Essai BMW M850i xDrive Coupé
Vincent Desmonts le 10/12/2018
Pour remplacer sa Série 6, BMW ressort un numéro 8 qui ne lui a pas toujours porté bonheur. Mais de bonnes fées se sont penchées sur le berceau du nouveau coupé Série 8 : il fait déjà parler la poudre dans cette version M850i ! De bon augure pour la future M8...
L'heure de la revanche
J'avais 12 ans, mais je m'en souviens comme si c'était hier. À la maison, l'émission « Turbo » était le rendez-vous hebdomadaire incontournable, suivi religieusement par toute la famille. En ce soir d'automne 1989, un véritable OVNI s'afficha sur le poste de télévision. Un coupé sculptural, aux lignes spectaculaires et parfaites, une BMW totalement atypique, tellement belle qu'elle me paraissait irréelle. Son nom ? La Série 8 ! J'étais totalement envoûté ! Mais entre les fantasmes d'adolescent et la dure réalité, il y a souvent un monde. Si la M850i était un pur chef-d'œuvre esthétique, elle n'a jamais su choisir son camp. Lourde et trop avare en sensations pour attirer les amateurs de sportives, elle n'était pas non plus assez confortable pour espérer concurrencer les grands coupés Mercedes SEC ou CL. Malgré l'apparition de déclinaisons plus performantes, ce fut un véritable flop commercial, avec à peine 31 000 exemplaires vendus dans le monde entier en neuf ans de carrière ! Une mévente qui laissera un souvenir cuisant chez BMW. Après l'arrêt de la production de la Série 8 en 1999, il faudra ainsi attendre quatre ans avant que le constructeur ne revienne sur le marché des grands coupés... avec un matricule différent : Série 6. Après deux générations de celui-ci, voici donc que réapparaît une BMW M850i, presque trente ans après celle dont le poster ornait ma chambre d'ado.
Grand dehors, petit dedans
Pour le coup, cette M850i n'a esthétiquement pas grand-chose à voir avec sa devancière des années 90, même si elle partage avec elle sa ligne de pavillon fuyante. C'est un coupé aux proportions classiques, avec un (très) long capot et une face avant empreinte d'agressivité. Ses lignes s'inspirent du Concept 8 Series dévoilé au concours d'élégance de Villa d'Este en 2017, mais les petits détails qui faisaient tout le charme de ce dernier ont hélas disparu lors du passage à la série. Le capot est moins plongeant, les flancs ne sont plus sculptés et le postérieur concave est passé à la trappe. Mais ne faisons pas non plus trop les difficiles : le coupé Série 8 G15 est indéniablement une belle auto. Il est plutôt grand aussi, avec 4,85 m de longueur. C'est nettement moins, bien sûr, que l'immense Mercedes Classe S Coupé (5,03 m!), mais beaucoup plus que la nouvelle Porsche 911 type 992 (4,52 m). Pourtant, malgré ces amples dimensions, la BMW M850i n'est pas une championne d'habitabilité. À l'avant, tout va bien, mais les places arrière sont exiguës : l'espace manque, tant au niveau des jambes que de la tête. On les réservera donc à de (petits) enfants. De toutes manières, BMW lancera en 2019 une Série 8 Gran Coupé à quatre portes, mieux à même de satisfaire les familles. Le « vrai » coupé se destine quant à lui davantage à ceux dont les enfants, déjà grands, ont quitté le nid.
Le loup se fait agneau
Une clientèle huppée qui appréciera la présentation intérieure raffinée. C'est cosy, plutôt chaleureux, un vrai cocon de luxe ! Le conducteur est installé au centre d'un véritable petit cockpit, avec sous les yeux une instrumentation entièrement numérique (ça devient la norme) que jouxte un vaste écran tactile. L'ergonomie est assez claire, même si la navigation dans les nombreux menus et sous-menus n'est pas des plus simples. Heureusement, la commande vocale très efficace permet d'effectuer un grand nombre de manipulations sans quitter la route des yeux. Quant à l'équipement, il est complet : sièges cuir, affichage tête haute couleur, clé mains libres et sièges électriques à mémoires font par exemple partie de la dotation standard. Notre version M850i y ajoute une sellerie cuir intégrale, des inserts en acier inoxydable et un volant sport M. Le sport, d'accord, mais en Weston. De sport, il n'est d'ailleurs guère question pour ce début d'essai, qui doit nous mener du chaos automobile parisien aux giboyeuses forêts solognotes. On n'en mène d'ailleurs pas trop large au moment de s'extraire de l'étroit parking souterrain aux vicieux trottoirs mangeurs de jantes ! Mais tout se passe bien, notamment parce que la BMW M850i dispose (en série!) de roues arrière directrices gages d'une maniabilité étonnante vu le gabarit de l'engin. En ville, ce coupé se fait agneau, avec une direction douce comme de la soie, une sonorité moteur présente mais cultivée et une boîte qui égrène ses rapports sans l'ombre d'un à-coup. Tout juste pourra-t-on reprocher un léger manque de filtration des suspensions sur les pavés. Sur l'autoroute, la chaîne Hi-Fi distille sa petite mélodie dans une ambiance feutrée, et seuls les départs musclés aux péages laissent entrevoir le potentiel de la bête !
Les muscles du cou à rude épreuve !
Car c'est bien d'une bête dont il s'agit. Sous le capot de cette M850i se trouve en effet le plus puissant moteur « non M » de la gamme BMW : le V8 4.4 biturbo « N63 » délivre ici 530 ch et pas moins de 750 Nm de couple sur une plage XXL allant de 1 800 à 4 600 tr/min. Associé à la toujours très efficace boîte automatique à huit rapports et à la transmission intégrale xDrive, il forme un ensemble d'une redoutable efficacité ! Malgré un poids de 1 890 kg à vide, la M850i est ainsi catapultée comme un Rafale du porte-avions Charles-de-Gaulle : le 0 à 100 km/h ne réclame que 3,7 s ! Et le coupé Série 8 ne donne guère l'impression de s'essouffler ensuite, avec une accélération forte et constante. Les muscles de mon cou s'en souviennent encore ! Foi de journaliste auto, une poussée pareille, c'est du (très) rarement vu. À tel point que l'on se demande ce que pourra bien donner la future M8 ! Tout aussi impressionnante est la capacité du châssis à gérer cette fougue. J'ai déjà mentionné la présence des quatre roues directrices, auxquelles il faut également ajouter l'amortissement piloté, lui aussi en série. À ceci, la version M850i ajoute un différentiel arrière autobloquant, tandis que des barres antiroulis actives sont disponibles en option (2 700 €). Avec toute cette armada, la Série 8 se conduit comme un vélo à n'importe quelle allure ! Même lorsque la route est un peu grasse ou le bitume un peu froid, l'efficacité impressionne et la progressivité des réactions rassure. La direction est précise, le train avant hyper-incisif et le freinage (étriers à quatre pistons à l'avant) fait preuve d'une bonne endurance. Seul l'amortissement toujours un poil trop ferme vient ternir (légèrement) le tableau.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation