Essai AUDI S8 2012
Jean-François Destin le 15/01/2013
Impressionnante vitrine technologique, l'Audi S8 est réapparue en 2012 avec un V8 de 520 chevaux en lieu et place de son V10 originel. Un « downsizing » qui n'altère en rien les performances et l'agrément de cette grande berline sportive d'exception.
Présentation
Il y a 6 ans, la S8 V10 de 450 chevaux de Audi nous semblait être la meilleure berline sportive du monde. Après s'être brièvement éclipsée, elle vient de renaître autour d'un V8.
Un recul du à la crise ? Plutôt un sérieux bon en avant : les 70 chevaux supplémentaires permettent d'accroître les performances (250 km/h limité et 4,2 s au 0 à 100 km/h), d'abaisser la consommation (10,3 l/100 km en cycle mixte), tout en maintenant un niveau d'excellence en matière de pilotage. Moins lourd sur le train avant, le V8 améliore la maniabilité de cette majestueuse berline dont le gabarit a augmenté (plus de 5,14 mètres) sans grever le poids (1975 kg).
Si la transmission intégrale quattro a peu évolué, la boite automatique à 6 rapports cède sa place à un modèle à 8 rapports parfaitement adapté au nouveau V8. Les trains roulants font appel à une suspension pneumatique à la carte et la direction « dynamique » supplée le conducteur pour suivre la trajectoire idéale.
Notre Audi S8 d'essai reposait sur des jantes de… 21 pouces. Un choix esthétique du constructeur pénalisant un peu le confort. De même les freins en céramique (+9 800 €), superflus en usage courant, n'arrangeaient pas la progressivité de la pédale en ville.
L'équipement est tout simplement royal, mais il peut encore être agrémenté d'une sellerie cuir étendu (+ 1 350 €), des sièges massant et climatisés (+ 2 350 €) ou encore du fabuleux système Hi-Fi Bang & Olufsen à… 6 500 €. Le tout pour une addition qui dépassera vite les 160 000 € !
Design extérieur et intérieur
Tous les designers vous le diront, les berlines de haut de gamme sont les modèles les plus difficiles à dessiner : il faut innover en douceur sans remettre en cause l'aspect statutaire et l'élégance.
Les versions comme la S8 réclament en plus des traits sportifs distinctifs. Traitée très classique dans sa première mouture, la S8 2012 reprend la silhouette de la nouvelle berline Audi A8, et notamment les originaux feux à LED. Mais elle s'en distingue par une calandre Singleframe gris platine agrémentée de huit traverses chromées, une lame en aluminium au niveau du pare-choc, tandis que des lamelles brillantes rehaussent les prises d'air latérales.
On remarque aussi des baguettes en aluminium sur les flancs et sur le cache du diffuseur arrière. Du chrome recouvre les sorties d'échappements ovales.
Toujours de référence en qualité et finition, l'habitacle offre une sellerie cuir agrémentée de piqures en losange et de coutures gris acier. Le carbone est omniprésent dans la partie supérieure de la magnifique planche de bord et autour de la commande de boite Tiptronic.
Le volant sport multifonction et les instruments sont signés S8. On retrouve les cadrans gris et les aiguilles blanches dédiés aux modèles S. Le bouton de démarrage cerclé de rouge et les seuils de portes éclairés complètent la panoplie high-tech.
Mécanique et châssis
Louée pour sa rigueur de comportement et son équilibre, grâce notamment à sa carrosserie SpaceFrame et ses structures allégées, cette Audi S8 bénéficie de « l'Adaptive Air Suspension ». Réglable sur 3 niveaux, cet amortissement à la carte fait varier la hauteur de caisse. A cela s'ajoutent une direction à démultiplication et assistance variable et une régulation dynamique du comportement à 5 niveaux (comfort, auto, dynamic, individual et efficiency).
Succédant au V10, le V8 Biturbo 4.0 TFSI affiche des données époustouflantes. Ses 520 chevaux et ses 650 Nm de couple autorisent des performances beaucoup plus élevées, même si la vitesse de pointe reste bridée à 250 km/h.
Offrant une souplesse à bas régime étonnante, il devient démoniaque à hauts régimes. Seul regret, une sonorité étouffée en contraste total avec les feulements mélodieux du V10. A noter qu'il intègre la nouvelle technologie « cylinder on demand » coupant quatre des huit cylindres en charge partielle.
Cette sophistication – imperceptible au volant – est censée grappiller quelques centilitres d'essence et compléter les équipements vertueux comme le stop/start et la récupération d'énergie au freinage.
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Sur la route
Au premier abord, l'Audi S8 impressionne. Par ses dimensions, son habillage intérieur digne d'un jet privé et son luxe sans ostentation. Comme chaque fois avec un modèle de très haut de gamme, on s'angoisse quelques secondes en se demandant s'il est bien raisonnable de glisser ce joyau dans la jungle automobile parisienne.
Et puis la magie opère, grâce à l'extrême douceur des commandes. Au réveil rauque du V10, on percevait sur l'ancien modèle l'impatience de l'auto à en découdre sur la route, voire sur un circuit. Cette fois, le V8 nettement plus puissant se fait totalement oublier, il roucoule au rythme d'une boite aux 8 rapports parfaitement calibrés et permet un déplacement serein.
A l'abri du double vitrage, on devine à peine la rumeur de la ville. Maniable malgré sa taille, la S8 se mène du bout des doigts, la direction permettant de se faufiler aisément dans la circulation, malgré une certaine fermeté. Seul le freinage céramique s'avère difficile à doser.
Sur la route, l'Audi S8 fait étalage de sa technologie. Elle se joue des conditions hivernales, la transmission quattro assortie de deux différentiels (dont un sport sur le train arrière) assurant une adhérence maximum.
En forçant l'allure, cette chaîne cinématique envoie l'essentiel du couple vers les roues extérieures au virage. La motricité s'en trouve accrue alors que la caisse, tenue par la suspension pneumatique, garde une assiette constante. On a évoqué plus haut les 5 réglages du comportement dynamique. En réalité, après voir tout essayé, le mode automatique s'impose, en s'adaptant avec brio au style de pilotage et au relief de la route.
Impériale, très silencieuse et rassemblant tous les équipements de sécurité active et passive, la S8 reste au dessus du lot. Un petit bémol : la consommation fluctuant entre 14 et 15 litres sans vraiment affoler le compte-tours. Maigre consolation : le V10 était nettement plus gourmand !
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation