Essai JAGUAR XE 2.0 D 180 ch
Vincent Desmonts le 22/02/2016
Dix ans après l'échec cuisant de la X-Type, Jaguar revient sur le segment des berlines familiales avec une XE aux arguments plus affûtés. De quoi enfin empiéter sur les plates-bandes des Audi A4, BMW Série 3 et Mercedes Classe C ?
Soif de revanche
Comment descendre en gamme et élargir sa clientèle sans pour autant diluer son image de marque ? Le défi est universel chez les marques « premium », et certaines y sont parvenues bien mieux que d'autres. Si Audi est passé maître en la matière, Jaguar a trébuché avec sa X-Type, lancée en 2001. Basée sur une plate-forme de Ford Mondeo, alourdie par une transmission intégrale obligatoire et uniquement disponible avec de gourmands V6 essence, elle n'a pas réussi à séduire la clientèle européenne. L'arrivée tardive d'une version 4 cylindres diesel en traction avant n'aura pas inversé la tendance : le rachat de Jaguar par Tata Motors scellera le destin de cette « Baby Jag » qui n'aura jamais atteint ses (ambitieux) objectifs commerciaux.
Faire oublier la X-Type
Autant dire que pour cette nouvelle XE, Jaguar a bien retenu la leçon ! Cette fois, place à une plate-forme spécifique faisant largement appel à l'aluminium (que réutilisera le SUV F-Pace), des roues arrière motrices et une large gamme de motorisations, allant d'un sobre 2.0 diesel de 163 ch à un puissant V6 3.0 suralimenté de 340 ch. Et côté look, la XE tourne définitivement la page du style néo-rétro de la X-Type, en adoptant des lignes modernes et dynamiques, associées à des proportions athlétiques : long capot, malle courte. Avec 4,67 m de longueur, la XE s'inscrit dans la moyenne des familiales « premium ». C'est vrai aussi de son habitabilité : si les occupants des places avant sont bien installés, ceux de la banquette arrière seront plus à l'étroit. Quant à l'assise centrale, encombrée par le tunnel de transmission, elle ne servira qu'en dépannage. La Jaguar se fait pardonner grâce à une présentation moderne et chaleureuse, ainsi qu'une ergonomie sans fausse note. En particulier, l'écran tactile de l'info-divertissement InControl Touch est réactif et résiste bien aux salissures. En revanche, la qualité perçue n'est pas au niveau de la concurrence germanique : si les matériaux sont de bonne facture, l'assemblage et certaines finitions laissent un parfum d'inachevé.
Un châssis impressionnant...
Comme les autres modèles de la gamme Jaguar, la XE emploie donc massivement l'aluminium. Un choix qui ne se traduit cependant pas par un allègement spectaculaire : avec 1 565 kg en version 2.0 D 180 ch à boîte automatique, l'anglaise serait même assez lourde. Et pourtant, volant en mains, elle parvient à masquer cet embonpoint. La direction très précise commande un train avant incisif, et la transmission de la puissance aux roues arrière empêche toute remontée de couple dans le volant. La Jaguar XE se révèle ainsi agile et divertissante sur routes sinueuses à la manière d'une BMW Série 3, et même mieux amortie que cette dernière sur bitume dégradé. Mais ses suspensions se révèlent également très tolérantes pour les lombaires, au point de rejoindre une Mercedes Classe C en termes de confort. Le compromis idéal ? Oui, à un détail près : la direction qui manque de feeling. Difficile de « lire » le grip disponible sur le train avant. Pour le reste, ce châssis est incontestablement le point fort de la Jaguar XE.
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...mais un diesel bruyant
Sur le plan mécanique, le bilan est un peu moins flatteur. Certes, le moteur diesel 2.0 « Ingenium » dernier cri revendique tout l'attirail technologique moderne (rampe commune, accessoires pilotés pour réduire les frictions, dépollution par réduction catalytique sélective SCR…). Il affiche en outre une valeur de couple élevée pour la catégorie (430 Nm), qui se traduit dans la vraie vie par une belle aisance à bas et moyens régimes, en dépit d'une boîte automatique à huit rapports parfois un peu lente à rétrograder. Mais ce bloc « mazout » est plutôt gamin des rues de Liverpool que fils de la bonne société de Kensington : il parle fort et vibre un peu trop. D'une manière générale, l'habitacle de la XE n'a d'ailleurs pas l'ambiance feutrée d'un boudoir anglais. Les bruits de roulement et les sons issus de l'extérieur y sont en effet un peu trop présents. La dernière Audi A4 offre une atmosphère plus feutrée.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation