Essai FERRARI SF90 Stradale
Walid Bouarab le 22/11/2021
En dévoilant son premier modèle hybride rechargeable, Ferrari ne fait pas que marquer son histoire. La SF90 Stradale instaure également de nouveaux standards en termes de performances et d'efficacité. Sidérante.
Perte de repères
L'hybridation est arrivée comme un salut. Habile stratagème permettant de ne pas tomber sous le joug d'un malus assassin, il a aussi permis d'installer de confortables cavaleries sous le capot des modèles les plus mainstream. Mais il n'y a pas qu'aux constructeurs généralistes que ce courant électrique profite. On se souvient du débarquement en force, en 2013, de la Sainte Trinité incarnée par les McLaren P1, Porsche 918 Spyder et Ferrari LaFerrari. Trois supercars dont les performances n'avaient d'égal que le prix, à sept chiffres. Huit ans plus tard, leurs attributs se seraient-ils démocratisés ?
Chez Ferrari, la nouvelle SF90 Stradale passerait presque pour bonne affaire, avec un ticket d'entrée situé juste sous les 450 000 €. Certes, le demi-million n'est qu'à quelques options près... Mais peu importe. Ce nouveau porte étendard est la Ferrari de route la plus puissante et la plus rapide (sur le circuit maison de Fiorano) de l'histoire de la marque. De quoi en intimider plus d'un. Pourtant, sa robe la rendrait presque discrète, comparée aux lignes spectaculaires de LaFerrari. Double museau tranchant en pointe, galbe généreux mais pas ostentatoire, portières à l'ouverture classique, l'italienne ne manque pas d'allure. Mais à savoir ce qui se cache en-dessous, sa discrétion étonne.
Derrière le poste de pilotage, implanté très bas, le V8 biturbo maison crache déjà 780 ch élevés aux hormones. Il est ici suppléé par trois moteurs électriques qui portent la puissance totale à 1000 ch. Le premier est situé entre le bloc et la transmission, et les deux autres sur l'essieu avant. Ce sont d'ailleurs ces deux derniers qui prodiguent une expérience de conduite jusqu'alors inédite à bord d'un modèle de Maranello : évoluer en tout électrique. Déroutant. En mode eDrive, l'italienne glisse furtivement dans un sifflement typique des modèles zéro émission. Sa batterie de 7,9 kWh permet de parcourir jusqu'à 25 km sans réveiller le bloc thermique, et ce jusqu'à 135 km/h. La relative compacité de sa « pile » et l'efficace procédure de recharge via le V8 permet de refaire le plein de jus en seulement 40 minutes de roulage. C'est à se questionner sur l'utilité d'un câble de recharge !
Le fonctionnement de cette complexe machinerie assimilé, l'heure est à la pratique. A la moindre relance du pied droit, l'italienne développe une poussée ahurissante, rarement vécue sur une machine à quatre roues. L'accélération est d'une violence inouïe, mais maîtrisée. Le grip phénoménal et l'intelligent travail des différentes unités de puissance (oui, n'ayons pas peur d'utiliser un langage de Formule 1), permettent de faire passer la puissance au sol. Sur revêtement inégal et mode Race enclenché, la SF90 Stradale grise et valorise. Facile et prévisible, elle sait absorber les irrégularités pour favoriser la précision de conduite. Le tout orchestré par une transmission automatique omnisciente, et capable d'aller aux devants des volontés du pilote.
Mais il n'y a que sur circuit que le plein potentiel de cette supercar hybride peut être exploité. Les 6,7 secondes nécessaires pour effectuer le 0 à 200 km/h semblent bien plausibles tant la compression contre le baquet se fait sentir. Il faut se battre contre les lois de la physique pour anticiper l'arrivée fulgurante des virages. La direction ultra précise commande un train avant tranchant comme un scalpel. Et si le rythme soutenu à l'abord d'une courbe provoque un léger sous virage, la gestion électronique des moteurs avant sait rediriger la bête vers le point de corde via une judicieuse répartition du couple. Déroutant. L'ESP et l'antipatinage sont si finement configurés, qu'il est finalement plus probable de réaliser un meilleur chrono avec un minimum d'aides électroniques enclenchés.
Alors que lui reprocher, à cette SF90 Stradale ? D'abord une sonorité très présente mais finalement quelconque. Mais surtout, un intérieur certes élégant mais dont l'ergonomie « tout tactile » hérité de la Roma rend l'utilisation des commandes franchement pénibles. Dommage, car pour le reste, cette Ferrari pas comme les autres marquera l'histoire. Plus performante que le plus performant des pilotes et technologiquement très avancée, cette Formule 1 de la route (c'est la traduction de son patronyme), contraint à prendre de nouveaux repères.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation