Essai JAGUAR XJ 3.0 AWD
Loïc Bailliard le 18/06/2013
Après 3 ans de carrière, la Jaguar XJ s'offre une transmission intégrale, disponible avec le V6 essence compressé de la F-Type. Au risque de dénaturer son caractère ?
Félin intégral
Lors de sa sortie en 2010, la nouvelle Jaguar XJ a pour le moins interpellé les inconditionnels de la marque. Exit le style traditionnel qui perdurait depuis des décennies, place à une ligne ultra moderne et un habitacle high-tech. Pour autant, cette nouvelle génération n'avait rien perdu de son charme, aussi bien en matière d'élégance que du côté de l'expérience de conduite, qui savait mêler raffinement et dynamisme, même dans la version diesel essayée par nos soins à l'époque.
Trois ans après sa sortie, le gros félin continue à évoluer, et s'offre aujourd'hui deux arguments indispensables pour lutter contre les Audi A8, BMW Série 7 et Mercedes Classe S sur certains marchés : un V6 compressé de 3 litres associé à une transmission intégrale. Mais en abandonnant sa propulsion, la Jaguar XJ AWD perd-elle son charme ?
Pelage soyeux
A première vue, impossible de distinguer une XJ intégrale de ses sœurs à deux roues motrices. On retrouve donc l'étonnante ligne « 2 volumes et demi », avec sa malle presque intégrée à la ligne de toit et ses montants C noirs disparaissant dans la surface vitrée. Étranges de prime abord, ces choix stylistiques confèrent une belle personnalité à la Jaguar et parviennent à masquer partiellement ses dimensions imposantes. La berline annonce en effet 5,13 mètres de long et 1,90 m de large !
La ligne épurée, la calandre massive, le long capot musclé, la malle frappée d'un grand Jaguar bondissant ou les feux arrière « boomerang » sont autant de gimmicks désormais bien ancrés dans les esprits, et qui feraient presque oublier les optiques rondes et la formule tricorps traditionnelle des générations précédentes. Il est impossible de nier aujourd'hui que le designer Ian Callum a réussi son pari.
Dans l'habitacle aussi, la rupture avec la tradition est frappante, mais totalement réussie. La molette commandant la boîte de vitesse s'élevant de la console centrale au démarrage fait toujours son petit effet, de même que les compteurs, remplacés par un grand écran parfaitement lisible. Le toit ouvrant met en lumière la sellerie cuir, les sièges s'avèrent très confortables, le système son est de qualité et l'interface « d'infotainment » reste plutôt simple à utiliser. On regrette que quelques finitions évoquant l'aluminium soient en réalité du plastique (sur notre finition Luxe Premium), mais c'est bien l'un des rares reproches que l'on puisse faire à la XJ.
Des griffes aux 4 pattes
Mais cet habillage, on le connaissait déjà. Non, le principal attrait de cette XJ version 2013, c'est bien en coulisses qu'on le trouve. La berline hérite en effet d'une transmission intégrale, combinée nécessairement au V6 compressé de 3 litres développant ici 340 ch et associé à la boîte automatique ZF à 8 rapports.
Ce système repose sur une boîte de transfert répartissant le couple entre les différentiels avant et arrière. Si la position naturelle privilégie les roues arrière (à 80/20), les essieux peuvent se répartir la charge équitablement dans les situations de faible grip. L'ensemble fonctionne de façon totalement transparente, surtout sur les routes sèches empruntées lors de notre essai.
A lire aussi : les concurrentes
Gros matou
On aborde toujours un engin aussi imposant avec circonspection. Surtout lorsque les premiers kilomètres de l'essai se déroulent en région parisienne aux heures de pointe et qu'il faut naviguer dans un réseau de petites rues qui semblent mieux adaptées à une Twingo qu'à un « paquebot » de plus de 5 mètres. Pourtant, la XJ se laisse manier en douceur et fait oublier ses dimensions dès les premiers kilomètres. A bord, le calme règne et on se laisse bercer tranquillement par la musique et l'ambiance soignée. Sur autoroute, la Jaguar démontre qu'elle est capable d'avaler les kilomètres sans frémir et sans fatiguer ses occupants.
Puis on quitte les grands axes et on aborde enfin des tracés plus sélectifs. Ici, les virages s'enchaînent et le goudron se fait moins lisse. Et l'on découvre enfin l'étendue des capacités de la XJ !
A commencer par le moteur. Avec 340 ch et 332 Nm de couple, il ne manque pas de muscle, mais ne se montre pas non plus féroce. Avec une souplesse et une élasticité assez caractéristique des V6, il incite à une conduite coulée, en jouant sur les reprises à mi-régime (le couple est disponible assez tard, à 3 500 tr/min, tandis que la puissance est atteinte à 6 500 tr/min). Côté sonorité, on est bien loin des grognements féroces que ce V6 émet dans une F-Type. Ici, il ronronne tranquillement, lâchant tout au plus un miaulement discret à hauts régimes.
Mais ce qui domine totalement l'expérience mécanique de la Jaguar XJ, c'est bien la fabuleuse boîte automatique à 8 rapports. Osons le dire : il s'agit probablement de la meilleure transmission du marché. En automatique, elle est parfaitement transparente et se fait totalement oublier. Une fois le mode sport de la boîte et le mode « dynamic » de la gestion électronique enclenchés, on en peut en prendre le contrôle grâce aux palettes au volant. Elle est alors d'une rapidité époustouflante pour une automatique et marque les changements de rapports de façon nette, comme on pourrait l'attendre d'une double embrayage.
Côté châssis, la XJ impressionne. Grâce à sa construction faisant largement recourt à l'aluminium, elle conserve un poids limité pour sa taille. Cela lui permet de se montrer très agile, ce qui contribue largement à oublier son format généreux. Mais le système 4 roues motrices lui confère davantage un caractère de gros matou placide que de chaton joueur : le poids supplémentaire sur le train avant impose de bien l'accompagner dans les courbes avec les freins et de retarder un peu la réaccélération, sous peine de se faire sanctionner par un sous virage vite rattrapé par l'ESP. Même lorsque les systèmes sont déconnectés, jamais le train arrière ne décroche.
Le seul reproche notable que l'on puisse faire à la Jaguar XJ se situe au niveau du confort. En privilégiant le maintien de la caisse, les ingénieurs de la marque ont quelque peu sacrifié la douceur des suspensions. Un problème que les finitions supérieures (à partir de Portfolio) règlent grâce aux suspensions adaptatives.
À retenir
—
20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation