Essai AUDI RSQ3
Vincent Desmonts le 13/07/2020
5 cylindres et 400 chevaux dans un SUV compact à vocation familiale : telle est la recette de l'Audi RSQ3. Formule magique ou mariage de la carpe et du lapin ?
Victime de la mode
Le SUV sportif, c'est déjà une longue histoire, que l'on peut faire remonter à 1999 avec l'apparition du Mercedes ML 55 AMG, qui revendiquait à l'époque la puissance déjà coquette de 347 ch. BMW n'a pas tardé à suivre, avec le X5 4.6is (340 ch en 2001). Curieusement, il faudra attendre encore douze ans avant qu'Audi ne se lance dans cette niche très lucrative : le SQ5, premier SUV à hautes performances de la marque aux Anneaux (313 ch en diesel), ne sera en effet lancé qu'en 2013. Depuis, la firme d'Ingolstadt s'est activée à rattraper le temps perdu, si bien que tous ses SUV, du petit Q2 aux gros Q7 et Q8, se déclinent désormais en versions S et/ou RS. Même l'E-tron électrique aura bientôt droit à sa version survoltée ! L'Audi Q3 a quant a lui enfilé un survêtement dès sa première génération, avec l'Audi Q3 RS de 2013. Il était donc logique que ce deuxième opus ait droit au même traitement : c'est désormais chose faite.
Grand méchant look
La recette est d'ailleurs foncièrement inchangée, puisque le RS Q3 adopte un grand méchant look et abrite sous son capot le fameux 5-cylindres turbo. Mais il bénéficie en toute logique des évolutions technologiques apportées par la nouvelle génération de Q3. Côté style, l'aspect déjà musclé de ce deuxième Q3 est ici renforcé par l'accastillage sportif classique des modèles RS. Les optiques spécifiques encadrent une calandre noire brillante à effet 3D, qui mord dans un bouclier percé de larges prises d'air. Sur les flancs, on notera que les passages de roues ont été subtilement élargis de 10 mm, tandis que des touches d'aluminium font leur apparition sur les rétroviseurs et les bas de caisse. À l'arrière, la lunette est surmontée d'un becquet, tandis que le bouclier est percé de deux grosses sorties d'échappement ovales. À noter que le RSQ3 existe aussi en version Sportback, au profil un peu plus élancé.
Sportif, mais pratique
Dans l'habitacle, comme d'habitude chez Audi, c'est sérieux, bien rangé et élégamment présenté. On est d'ailleurs autant impressionné par la qualité de la finition que par le caractère moderne des interfaces numériques (instrumentation et info-divertissement). Et si l'Audi Q3 RS se distingue par ses sièges plus enveloppants, son volant spécifique ou ses inserts créant une ambiance sportive, il n'en préserve pas moins les aspects pratiques des autres modèles de la gamme. Il dispose par exemple toujours d'une banquette coulissant sur 15 cm, ce qui permettra de faire varier le volume de coffre de 530 à 675 dm³. Les dossiers rabattables permettent de porter cet espace à 1 525 dm³. Sur ce plan, le RSQ3 fait mieux que son seul et unique rival, le Mercedes-AMG GLA 45 S 4Matic+ (ouf!), dont la capacité de chargement varie de 435 à 1 430 dm³ et qui n'offre pas de banquette coulissante.
La facilité avant tout...
Mais il est une autre chose dont le RS Q3 a l'exclusivité chez les SUV sportifs : son architecture mécanique. Il hérite en effet de la dernière évolution du 5-cylindres 2.5 turbo, apparue fin 2016 sur le TT RS et adoptée entre temps par la RS3. Désormais doté d'un bloc en aluminium, ce moteur a perdu 26 kg. Dans le même temps, il a reçu un turbo soufflant à 1,35 bar ainsi qu'un système de bi-injection (directe et indirecte). Du coup, s'il ne dépassait pas les 367 ch dans le précédent RS Q3, il en revendique désormais 400 tout rond. De quoi propulser prestement ce SUV de 1 715 kg à vide, avec notamment un 0 à 100 km/h expédié en 4,5 s. Sans jamais vous brusquer, le RS Q3 vous emmènera à bon port en toute sérénité, l'engin se révélant avant tout efficace et facile à prendre en mains. Même les suspensions raffermies (et pilotées sur notre modèle d'essai, une option à 1 200 €) ménageront vos vertèbres et - plus important encore - celles de vos passagers. Quant à la transmission intégrale Quattro, elle est théoriquement capable d'envoyer jusqu'à 100 % du couple aux roues arrière si besoin, mais privilégie toujours l'équilibre et la facilité. Facilité d'usage aussi avec les modes RS1 et RS2 personnalisables, qui permettent de passer d'un réglage paisible à un réglage plus sportif d'une simple pichenette sur un bouton du volant.
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...mais une sportivité sujette à caution
Et pourtant, on reste un peu sur sa faim. La lettre R dans l'appellation RS Q3 apparaît en effet quelque peu usurpée, tant ce modèle apparaît très sage. Déjà, il traîne presque trois quintaux de plus qu'un TT RS doté du même moteur, ce qui se ressent forcément au niveau des chronos et des sensations. Si le coupé vous assomme littéralement à chaque pression sur l'accélérateur, l'Audi Q3 RS apparaît plus timoré. Même sa sonorité semble un peu plus étouffée, peut être du fait de l'adoption d'un filtre à particules. On peste aussi après la boîte : si cette S tronic faisait figure de référence voici dix ans, elle est désormais à la traîne face aux transmissions dernière génération. Son pilotage en mode D ou S est sujet à caution, tandis qu'en mode manuel, elle refusera régulièrement de rétrograder sur de gros freinages. Agaçant ! Et puis il y a bien sûr l'éternel problème du SUV sportif : la combinaison fatale entre centre de gravité haut et masse élevée. Elle pénalise l'agilité, mais entraîne aussi des mouvements de caisse pas toujours bien contrôlés dans les enchaînements sinueux. Et pour couronner le tout, la direction - dotée d'une crémaillère à pas variable - manque de feeling.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation