Essai JAGUAR XF 2.2d
David Lamboley le 25/12/2011
La nouvelle Jaguar XF voit vert ! Outre quelques retouches esthétiques, elle propose pour la première fois un 4 cylindres diesel doté du Stop/Start, permettant une consommation record…sur le papier.
Présentation
Rappelez-vous, en 2003, Jaguar avait osé l'impensable en dévoilant une X-Type, déjà de sang roturier, équipée de plus d'un bloc diesel emprunté à Ford et entraînant les roues avant. Un crime de lèse-majesté ! Pourtant depuis lors, le diesel a fait son chemin chez les constructeurs premium.
Jaguar n'a pas abandonné l'idée d'une version d'attaque carburant au mazout, d'autant qu'en termes de ventes aux entreprises, qui représentent parfois plus de la moitié du volume écoulé chez certains constructeurs généralistes en France, la présence d'un diesel dans la gamme reste une étape incontournable.
La X-Type n'existant plus depuis 2009, la Jaguar XF figure comme la berline « d'attaque », plus que jamais d'ailleurs lorsqu'elle est propulsée comme ici par le 4 cylindres 2.2 litre diesel développant 190 ch. Ce bloc d'origine Ford/PSA, accouplé d'office à une boîte automatique à 8 rapports exemplaire de douceur et de réactivité, propose également un système Stop/Start. Le verdict des consommations est éloquent, avec une moyenne annoncée de 5,4 l/100 km et des rejets de Co2 de 149 grammes par kilomètre, ce qui lui ouvre en grand le portail des flottes d'entreprises.
Pour le reste, la XF soigne son physique avec une nouvelle face avant, de nouvelles optiques intégrant un éclairage diurne à led, des ailes et un capot redessinés. L'habitacle, traité avec grand soin, reçoit de nouveaux habillages et un système multimédia/GPS à large écran tactile dernière génération, selon les finitions. Tarif : à partir de 44 900 euros.
Design extérieur et intérieur
La XF est unanimement reconnue comme une voiture dotée d'un style fort, réussie dehors comme dedans. Une véritable révolution stylistique après la période néo-rétro illustrée par sa devancière, la S-Type.
Aujourd'hui, le restyling de la XF veut souligner sa filiation avec la XJ. En toute subtilité, l'air de famille apparaît plus marqué. Les modifications extérieures majeures ont été apportées à la calandre, au bouclier, aux optiques et au capot, bref, tout la proue apparaît nouvelle et désormais très inspirée de la grande Jaguar. Cette forte ressemblance n'élude en rien l'élégance caractéristique du modèle, dont la ligne semble affinée. Les feux arrière légèrement modifiés et le jonc de couvercle de coffre sont également à noter.
La XF évolue moins à l'intérieur, et ce n'est pas critiquable. Les nouveaux assortiments de selleries et de placages sont un passage obligé lors de tout restyling. On remarque de nouveaux sièges au maintien amélioré, ainsi qu'un bloc d'instruments modifié. Enfin, l'écran multimédia tactile intégrant le système de navigation a été optimisé au niveau de ses commandes, avec par exemple une rangée de commutateurs (nav, phone, menu) permettant d'accéder directement aux différentes fonctions.
Parmi ce qui ne change guère, la remarquable molette rétractable qui commande les modes de boîte automatique, ainsi que les bouches d'aération occultables à commande électrique. L'ensemble de l'habitacle, en définitive, fleure bon la qualité et la noblesse, il est spacieux et ergonomiquement sans faille, très agréable et véritablement différenciant.
Mécanique, châssis
Les fins connaisseurs amateurs de chapeaux melon n'envisagent une Jaguar qu'avec des caractéristiques, disons, inébranlables. A commencer par un noble moteur, à 6 ou 8 cylindres, carburant de préférence au sans plomb, ainsi qu'une transmission aux roues arrière. La petite X-type a durement essuyé les plâtres d'une architecture plus conventionnelle (traction avant ou pseudo-intégrale) et de moteurs sans grande noblesse, y compris diesel.
La XF profite de son restyling pour offrir une mécanique dans l'air du temps, comme insistant sur le fait que le downsizing est un passage obligé pour survivre. Sous le capot de la XF, on connaissait déjà les V6 diesel. Voici désormais le 4 cylindres se délectant du même carburant. Equipant les françaises de chez PSA sous le patronyme DW 12 C, ce « Ford/PSA » se nomme AJ-i4D une fois sous la griffe Jaguar.
Ce moteur, que l'on retrouve par exemple sur les Land Rover Freelander, Peugeot 508, Citroën C5 ou C6, est ici, c'est une première, accouplé à une toute nouvelle boite automatique ZF à 8 rapports, irréprochable en termes d'agrément et de réactivité, et doublé d'un système de coupure du moteur à l'arrêt, ou Stop/Start.
Le groupe motopropulseur, monté ici longitudinalement, remplace donc dans la gamme l'ancien V6 2.7 diesel. Les performances très proches sont un point remarquable. Mais il s'agit ici surtout de consommations. Avec une moyenne mixte revendiquée de seulement 5,4 l/100 km et des rejets de Co2 limités à 149g/km, ce bloc fait de la XF 2.2 D la Jaguar de série la plus sobre et la plus « verte » de l'histoire de la marque, dixit le constructeur. Et accessoirement la moins chère, puisqu'elle reste sous la barre des 45 000 euros. Pour le reste, point de changements, le châssis reste identique à la précédente version.
Sur la route
Eluder le plaisir mécanique n'est pas une mince affaire lorsque l'on est amateur de belles automobiles. Mais les temps ont vite changé, et il est désormais admis, même dans la sphère premium, qu'une auto racée doit avant tout offrir de l'efficacité, du confort, un environnement irréprochable et un physique avantageux. S'intéresse-t-on au moteur d'un paquebot de croisière ? De toute évidence, non.
La XF 2.2 diesel regorge effectivement de talents. Il s'agit d'une véritable Jaguar, originale, « up to date » côté équipements, accueillante, voire chaleureuse. Comme à la maison… De plus, elle offre de belles qualités dynamiques au chapitre châssis, et c'est une propulsion. Bien équilibré, dotée de suspensions bien calibrées, la XF s'avère sécurisante, précise, efficace même à rythme soutenu. La masse moindre pesant sur le train avant, 4 cylindres oblige, lui donne même un « petit plus » en terme d'agrément de direction. Sympa à conduire, donc.
Et la mécanique dans tout ça ? Si cet « AJ-i4D » s'avère peu mélodieux et un poil bruyant à l'orée de la zone rouge, il mène avec bravoure les presque 1800 kg de la bête, bien aidé il est vrai par une nouvelle boîte ZF à l'étagement irréprochable, rapide en montées de rapports ou lors des rétrogradages et intuitive en conduite un brin sportive.
Sur le papier, les 8,5 secondes pour abattre le 0 à 100 km/h n'en font pas un foudre de guerre, mais il n'est pas ici question de se battre avec le chrono. Ce qui compte, soyons clairs, c'est la consommation. Spectaculaires, les 5,4 litres de moyenne annoncés sont impossible à atteindre en conduite normale, même en étant très raisonnable et particulièrement patient. Les 7,5 litres sont plus réalistes, et nous avons pour notre part atteint 8 litres de moyenne en mêlant conduite calme et quelques périodes dynamiques sur routes secondaires, en mode Sport. Pour une tel paquebot, c'est plutôt pas mal…
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation