Essai FORD USA Bronco Badlands

Les 4x4 franchisseurs disponibles aux catalogues des constructeurs sur le marché français se font rares, aussi voir arriver le Ford Bronco aux côtés du Jeep Wrangler ou du Land Rover Defender ne pourra que réjouir les amateurs du genre. Pourtant, malgré cette rareté, Ford ne prévoit pas d'en vendre plus d'une ou deux centaines en France. La faute au malus (50 % du prix de l'engin) ? Sans doute. Disponible à partir de 76 500 euros (hors malus, donc), nous avons pu mettre le Bronco dans sa zone de confort, laquelle vous l'aurez compris, n'est pas la route.

Sur le papier, le Ford Bronco est presque un « petit » 4x4. Mais s'il ne fait guère que 4,80 mètres de long, c'est surtout par sa largeur (2,20 m rétroviseurs déployés) et sa hauteur (1,96 mètre en version Badlands) qu'il en impose. On monte littéralement à bord, éventuellement en s'aidant de la solide poignée arrimée au tableau de bord. Pour le design, Ford n'est pas allé chercher très loin. Si une Jeep Wrangler ressemble depuis toujours à une Jeep Wrangler, le Ford Bronco 2023 reprend les traits et les proportions du Ford Bronco originel de 1966. Des flancs droits, deux gros feux ronds devant et des panneaux de carrosserie entièrement amovibles depuis les portières jusqu'au toit : voilà pour la recette.

À l'intérieur, le Bronco n'échappe pas à la présence d'écrans multimédia dont savent heureusement tirer parti les programmes d'évolution 4x4, notamment avec des caméras permettant de scruter le terrain sous toutes ses coutures. Ce rôle était jusqu'à récemment réservé au spotter, lequel passait plus de temps à évoluer à pied à côté de l'auto pour guider le pilote. Il pourra désormais appréhender la majorité des difficultés du sol depuis la cabine.

Dans l'habitacle, le gros volant arborant le cheval ruant (le bronco désigne un cheval indompté en Amérique du nord) vient rappeler la filiation de l'engin. Et si nous évoquions la présence d'écrans (le combiné porte instruments n'y échappe pas non plus), l'ambiance est définitivement orientée baroud, avec de grosses poignées, un levier de vitesse surdimensionné, un énorme accoudoir central qui regroupe également les commandes des vitres et des rétroviseurs et, sur notre version Badlands, une rampe de six boutons « auxiliaires » précâblés situés au-dessus du rétroviseur et destinés à alimenter ici une rampe de LED, un treuil ou un quelconque autre accessoire indissociable de l'évolution en terrain difficile.

Nous commençons notre essai par ce pour quoi est fait le Bronco : du tout terrain. Le terrain de jeu, le Domaine de Forrest-Hill situé dans les Yvelines, a accueilli en son temps des entraînements au Camel Trophy. Il condense suffisamment de difficultés pour pouvoir apprécier les capacités de franchisseur de la machine. Dans cette version Badlands (à partir de 80 500 euros), les barres stabilisatrices avant sont déconnectables pour donner encore plus de débattement aux suspensions, en plus des blocages de différentiel avant et arrière ainsi que, bien sûr, des rapports de boîte raccourcis pour la pratique du tout terrain. Ces éléments techniques sont en plus aidés par les différents programmes électroniques (terrain glissant, boue, sable, rocher…) qui viennent assister le conducteur si nécessaire. À la moindre difficulté rencontrée en mode normal, il suffira de choisir les bons outils pour passer un à un les différents obstacles avec une facilité déconcertante en apparence.

Mais assistance ou pas, il ne faut jamais omettre la règle de base du 4x4 : on évolue aussi lentement que possible, aussi vite que nécessaire. Et toujours avec une grande prudence. En tout état de cause, le V6 Ecoboost de 2,7 litres associé à la boîte automatique à 10 rapports semble en mesure de sortir le Bronco de presque toutes les situations sur le seul filet de gaz de son ralenti. Mais ce n'est pas là sa seule compétence.

Sur la route, il peut en effet mener l'engin de 2,2 tonnes de 0 à 100 km/h en moins de 7 secondes en version Outer Banks (un peu plus en version Badlands). Mais le bitume n'est pas le terrain préféré du Bronco, tout comme il n'est d'ailleurs pas celui du Wrangler chez Jeep, bien que le Ford soit nettement plus rigoureux en tous les domaines. Sa largeur incite à la prudence à la moindre courbe, il y conserve bien mieux le cap que le Jeep. Quant aux suspensions, leurs trépidations fréquentes sur la route n'ont d'égales que leur confort en tout terrain. Cela étant, si un parcours routier s'avère impossible à éviter, sachez que la consommation moyenne relevée à l'ordinateur de bord, moins de 14 litres aux cent kilomètres, nous a semblé presque raisonnable eu égard aux caractéristiques de l'engin et en l'absence de toute hybridation.