Essai JAGUAR XE SV Project 8
Nicolas Valeano le 09/12/2019
Les opérations spéciales de Jaguar n'auront jamais aussi bien porté leur nom qu'avec cette incroyable Project 8, forte de 600 chevaux et d'un record au Nürburgring. Ou comment transfigurer totalement une petite berline XE en monstre échappé d'un circuit.
Coup de sang
À quoi mesure-t-on une voiture d'exception ? Par sa rareté ? Par ses performances exceptionnelles ? Par son look dévastateur ? Par son usage exclusif ? Par ses hurlements uniques à l'échappement ? Par son tarif délirant ? Par sa puissance de supercar ? Ou alors par tous ces critères réunis : voilà le petit exploit que réussit à faire Jaguar avec sa très exceptionnelle XE SV Project 8, dont nous avons pu brièvement prendre le volant sur le circuit routier de l'autodrome de Linas-Montlhéry. Le département des véhicules spéciaux de la marque britannique s'est lâché sur ce projet et cela se voit... de loin. La tranquille petite berline s'est transformée en bête de course qu'on croirait échappée d'un plateau de touring, parfaitement à sa place dans l'ambiance matinale du circuit, dans une brume so british. Son aileron, ses ailes élargies de plus de 5 cm pour laisser place à des pneus de 305 mm à l'arrière, ses boucliers carbone constellés d'entrées d'air, son capot carbone balafré d'une immense extraction d'air : tout concourt à être dans l'ambiance et en même temps, on comprend qu'ici, mis à part le jaguar géant sérigraphié sur les flancs, rien n'est fait pour la frime et chaque itération de la XE a bien sa fonction. Aluminium et fibre de carbone sont simplement sculptés pour laisser place à la performance, la tenue de route, la rigidité et naturellement, la légèreté. 3 couleurs de série sont proposées, complétées par 5 teintes optionnelles, voire pour ceux qui veulent ne jamais croiser la même auto sur la route, la possibilité de personnaliser complètement son auto au moyen de la palette de 10 000 variantes offertes par l'édition Bespoke by SVO.
Dans l'habitacle, le show est moins spectaculaire, mais on comprend aussi qu'on se trouve à bord d'une version d'exception, avec les applications de carbone et d'Alcantara et les palettes aluminium pour passer manuellement les 8 rapports de la boîte Quickshift. C'est du côté de la fiche technique que la voiture est encore la plus impressionnante, parfaitement en phase avec son look racing. Sous le capot, le V8 5.0 suralimenté de 600 chevaux et 700 Nm de couple occupe tout l'espace. Une cavalerie passée au sol au moyen d'une traction intégrale avec différentiel actif électronique arrière avec refroidisseur d'huile. Quelques chiffres ? 320 km/h en pointe et 3,7 s de 0 à 100 km/h, voilà qui donne le ton. En position Track Mode, la répartition fait la part belle à la propulsion et le contrôle de stabilité lâche la bride et l'assiette descend de 15 mm, une configuration utilisée pour battre le record des berlines 4 portes au Nürburgring. Car l'auto est rapide, très rapide, prouvant une fois de plus qu'il ne s'agit pas d'un exercice de style, mais d'un travail d'ingénieurs. La rigidité de la caisse encaisse, les chevaux poussent fort, très fort et les freins carbone-céramique (400 mm de diamètre et étriers 6 pistons) sont prêts à tellement plus endurer que les quelques tours de piste que nous avons pu effectuer... Quel potentiel ! Les Michelin Sport Cup 2 spécifiques offrent une adhérence exceptionnelle pour couronner le tout. Vive malgré ses quelque 1 745 kg, très naturelle à mener, bien raide mais pas inconfortable, elle délivre ses sensations brutes dans une bande son rauque et généreuse via l'échappement titane à valve active - on n'en attendait pas moins. Les montées en régime sont phénoménales et le manque d'inertie de l'ensemble surprend pour une auto malgré tout basée sur une simple familiale... devenue ultra haut de gamme avec ses 300 exemplaires (tous en conduite à gauche, thank you very much indeed) uniquement, montés à la main. Ce qui explique en partie un tarif assez hallucinant de 181 600 € en « simple » version 4 places, alors qu'une version Track Pack avec un arceau renforçant encore la rigidité (et supprimant les places arrière) et des baquets carbone (- 12,2 kg) avec harnais est aussi au programme.
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À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation