Essai JAGUAR F-Type Coupé
Vincent Desmonts le 16/06/2014
La Jaguar F-Type Coupé débarque sur le segment des sportives avec un look à se damner et un caractère bien trempé, particulièrement dans sa version R forte de 550 chevaux ! De quoi se poser en alternative valable à l'incontournable Porsche 911 ?
Griffes acérées
C'est l'une des premières consignes qu'a donné Ratan Tata, le nouveau propriétaire indien de Jaguar, aux dirigeants de la marque : donner enfin une véritable héritière à la légendaire Type E. Trois ans plus tard, la firme présentait au salon de Francfort 2011 le concept-car CX-16, qui mêlait des lignes sportives et totalement contemporaines à quelques clins d'œil à la glorieuse devancière des années 60.
Puis vint la F-Type Roadster en 2013, suivie aujourd'hui de la version Coupé. Et force est de reconnaître que les différences entre le concept-car et le modèle de série sont minimes, la plus grosse étant le remplacement de la lunette arrière s'ouvrant sur le côté (référence à la Type E) par un plus classique hayon. Pour le reste, tout y est !
À l'avant, le coupé F-Type reprend les traits du Roadster, avec une large calandre encadrée par quatre prises d'air, un capot long et plongeant, des optiques avec des feux de jour dessinant un J, ainsi que des ouïes latérales chromées. Mais c'est surtout la partie arrière qui magnétise les regards !
La « chute de reins » de la Jaguar F-Type Coupé est en effet somptueuse, tandis que les hanches rebondies, les feux étirés et les deux doubles sorties d'échappement suggèrent la puissance. Le dessin est simple, sans fioritures, mais diablement efficace ! On apprécie également les poignées de portières affleurantes, qui ne s'érigent des flancs que lorsque l'on déverrouille les ouvrants.
Tonne de plumes, tonne de plomb
Comme le Roadster, la F-Type Coupé est bâtie autour d'une coque en aluminium, dont la rigidité est bien évidemment accrue par rapport à la version découvrable. Selon Jaguar, il s'agit même de la coque la plus rigide jamais conçue par la marque. Mais en dépit de l'emploi de matériaux légers, la F-Type R Coupé affiche 1 645 kilos sur la balance, soit tout de même deux bons quintaux de plus qu'une Porsche 911 Carrera S, dotée pourtant d'une structure employant encore pas mal d'acier.
L'habitacle reprend la planche de bord de la version Roadster, et l'ambiance est un agréable mélange de luxe et de sportivité. La barre verticale de la console centrale, l'excellente position de conduite et les sièges sport signés d'un « R » composent une ambiance très cockpit, tandis que le cuir omniprésent de notre modèle d'essai (l'habillage tout cuir est une option) compose une atmosphère cossue. Dans le détail, cependant, la finition n'est pas parfaite, certains matériaux n'offrant pas la qualité attendue à ce niveau de prix.
Et si le tarif facial est attractif, les options restent assez nombreuses : il faut mettre la main au portefeuille pour s'offrir des équipements tels que le GPS tactile (un peu daté), le Bluetooth, les sièges à réglages électriques ou encore la clé mains libres. Notre auto recevait ainsi un peu plus de 17 000 € de suppléments... Consolation : le coffre se révèle étonnamment spacieux (407 dm3). En revanche, la visibilité de trois-quarts arrière est exécrable !
Une bande-son d'enfer !
Une pression sur le bouton « Start/stop engine », et le V8 s'éveille dans un grondement spectaculaire, avant de s'établir sur un ralenti plus discret. Il s'agit du moteur 5 litres à compresseur « AJV8 Gen III », doté d'un bloc tout aluminium et de l'injection directe, qui développe ici la bagatelle de 550 chevaux et... 680 Nm de couple !
Il est exclusivement associé à la boîte automatique ZF à 8 rapports commandée par des palettes au volant. Inutile de préciser que ce groupe motopropulseur offre des performances de premier plan à la Jaguar F-Type Coupé, qui signe un 0 à 100 km/h en 4,2 secondes et est bridée électroniquement à 300 km/h : seule l'ultra-efficace Nissan GT-R fait mieux.
Mais la japonaise ne saurait égaler l'anglaise sur le plan sonore, particulièrement lorsqu'on active l'échappement sport (de série sur la version R) : la Jaguar nous gratifie alors d'un impressionnant ronronnement ponctué d'éructations et autres détonations lorsque l'on soulage l'accélérateur après une forte accélération.
Une bande-son que ne renierait pas une vraie voiture de course, et qui incite à jouer plus que de raison avec la pédale de droite. Un plaisir certes un brin puéril, mais ce n'est pas le moindre des talents de cette F-Type que de réveiller l'enfant qui sommeille en chacun de nous.
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Un comportement étonnamment prévenant
Un moteur gorgé de couple et de chevaux, un empattement plutôt réduit, seulement deux roues motrices et... une météo exécrable : difficile de ne pas éprouver un peu d'appréhension à l'idée de passer une journée très pluvieuse aux commandes de la F-Type R Coupé !
Pourtant, celle-ci s'estompe au fil des kilomètres, car la Jaguar sait rentrer ses griffes : lorsqu'elle se dérobe, c'est toujours avec douceur et progressivité, ce qui participe au plaisir de conduite. Si bien que l'on s'enhardit à user et abuser de cette pédale de droite, qui délivre un très addictif mélange d'accélération et de musicalité. La boîte de vitesses ZF fait pour sa part un excellent travail, en étant très réactive et en sélectionnant toujours le bon rapport, si bien que l'on n'a guère besoin d'utiliser les palettes au volant.
Mais à mesure que l'on hausse le rythme, on déplore cependant une direction qui manque cruellement de feeling : difficile de ressentir le niveau d'adhérence du train avant, tant la montée en effort est faible lors des mises en appui.
En outre, malgré l'amortissement piloté de série, le compromis de suspension n'atteint pas le raffinement que l'on peut apprécier sur une 911 : la F-Type se laisse déstabiliser par les plus grosses bosses, qui altèrent la tenue de cap. Autre grief, plus petit celui-là : la pédale de frein offre un feeling quelque peu spongieux à basse vitesse. Elle se révèle heureusement facile à doser à rythme plus élevé.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation