Essai JAGUAR XJ 6 Diesel
Jean-François Destin le 29/08/2005
Déjà monté avec bonheur sur la S-Type, le diesel bi-turbo 2.7l, fruit du partenariat entre Ford et PSA Peugeot/Citroën anime désormais la Jaguar XJ.
Présentation
Déjà monté avec bonheur sur la S-Type, le diesel bi-turbo 2.7l, fruit du partenariat entre Ford et PSA Peugeot/Citroën anime désormais la Jaguar XJ. Un événement car chez Jaguar, on n'imaginait pas il y a encore quelques années que ce vaisseau amiral emblématique de la marque pourrait un jour fonctionner au gazole. Une greffe pas si roturière lorsqu'on découvre la modernité de ce 6 cylindres de 206 chevaux aussi compact que léger et qui confère à la Jaguar XJ un agrément de conduite et des performances dignes de celles de la meilleure concurrence allemande. Cette réussite tient à sa structure allégée en aluminium et à un travail de fourmi effectué pour piéger les bruits et vibrations inhérents au diesel.
L'isolation du tableau de bord, le garnissage du tunnel de transmission, le carénage inférieur et les mousses isolantes sous le capot rendent le V6 diesel quasiment inaudible. Pour faire bonne mesure a été installé un double vitrage total faisant baisser les bruits extérieurs de 7 decibels. Un gain énorme se traduisant par une ambiance ouatée et reposante.
Bénéficiant d'un filtre à particules sans entretien, le V6 diesel bi-turbo est associé exclusivement à une boite automatique à 6 rapports avec mode «normal» et «sport». Une liaison heureuse dans les deux cas et une bonne surprise à la clé, la consommation restant en deçà des 10 litres au cent, sauf en ville bien entendu et en conduite sportive.
L'arrivée de ce diesel de haute lignée à la fin du mois d'octobre 2005 devrait relancer les ventes anémiques de la Jaguar XJ chez nous, cette berline s'inscrivant déjà dans un micro-marché très encombré de 3000 voitures seulement par an.
Pour prendre 10% de ce mini-créneau, Jaguar France nous refait le coup cher à Ford du diesel au prix de l'essence puisque la XJ 6 V6 2.7l bi-turbo Executive est facturée 67.900 €, soit le prix de la XJ6 V6 3l essence. La XJ diesel est également disponible à 73.500 € dans un retour de la finition Sovereign comprenant des équipements souvent superflus comme la commande vocale, les sièges arrière chauffants ou les jantes de 19 pouces sans doute responsables des trépidations de suspension enregistrées pendant notre essai.
Sur la route
Plus encore qu'au volant de la S-Type, pourtant modèle néo-rétro très inspiré, se glisser aux commandes d'une Jaguar XJ Sovereign procure un plaisir sensuel. La présence d'un très beau cuir odorant sur les sièges, le placage en bois précieux bien incrusté, le volant cuir et bois (qui aurait bien plu à mon père), une grille de levier de vitesse en J et un traité à l'ancienne suffisent à créer une atmosphère «so-british» des plus agréable. Le sachant, les ingénieurs de Jaguar se devaient de faire fonctionner le diesel bi-turbo dans la plus grande discrétion. Mission réussie car dès le lancement du moteur, on n'entend …rien ou presque. Et même lorsque commence à grimper l'aiguille du compte-tours, impossible de savoir quel carburant utilise la mécanique. Au rythme des murmures veloutés propres au V6 essence, la Jaguar installe sa majesté sur l'autoroute sans qu'augmentent ni les bruits mécaniques ni les sifflements aérodynamiques parasites habituels. Cette insonorisation globale digne d'une Lexus sanctionne le travail inouï des bureaux d'étude pour faire de la XJ un pullman roulant. C'est si réussi que tout achat d'une XJ essence, V6 3 litres, V8 3.5l ou 4.2l, ces deux dernières beaucoup plus chères, manque totalement de justifications.
Pour le reste, on retrouve la conduite sereine de la Jaguar XJ à laquelle concourt la bonne boite auto et une vivacité surprenante compte tenu du gabarit de la voiture. En revanche, la présence d'une suspension pneumatique devrait éliminer toute trépidation (ce qui n'est pas le cas) et assurer un meilleur amortissement aux passages des raccordements ou portions de bitume dégradées. Un mot encore pour regretter la petite inertie du moteur bi-turbo à très bas régime, un défaut constaté aussi sur la S-Type et la Peugeot 607 mais sur lequel butent les motoristes de Jaguar comme ceux de Peugeot.
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