Essai JAGUAR XF-R
David Lamboley le 06/07/2009
La tradition des gros bombardiers britanniques n'est pas encore éteinte : La Jaguar XFR et ses 510 ch le prouve en provoquant ouvertement les références allemandes, BMW M5 en tête.
Présentation
La Jaguar XFR, grande berline de luxe débordant de testostérone, semble venir comme un cheveu sur la soupe en ces temps troubles pour l'industrie automobile, et notamment pour Jaguar, désormais sous la coupe de l'Indien Tata. Ford, l'oncle d'Amérique venu au secours de la marque anglaise en 1989, a effectivement dû se séparer d'un de ses joyaux… La XFR est pourtant là, pour notre plus grand plaisir, et remplace dans la gamme XF la SV8 4.2 litre à compresseur de 416 ch.
Elle illustre à quel point le marché actuel crée un gouffre à force de grand écart : en bas de l'échelle, les petites citadines et autres voitures low-cost dopent les ventes alors que dans les hautes sphères où se côtoient Audi, BMW, Mercedes, Jaguar ou Porsche, le pourcentage des « pompes à feu » de plus de 500 ch n'a jamais été aussi élevé ! A défaut d'être bon pour les ventes, ce genre automobile est excellent pour l'image d'un constructeur. L'aura de la Jaguar XF, qui a remplacé fin 2007 la baroque S-Type, est assez remarquable et a permis à Jaguar d'envisager un développement de la gamme vers le haut. D'où l'arrivée de la XFR affichant 510 ch, la berline la plus puissante et la plus performante de la marque, véritable pavé dans le pré carré allemand où les leaders ont pour nom BMW M5 –
V10 atmosphérique, 507 ch- et Mercedes E63 AMG –V8 atmosphérique, 514 ch-.
Pour tenir tête aux teutonnes sus-citées, l'Anglaise dispose d'une nouvelle arme en l'espèce du V8 à injection directe et compresseur cubant 5 litres, troisième génération de la famille AJ-V8. Outre un cœur plus vaillant, la Jaguar XFR dispose de tous les attributs sportifs, autant au chapitre du châssis qu'en termes de présentation. Une berline luxueuse de cette trempe fait payer ses prestations assez chèrement : comptez 92 900 euros. Joli coup de griffe en perspective dans votre compte en banque…
Design extérieur et intérieur
Chez Jaguar, le sport ne peut s'envisager sans raffinement. La Jaguar XFR en est l'exemple frappant, notamment lorsque l'on pénètre à l'intérieur. Un véritable salon cosy où il fait bon voyager. Vous connaissez déjà la XF, caractérisée à l'intérieur par un design avant-gardiste, plutôt épuré et cachant quelques petites attentions originales, comme le « Jaguar Drive Selector » la fameuse molette de commande des rapports de la boîte automatique qui s'érige au démarrage et se rétracte automatiquement à l'arrêt. Ou bien les bouches d'aérations, elles aussi occultables et permettant de parfaitement lisser la planche de bord.
Mais la griffe R ne pouvait éluder quelques accessoires spécifiques. Les sièges, notamment, adoptent un dessin propre permettant de mieux soutenir le corps en virage. La finition aluminium maillé de la planche de bord est elle aussi spécifique à cette version. N'oublions pas la signature « Supercharged » à l'intérieur des cadrans, rétroéclairés en bleu, ainsi que le R caractéristique sur la planche, côté passager. Bref, l'ambiance est indubitablement classe, voire même peut-être trop classique aux yeux de ceux qui attendaient une présentation plus extravertie.
Au chapitre qualité, les matériaux utilisés et le degré de finition apparaissent dans la moyenne haute. La Jaguar XFR, c'est aussi une ligne extérieure optimisée : prises d'air chromées agrandies à l'avant, ouïes perçant le capot moteur, jupes latérales, quatre sorties d'échappement, châssis rabaissé et grosses jantes de 20 pouces griffées « Supercharged ». Voilà qui donne envie de brûler de la gomme…
Mécanique et châssis
Le V8 à compresseur de la Jaguar XJR délivrant 510 ch et 625 Nm, nous l'avons évoqué, est tout nouveau. La cylindrée passe de 4.2 litre à 5.0 litre, et l'injection directe s'invite au programme. Le compresseur volumétrique de type Roots, coincé entre les bancs de cylindres, est également optimisé et offre plus de souffle tout en étant nettement plus discret à l'oreille. Fini le sirénage, donc, mais bonjour la poussée constante derrière les omoplates, illustrée par des reprises à couper le souffle (le 80 à 110 km/h est annoncé en 1,9 secondes et le 0 à 100 km/h en seulement 4,9 secondes !)
Avec une telle puissance et un tel couple transmis aux seules roues arrière, la Jaguar XFR a bien entendu fait l'objet de quelques petites optimisations. Côté freinage par exemple, le diamètre des disques avant progresse pour atteindre 380 mm. Il faut dire que la masse à vide atteint 1891 kg, autant dire plus de deux tonnes avec le plein, quelques bagages et deux personnes à bord ! La suspension à tarage automatique variable spécifique, elle, permet un amortissement selon les conditions de roulage. Rien de très nouveau sous le soleil par rapport au système CATS présent sur l'ancienne XF SV8, mais la gestion plus fine des paramètres autorise un excellent rapport entre sportivité et confort, à fortiori avec les énormes roues de 20 pouces de série.
Autre point d'amélioration, le différentiel piloté à gestion électronique permet de transmettre le couple à la roue plus adhérente en cas de glissement. Notons que les systèmes d'aide à la conduite, utiles sur chaussée glissante au regard de la généreuse puissance, sont déconnectables après une pression d'une dizaine de secondes sur la touche appropriée. Dans ce cas, et uniquement sur circuit bien entendu, le côté sauvage de ce gros matou, griffant l'asphalte et feulant comme un diable, prend largement le dessus. Si vous avez des talents de dompteur, le caractère de cette grosse Jag saura vous séduire…
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Sur la route
Malgré ce tempérament de feu, la Jaguar XFR sait très bien se tenir sur route ouverte, non pas grâce aux béquilles électroniques, mais tout simplement parce que son châssis s'avère réussi. Même s'il reprend en grande partie l'architecture de la S-Type, les nombreuses optimisations lui permettent de prodiguer un comportement à la fois sûr et efficace, dynamique sans devenir, passez l'expression, « tape-cul ».
Pourtant, le terme « sportivité » doit, dans son cas, être utilisé avec retenue. Tout d'abord, il s'agit d'une transmission à boîte automatique traditionnelle à convertisseur, au demeurant sans défaut majeur. Même avec un pseudo mode séquentiel, on ne peut pourtant pas dire que ce soit la panacée lorsque l'on décide de conduire le couteau entre les dents. Et lorsque le rythme s'accélère, on se rend compte que le poids important de la bête devient gênant. L'inertie, même si elle s'avère bien maîtrisée, est bel et bien présente dans les enchaînements de virages, et les freinages fréquents et appuyés font apparaître un net fading assez rapidement.
Mais inutile d'utiliser cette « arme de propulsion massive » contre-nature. La Jaguar XFR n'est pas une pistarde et son crédo n'est définitivement pas « light is right ». Pour résumer en quelques mots, inutile de chercher à exploiter pleinement les 510 ch. En revanche, l'homogénéité s'avère remarquable pour un tel engin, même à hautes vitesses. Le cocktail s'avère donc plutôt remarquable, même si la BMW M5, toujours elle, s'avère globalement plus réussie en termes dynamiques.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation