Essai AUDI SQ5 TDI
Vincent Desmonts le 22/04/2013
L'Audi SQ5 TDI brise deux tabous : c'est le premier SUV labellisé « S » de la marque aux Anneaux, et c'est aussi le premier modèle « S » à carburer au gazole. Double hérésie ou compromis intéressant ?
Le diesel en odeur de sainteté
L'Audi SQ5 TDI est l'illustration même de l'incroyable évolution de la définition d'une sportive au cours des dernières années ! Pendant longtemps, une sportive était forcément basse, trapue, peu pratique. Puis les GTI sont arrivées, conjuguant l'aspect « utilitaire » d'une carrosserie grand public à des performances élevées.
Ce mouvement a continué avec l'arrivée de sportives diesel, puis de SUV sportifs. Le SQ5 TDI marque la fusion de ces deux dernières tendances, en assumant crânement son appartenance à la famille des Audi S, dont il est le premier (pour l'instant?) représentant diesel. Pour l'anecdote, sachez que l'Audi SQ5 existe également en version essence... mais l'Europe, trop « gazolophile », en est privée !
Discret dehors, sobre dedans
Sur le plan esthétique, le SQ5 TDI se garde de trop ouvertement revendiquer son appartenance à la tribu « huile lourde » : seul le volet de hayon reçoit un badge TDI, les ailes avant se contentant d'un insigne « V6T », tandis que la calandre mentionne simplement « SQ5 ». Pour le reste, l'engin conserve la discrétion habituelle des modèles « S » : les aficionados de la marque reconnaîtront la calandre à barrettes doubles, les rétroviseurs extérieurs façon aluminium, tandis que l'arrière se pare d'un discret becquet et de deux doubles sorties d'échappement.
Quant aux plus observateurs, ils remarqueront l'assiette rabaissée de 30 millimètres, ainsi que les fins déflecteurs au niveau des passages de roues, qui trahissent l'élargissement des voies (+ 21 mm à l'avant et + 6 mm à l'arrière).
L'habitacle joue également la partition de la sportivité discrète, avec des sièges légèrement enveloppants, un volant à quatre branches siglé SQ5 et une instrumentation à fond gris. Une fois n'est pas coutume, l'équipement est plutôt complet, puisque la sellerie cuir, le toit ouvrant panoramique, la caméra de recul, le système de navigation ou encore la clé mains libres font partie de la dotation standard. Comme quoi, il y a du progrès... même si les options restent encore coûteuses.
Un punch bien réel et un son... artificiel !
Mais alors me direz-vous, c'est comment à conduire, un « SUV sportif diesel » ? Étonnamment, ce cocktail contre nature fonctionne plutôt bien. D'abord grâce au punch de ce fameux V6 BiTDI, qui dispose d'une double suralimentation séquentielle, avec un turbo s'occupant des bas régimes et l'autre prenant le relais en haut du compte-tours. Certes, ce dernier voit sa zone rouge débuter à 5 000 tr/min, mais le moteur y va gaillardement, sans signe d'essoufflement. Pour le reste, le couple colossal (650 Nm dès 1 450 tr/min!) et les 313 chevaux contribuent à gommer la masse du SQ5 : ses 1 920 kilos sont propulsés sans effort de 0 à 100 km/h en 5,1 secondes, tandis que l'engin plafonnera à 250 km/h.
Pour digérer un tel punch, la boîte à double embrayage S-Tronic a été remplacée par l'excellente transmission automatique à 8 rapports ZF, qui épate autant par sa douceur que par sa réactivité et l'à-propos de ses changements de vitesse.
Enfin, pas de « clac-clac » et autres « grr-grr » en fond sonore : Audi a en effet développé un générateur de sons à l'échappement qui remplace la « musique » habituelle du diesel par un bruit se rapprochant de celui d'un moteur essence. L'illusion n'est pas parfaite, mais elle permet de mieux se plonger dans l'ambiance !
Une sportive « toutes routes »
L'autre surprise, c'est le bon compromis d'amortissement trouvé par Audi. Notre essai a pourtant eu lieu sur les routes d'Irlande, pays pas franchement réputé pour la qualité de son réseau secondaire : nids de poule et surtout ondulations sont très fréquents et délicats à gérer pour des suspensions qui doivent contrôler une masse de deux tonnes en charge.
Mais avec son amortissement piloté, le SQ5 TDI s'en sort avec les honneurs : les débattements importants permettent d'assurer une moyenne élevée sur mauvaises routes, sans pour autant entraîner des mouvements de caisse excessifs. Tout juste pourra-t-on reprocher quelques trépidations à basse vitesse, dues aux pneus à profil bas (des 255/45 en 20 pouces de diamètre).
Le SQ5 TDI dévoile en outre un équilibre châssis intéressant, avec un train arrière aidant à l'inscription en courbe à la remise des gaz. Le différentiel arrière « Sport » n'est pourtant pas disponible sur ce modèle, mais la simple répartition du couple favorisant légèrement le train arrière (dans un rapport de 40/60) suffit à conférer une plaisante agilité à l'ensemble. Les roues avant s'agrippent pour leur part avec conviction à la trajectoire, même si la direction laisse filtrer peu de messages d'alerte à l'approche des limites d'adhérence.
Du sur mesure... au prix fort
Notre modèle d'essai disposait par ailleurs du Drive Select, un équipement optionnel (350 €) qui devrait être livré d'office, car il permet de paramétrer l'auto à sa guise. On dispose ainsi des modes Auto, Comfort, Dynamic et Individual qui ajustent les réglages d'amortissement, d'assistance de direction, de sonorité moteur et de gestion de la boîte automatique. Le mode Individual permet de paramétrer chaque élément séparément, et de se constituer ainsi un profil sur mesure. Bien utile afin d'éviter la dureté caricaturale de la direction en mode Dynamic...
Terminons sur deux notes moins positives. D'une part, le freinage est fortement sollicité, si bien que l'on constate rapidement un allongement moyennement rassurant de la course de pédale. Ensuite, ce diesel « de sport » manque de sobriété : si Audi revendique un remarquable 6,8 l/100 km, dans la réalité il faudra plutôt tabler sur 9 l/100 km en moyenne, et un bon 12 l/100 km en conduite sportive. Pour un diesel, c'est bof... !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation