Essai BMW M4 GTS
Vincent Desmonts le 07/11/2016
En adoptant un système d'injection d'eau, la BMW M4 crache le feu dans cette radicale déclinaison GTS. Une version au caractère bien trempé qui ne laissera pas indifférent !
L'eau et le feu
Depuis la génération E36, la BMW M3 est devenue un parangon de sportivité polyvalente. De temps en temps, cependant, la M3 renoue avec ses origines au travers de séries limitées aux noms évocateurs, comme CSL ou GTS. Une manière de rappeler que la toute première M3 E30 fut avant tout la version d'homologation d'une voiture de course au palmarès éclatant. Et même si la M3 à carrosserie de coupé s'appelle désormais M4, le département Motorsport de BMW a souhaité poursuivre cette tradition. Voici donc la BMW M4 GTS, une série très spéciale affichée la bagatelle de 149 900 €, soit presque… le double d'une M4 standard ! Un prix élevé que BMW justifie par l'exclusivité du modèle, puisque la marque ne produira que 700 exemplaires… déjà tous vendus. Si bien que les rares modèles proposés en occasion s'affichent déjà à plus de 200 000 € ! Spéculation, quand tu nous tiens…
Un look typé « course » !
En échange de cette coquette somme, on obtient une M4 totalement décomplexée ! Cette BMW M4 GTS semble échappée d'une manche du DTM, le championnat allemand de supertourisme – remporté par le pilote maison Marco Wittmann. Avec ses appendices aérodynamiques extravagants, sa peinture gris mat et ses touches d'orange, la M4 GTS ne passe pas inaperçue ! Dans le détail, cette version se distingue par son capot en carbone ainsi que par une lame avant, elle aussi en carbone, réglable sur deux positions (route ou circuit). Cette lame étant très exposée, il vaudra d'ailleurs mieux aborder les ralentisseurs avec prudence ! Comme les autres M4 Coupé, la BMW M4 GTS dispose également d'un toit en carbone, mais elle y ajoute un aileron taillé dans le même matériau, réglable sur trois positions et monté sur d'élégants supports en aluminium fraisé. Enfin, le kit carbone est complété par un diffuseur arrière spécifique. Celui-ci accueille des embouts d'échappement en titane. Ajoutez-y les drôles de jantes de 19 et 20 pouces en alliage matricé, et vous obtenez un « total look » de guerrière du bitume. Avec une discrète touche high-tech : les feux arrière à diodes OLED, exclusifs à cette version.
Une salle, deux ambiances
Dans l'habitacle, la radicalité le dispute au raffinement. La planche de bord reste ainsi celle, très cossue, des BMW M4, avec des matériaux de qualité et des assemblages rigoureux. Et, à la différence de la M3 GTS dont elle est l'héritière, la BMW M4 GTS affiche un équipement complet : radio, climatisation, GPS et même régulateur de vitesse sont ici en série. Pour autant, l'esprit « racing » est bien là, incarné d'abord par les sièges baquet à coque en carbone, qui marient efficacement confort et maintien. La console centrale est spécifique et plus dépouillée que celle des M4 normales, tandis que les contreportes, réalisées dans un matériau léger biosourcé, arborent de simples lanières à la place des poignées classiques. Enfin, la banquette arrière a été retirée. Et pour renforcer encore son aspect course, notre modèle d'essai dispose du pack Clubsport (option gratuite), qui ajoute un extincteur (!) ainsi qu'un demi-arceau orange sur lequel viennent se fixer des harnais six points.
Affûtée comme un poignard
Une pichenette sur le bouton de démarrage et voilà mes voisins réveillés pour de bon ! Et pourtant l'auto est réglée en mode « Confort », le plus civilisé. Ça promet ! Les premiers kilomètres se font à train de sénateur, embouteillages obligent. Mais à part les regards interloqués des autres automobilistes, épatés de croiser une auto arceautée dans le morne trafic quotidien, rien ne sort de l'ordinaire. Cette BMW M4 GTS sait en effet faire patte de velours, avec une boîte à double embrayage douce comme de la soie, un moteur discret et des suspensions étonnamment tolérantes. De là à envisager de l'utiliser au quotidien, il y a tout de même un pas, notamment à cause des pneus choisis par BMW : des Michelin Pilot Sport Cup 2 aux sculptures minimalistes et dont la gomme manque cruellement d'adhérence à froid et sur sol humide. Autant dire que la M4 GTS n'est pas le genre de sportive que l'on conduit le coude à la portière ! D'abord, parce qu'il n'y a plus d'accoudoirs. Et surtout parce que cette « M » là est affûtée comme un poignard ! Par rapport à une M4 normale, et malgré les nombreuses pièces en carbone, l'allègement reste symbolique : la GTS n'a perdu que 27 kilos, et dépasse encore la tonne et demie. Mais c'est comme si le châssis était directement relié à votre cerveau ! Notamment la direction, ultraprécise et très informative. Elle est toujours à assistance électrique, mais a été recalibrée et est l'une des meilleures du genre. Quant au train avant, il est plus incisif que jamais. L'amortissement, moins sensible à l'état de la route que sur la M4 normale, est également plus convaincant. Les plus allumés pourront même utiliser les outils fournis pour ajuster les combinés ressorts-amortisseurs, réglables en compression (haute et basse vitesse) comme en détente. Revers de la médaille, si elle est agile comme jamais, la BMW M4 GTS n'est pas à mettre entre toutes les mains. Au moins, vous ne risquez pas la somnolence à son volant, tant il vous faudra rester concentré afin de domestiquer la fougue de son 6 cylindres !
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Un moteur plus volubile que jamais
Il s'agit du même bloc que sur les M4 normales, avec injection directe, deux turbos, levée variable des soupapes Valvetronic ou encore double Vanos. Mais il reçoit en plus un inédit système de refroidissement par eau pulvérisée dans les tubulures d'admission. Ceci abaisse d'environ 25°C la température de l'air admis dans les cylindres, autorisant une augmentation substantielle du taux de compression sans risque de cliquetis. Du coup, la puissance bondit de 431 à 500 ch, tandis que le couple atteint les 600 Nm. Forcément, les performances progressent : le 0 à 100 km/h est effectué en 3,8 s (4,1 pour la M4 normale), tandis que la bride électronique de limitation de la vitesse maxi est relevée à… 305 km/h ! Surtout, le caractère moteur est bouleversé : le 6 cylindres part plus volontiers à l'assaut du compte-tours et se révèle nettement plus volubile grâce à un silencieux en titane et à l'insonorisation « allégée ». Une musicalité qui change du grondement atone du bloc d'origine, et qui fait dire que cet échappement devrait être remboursé par la Sécu !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation