnalité. Aujourd'hui, il s'agit toujours d'une très grande berline de 5,12 m, mais désormais à deux volumes et demi. Atypique également, la face avant ose une calandre massive et proéminente, encadrée par deux feux oblongs.
La nouvelle Jaguar XJ est, comme l'ancienne version, basée sur une coque en aluminium collée et rivetée, ce qui permet de préserver une masse relativement faible, soit 1796 kg pour notre version 3.0 diesel.
Les trains roulants évolués, dotés d'amortisseurs auto-adaptatifs, apportent leur concours à cette –presque- sportivité. La XJ se conduit avec une grande facilité et une excellente efficacité, au point d'oublier que l'on mène une auto d'apparat longue comme un paquebot. Le plaisir au volant, contre toute attente, provient aussi de la mécanique.
Le V6 3.0 diesel, grâce à sa double suralimentation, permet de délivrer un couple impressionnant et procure à la Jaguar XJ des performances dignes d'une GT. Le 0 à 100 km/h annoncé en 6,4 secondes est flatteur, de même que la consommation moyenne revendiquée de 7 litres. Prix de base en diesel, 78 000 euros.
Design extérieur et intérieur
Inhabituel, inédit, osé, les qualificatifs s'entrechoquent lorsqu'il s'agit du design de la nouvelle Jaguar XJ. Nous comprenons ce heurt, puisque le vaisseau amiral de la marque anglaise était jusque-là resté plus ou moins fidèle au style de la première version, née en 1968. Huit générations plus tard, et après une période forcément « néo-rétro », la XJ jette carrément aux orties ce traditionalisme, un terme que l'on peut aisément réfuter au profit de « classicisme ».
Si la ligne de la nouvelle version est agréable à l'œil et, avouons-le, plutôt réussie, il existe plusieurs éléments tout à fait inhabituels pour une XJ, pour une Jaguar et même pour une auto de cette catégorie, et c'est là que naissent les discussions les plus passionnées. Prenons par exemple la ligne à deux volumes et demi, autrement dit l'absence de cassure franche entre la lunette arrière et le coffre, qui enlève un peu du côté statutaire qui sied à ce genre d'auto.
Quitte à garder cette ligne, la logique aurait voulu que l'on puisse profiter de la grande ouverture d'un hayon, mais que nenni : l'accès, trop restreint, empêche de placer les bagages aisément au fond, obligeant à de multiples manipulations inconfortables. Passons. En termes de design, les feux verticaux en forme de boomerang, qui rappellent un peu ceux de l'atypique Lancia Thesis, interpellent.
Le dégagement du panneau de coffre ainsi créé sert de toile de fond au logo représentant le jaguar bondissant, qui n'avait jusqu'alors jamais été mis en scène de façon aussi suggestive. Atypique également, la face avant ose une calandre massive et proéminente, encadrée par deux feux oblongs. Nous sommes loin du style traditionnel XJ, presque immuable durant plus de quatre décennies ! La classe, en quelque sorte, s'émousse désormais au profit d'une certaine prestance et de l'agressivité qui sied apparemment à notre époque. Tout le monde ne va pas aimer…
Le style intérieur, justement, n'est pas à proprement parler épuré -il n'y a qu'à observer les bouches d'aérations pour s'en convaincre-, mais le dessin de la planche de bord, souligné par son impressionnant bandeau panoramique en bois qui se raccorde aux panneaux de portes, donne une impression d'espace très agréable. Ce n'est pas qu'une impression, d'ailleurs, puisque l'habitabilité aux places avant demeure excellente, et ce malgré une console centrale plutôt large.
A l'arrière, en revanche, ça se gâte malgré le confort des sièges ou les commandes de climatisation séparées, puisque l'espace aux genoux apparaît faible pour un tel gabarit. On se consolera avec le luxe omniprésent, les matériaux nobles en quantité –que de bois !- et une qualité de réalisation tout à fait correcte.
Mais la cerise sur le pudding, c'est la présentation des instruments. Exit les cadrans traditionnels et place à une matrice à cristaux liquides très lisible, véritable écran d'ordinateur personnalisable qui reprend la présentation façon cadrans. Il suffit d‘une impulsion pour effacer, par exemple, le compte-tours virtuel pour y retrouver, en lieu et place, un menu permettant d'accéder à d'autres fonctions.
Même constat pour l'écran principal trônant sur la console centrale : climatisation, ordinateur de bord ou système de navigation sont accessibles via un mode tactile, il est vrai à priori peu intuitif, mais qui a le mérite d'abaisser sensiblement le nombre de touches ou de boutons sur la console. Bref, ce mélange de high-tech, de luxe et de tradition –très jolie, l'horloge de bord- apparaît très agréable. Mais en cas de panne du bloc d'instruments électronique, il faudra naviguer…à vue !
Mécanique, châssis
Rappelons que la Jaguar XJ de précédente génération, apparue en 2003, reposait malgré son style suranné sur une structure en aluminium, et disposait d'excellents atouts dynamiques qui en faisait la meilleure de la lignée. La nouvelle XJ suit la même ligne technique, avec une coque en aluminium collée et rivetée, à l'exemple d'Aston Martin, et des trains roulants sophistiqués.
Le châssis aluminium, outre le fait qu'il permet de préserver une masse relativement faible, soit 1796 kg pour notre version 3.0 diesel, est également un atout en termes de rigidité, et donc de dynamisme.
Bien sûr, les trains roulants évolués, dotés d'amortisseurs auto-adaptatifs, apportent leur concours à cette –presque- sportivité. La XJ se conduit avec une grande facilité et une excellente efficacité, au point d'oublier que l'on mène une auto d'apparat longue comme un paquebot.
Le plaisir au volant, contre toute attente, provient aussi de la mécanique. Le V6 3.0 diesel, grâce à sa double suralimentation, permet de délivrer un couple impressionnant de 600 Nm dès 2000 tours et 275 ch, suffisant pour procurer à la XJ des performances dignes d'une GT.
Le 0 à 100 km/h annoncé en 6,4 secondes est flatteur, même si les version V8 essence font logiquement mieux, respectivement 5,7 secondes pour la version atmosphérique de 385 ch et 4,9 secondes pour le V8 à compresseur de 510 ch.
Mais le diesel reste imbattable lorsqu'il s'agit de passer à la pompe puis à la caisse : avec une consommation moyenne revendiquée de 7 litres et 184 grammes de CO2 par kilomètre, la Jaguar XJ diesel est du genre exemplaire…sur le papier.
Sur la route
La première impression dominante à bord de ce gros « mazout », pardonnez ce terme, c'est le silence. Presque aucune vibration, peu de remontées sonores à travers le tablier, quasiment aucun bruit de roulement, et ce malgré les grosses roues de 20 pouces : la Jaguar XJ sait recevoir. Cette quiétude est doublée d'un confort d'assise notable. Les excellents sièges disposent de réglages lombaires et le dossier est ajustable sur les côtés.
A l'arrière, même constat, mais avec un bémol, nous l'avons évoqué tout à l'heure, il s'agit du manque de place pour les jambes. Pour une auto de 5,12 mètres, c'est un comble. Alors oui, la version longue (presque 5,25 mètres !) devrait mieux faire l'affaire…
Malgré des mensurations plus que généreuses, la Jaguar XJ tire très bien son épingle du jeu en termes dynamiques. Confortable, assurément, mais aussi précise dans ses trajectoires et rigoureuse lorsqu'il s'agit de mordre à la corde, elle se conduit avec plaisir et ne craint pas les enchaînements de virages. Les roues de 20 pouces équipant notre version d'essai dégradent peut être un peu le tableau confort, notamment sur la pavé parisien.
Dans la salle des machines, outre les V8 essence, le choix du V6 diesel apparaît le plus raisonné, mais pas le plus désagréable. Même pour les fervents défenseurs des motorisations essence dont nous sommes, force est de constater la disponibilité impressionnante et les excellentes accélérations que procurent ce 3.0 litre biturbo de 275 ch. Le meilleur, finalement, c'est qu'il se fait presque totalement oublier.
La boîte automatique à 6 rapports, douce et discrète elle aussi, participe à ce sentiment de quiétude. Et puis, avec seulement 7 litres aux 100 km de moyenne annoncés, la raison a toutes les chances de l'emporter sur la passion !
Un grand merci à Luc de Saint Seine pour nous avoir ouvert les portes de Grand Maisons, haut lieu d'accueil pour les séminaires, les réunions ou les mariages, à Villepreux (78).
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation