Essai AUDI RS3 Sportback

Vincent Desmonts le 08/06/2015

Avec pas moins de 367 ch, la nouvelle Audi RS3 montre les crocs et devient la plus puissante des compactes. Mais son moteur 5 cylindres sait aussi donner de la voix. La nouvelle référence ?

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Elle monte le son !

Trois cent soixante sept chevaux ! Ce chiffre mérite que l'on s'y attarde. D'abord parce qu'en plaçant la marque aussi haut, l'Audi RS3 Sportback se permet de toiser la précédente tenante du titre de plus puissante des compactes, la Mercedes A 45 AMG (360 ch « seulement »!)… en attendant peut-être une nouvelle BMW Série 1 M qui viendrait mettre tout le monde d'accord. Ensuite, ce chiffre laisse rêveur quant au niveau de performance atteint désormais par celles que l'on réduisait il n'y a pas si longtemps au sigle « GTI ». Désormais, pour revendiquer cette appellation sans rougir, un minimum de 200 ch est requis, 250 ou plus étant préférables si l'on veut espérer être pris au sérieux. Quant au club des 300 ch et plus, il s'est créé ex-nihilo, avec les Ford Focus RS, Volkswagen Golf R, Audi S3 et RS3, BMW M135i et autres Mercedes Classe A AMG. Mais permettez-moi de replacer les choses en perspective : avec ses 367 ch, la nouvelle RS3 Sportback est plus puissante qu'une Porsche 997 Carrera S phase 1. Quant à la Ferrari 512 BB, fleuron de la marque de Maranello à la fin des années 1970, elle n'a jamais dépassé les 360 ch. Ce niveau de puissance réservé jusqu'alors à des sportives d'exception est donc en train de devenir « normal » pour une compacte !

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Puissante, mais pas voyante

Malgré sa copieuse cavalerie, la RS3 conserve une certaine retenue sur le plan esthétique. À condition d'éviter le très voyant rouge Catalogne et de faire l'impasse sur le tapageur logo « Quattro » optionnel sur la calandre, la dernière bombe d'Audi pourrait quasiment passer inaperçue. Il faut dire qu'elle n'arbore pas les ailes élargies que l'on trouve sur les autres modèles RS. À l'avant, elle se distingue par ses grilles en nid d'abeilles et son bouclier spécifique largement ajouré. De profil, on repère surtout les jupes latérales modifiées et les jantes de 19 pouces spécifiques. À noter que, comme sa devancière, la RS3 Sportback peut recevoir en option (850 €) des pneus avant plus larges qu'à l'arrière pour mieux contenir le sous-virage. Mais nous y reviendrons. À l'arrière, c'est surtout l'imposant diffuseur percé de deux sorties d'échappement ovales qui attirent les regards. Dans l'habitacle, on note surtout le volant à méplat et les logos RS3. Pour s'offrir les jolis sièges RS en cuir à surpiqûres en losange, il faudra débourser 900 €. D'une manière générale, la plus chère des Audi A3 (56 900 € prix catalogue tout de même !) n'est pas aussi généreuse que l'on pouvait l'espérer en matière d'équipement. De fait, un simple tour sur le configurateur en ligne permet de se rendre compte qu'une RS3 Sportback dotée d'un équipement normal (je n'ai pas dit pléthorique) réclamera de rajouter 7 000 à 8 000 € d'options, portant le tarif aux alentours des 65 000 €. Voilà qui commence à faire beaucoup pour une compacte ! On se consolera avec la finition, parfaite, comme à l'habitude chez Audi.

Des performances hallucinantes

On se consolera surtout avec les sensations de conduite que distillent cet engin. La recette est fondamentalement inchangée par rapport à la précédente RS3 : c'est juste le dosage des ingrédients qui a été modifié. Audi a conservé le fameux 5 cylindres en ligne de 2,5 litres, doté d'un turbo et d'une injection directe, mais a ajouté une bonne louche de chevaux (de 340 à 367) et une cuillère à soupe de newton-mètres (de 450 à 465). En outre, Audi a également retiré du gras : grâce à la plate-forme MQB de l'A3 dernière génération, 55 kilos ont été gagnés sur la balance. Côté transmission, on retrouve la S Tronic à 7 rapports, mais elle est désormais secondée par un différentiel central Haldex de cinquième génération, qui peut transférer jusqu'à 100 % du couple sur les roues arrière en cas de besoin. Alors, ça donne quoi ce cocktail explosif ? Côté performances, l'adjectif n'est pas usurpé : la RS3 Sportback est réellement explosive ! Il suffit pour s'en rendre compte de faire un petit détour sur une autoroute allemande, où cette Audi accrochera son 250 km/h autolimité avec une déconcertante facilité. Et si vous avez la chance d'habiter non loin des terres de Goethe, vous cocherez l'option 6Y9, qui permet de relever la bride à 280 km/h, que la moindre portion d'Autobahn un peu dégagée suffit à atteindre. Au concours de la file de gauche, la RS3 Sportback ne craint pas grand-monde ! Ah, j'allais oublier : elle boucle le 0 à 100 km/h en 4,3 s. Pour situer, c'est mieux qu'un Porsche Cayman... GT4 !

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En mode catapulte

Mais la RS3 Sportback n'est pas qu'une dévoreuse de lignes droites, elle sait aussi tourner. Et plutôt bien ! Certes, son train avant n'est pas aussi férocement accrocheur que celui de la S3, et pour une bonne raison : du fait de son gros moteur et de sa boîte à 7 rapports (contre 6 pour la S3), la RS3 affiche 65 kilos de plus à vide que sa petite sœur. Et comme ses 367 ch la catapultent à un rythme insensé, on peut se retrouver avec une belle amorce de sous-virage en entrée si l'on n'y fait pas trop attention. Rassurant pour le néophyte, me direz-vous, à raison, car même une grand-mère pourrait aller vite en RS3 ! Mais pour vraiment soigner ses trajectoires, il convient d'être patient en entrée de virage, et de privilégier une approche un peu plus lente, afin de laisser le temps au train avant de trouver ses marques. Oui, même avec les pneus avant larges (taille 255 au lieu de 235) optionnels ! Par contre, une fois les roues antérieures plantées dans le bitume, vous pouvez ouvrir en grand les forges de Vulcain : le turbo souffle alors ses 1,3 bar dans les cinq chambres de combustion et le Quattro neutralise le sous-virage en vous éjectant façon fronde vers la sortie. Diablement efficace ! À tout ceci il convient d'ajouter la sonorité si particulière du 5 cylindres, moteur dont la mélodie naturelle peut être magnifiée (pour ne pas dire décuplée!) par l'échappement sport RS, facturé 1 090 €. En revanche, l'amortissement piloté Magnetic Ride (1 190 €) paraît plus superflu, l'écart de fermeté entre les différents modes étant faible. Globalement, la RS3 Sportback préserve le confort, malgré une certaine sécheresse des suspensions en ville.

À retenir

quoteAu final, cette Audi RS3 Sportback a tout d'une « super-S3 », avec des performances encore plus élevées et un accent plus chantant. Reste à savoir si ce supplément d'âme mérite la rallonge de 5 800 €, car la S3 se montre également plus agile et un petit peu plus polyvalente au quotidien grâce à ses suspensions moins fermes. D'un autre côté, le caractère mécanique du 5 cylindres rend la RS3 très attachante. Cruel dilemme ! Mais quelque soit votre choix, vous ne serez pas déçu.
points fortsPerformances très élevées, caractère mécanique, facilité de conduite, polyvalence globalement préservée, présentation intérieure et finition.
points faiblesTarif élevé, suspensions sèches en ville, coffre moyen.
16.5

20
Les chiffres
Prix 2015 : 56 900 €
Puissance : 367 ch
0 à 100km/h : 4.3s
Conso mixte : 8.1 l/100 km
Emission de CO2 : 189 g/km
Notre avis
Note de coeur : 17/20
Agrément de conduite
  • Accélération
  • Reprises
  • Direction
  • Agilité du châssis
  • Position de conduite
  • Commande de boîte
  • Etagement de la boîte
:
16/20
Sécurité active et passive
  • Adhérence
  • Freinage
  • Equipements de
    sécurité
:
20/20
Confort et vie à bord
  • Habitabilité
  • Volume du coffre
  • Visibilité
  • Espaces de rangement
  • Confort de suspension
  • Confort des sièges
  • Insonorisation
  • Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
:
17/20
Budget
  • Rapport prix/prestations
  • Tarif des options
  • Consommation
:
12/20

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