Essai ASTON MARTIN Vanquish Volante
Vincent Desmonts le 16/03/2015
L'Aston Martin Vanquish s'offre quelques évolutions pour 2015 : moteur V12 revu, nouvelle boîte automatique et châssis revu. Mais est-ce suffisant face à une concurrence qui joue la surenchère technologique ?
La manière douce
Aston Martin est en pleine transition. « Encore ! », s'exclameront les mauvaises langues, qui n'auront pas vraiment tort, la firme britannique ayant connu peu de périodes prospères. Le légendaire constructeur s'oriente cependant vers un avenir plus radieux. Son actionnariat s'est stabilisé, les italiens de Investindustrial et les koweïtiens d'Investment Dar contrôlant à eux seuls plus de 60 % du capital.
En outre, l'entrée de Daimler AG dans le tour de table ouvre la porte à une fructueuse coopération avec le géant allemand, dont l'expertise technique n'est plus à prouver. Mais avant de voir les fruits de cette alliance se concrétiser dans la gamme de véhicules, il faut bien faire vivre l'offre actuelle.
Justement, la gamme Vanquish aborde l'année 2015 avec quelques évolutions techniques destinées à rester à peu près au niveau. Je dis bien « à peu près », car impossible d'évoquer cette Vanquish sans aborder l'épineux problème de sa concurrence, au premier rang de laquelle figure l'explosive Ferrari F12. Certes, l'italienne est une stricte deux places quand l'anglaise est une 2+2, et cette dernière existe aussi dans un ravissant cabriolet quand la première ne s'offre qu'en coupé. Il n'empêche : les deux sont des GT à moteurs V12, aux blasons prestigieux, et dont les tarifs sont voisins.
Reste qu'avec ses 740 ch, la Ferrari revendique un avantage de... 164 ch par rapport à l'Aston Martin. Une paille ! Du coup, sur le strict plan des chronos, la F12 terrasse la Vanquish, avec quasiment une seconde pleine d'écart sur le 0 à 100 km/h. La messe est dite ? Pas tout à fait.
Un style indémodable
D'abord, donc, parce que cette Vanquish se déguste dans cette élégante version cabriolet, ou plutôt « Volante », pour reprendre le vocable maison. Une manière de nuancer la sportivité du modèle, qui s'oriente plutôt vers le Grand Tourisme classique. Trois ans après son lancement, l'auto frappe toujours par son élégance, et même si l'on pourra reprocher au style Aston Martin de tourner en rond, force est de reconnaître que la formule fonctionne toujours aussi bien. Long capot plongeant, calandre caractéristique, ouïes latérales typiques et hanches larges composent une allure à la fois puissante et raffinée.
Dans le détail, on notera le carbone apparent sur le spoiler avant, les jupes latérales ou le diffuseur arrière : rappelons qu'il ne s'agit pas là d'un simple ornement, puisque la carrosserie dans son ensemble est réalisée dans ce matériau léger. Un carbone que l'on retrouve également à certains endroits de la plate-forme, qui continue pour l'essentiel d'employer de l'aluminium extrudé riveté. Mais malgré ces efforts, la Vanquish n'est pas encore une ballerine, puisqu'elle pèse 1 844 kg dans cette version cabriolet (1 739 kg pour le coupé).
Ambiance cocooning
L'habitacle fleure bon l'artisanat britannique, avec du cuir sur toute la planche de bord et les contreportes, ainsi qu'un bel Alcantara pour les montants de pare-brise et le ciel de pavillon. Notre modèle disposait en outre de la sellerie alvéolée (3 602 €), nouvelle signature de la marque. La position de conduite est plutôt bonne, même si le volant manque un peu d'amplitude de réglage dans le sens de la hauteur.
Surtout, la nouvelle console centrale tactile est nettement plus claire que celle aux multiples boutons des modèles plus anciens. En revanche, si l'ergonomie du système d'infodivertissement a été repensée, le GPS reste un modèle daté aux performances dépassées. Heureusement, pour le reste, l'équipement est plutôt complet, avec sièges électriques, aide au stationnement, caméra de recul ou encore sono Bang & Olufsen à 13 haut-parleurs et 1 000 watts. Seul regret : ce cabriolet ne propose pas de chauffage de nuque. Mais pas de quoi nous dissuader de rouler cheveux au vent, d'autant que le filet anti-remous protège bien des courants d'air… et que l'on apprécie alors encore mieux la mélodie du V12 !
Ce bruit !
Comme toujours chez Aston Martin, le démarrage du moteur est un petit cérémonial à part entière : point ici de vulgaire Neiman, mais une clé en forme de bijou que l'on insère dans un écrin au sommet de la console centrale. Au petit cri du démarreur succède alors le vrombissement des deux sorties d'échappement, qui pourra faire sursauter les passants les plus distraits. Un son grave et ample qui pourrait presque à lui seul justifier le prix du modèle ! Ultime évolution du V12 Aston Martin, ce 5.9 reçoit une nouvelle gestion électronique Bosch comprenant un calculateur par banc de cylindres. La puissance augmente de 6 ch par rapport au modèle précédent (576 ch, donc), tandis que le couple en hausse de 10 Nm s'établit désormais à 630 Nm au régime de 5 500 tr/min.
L'autre nouveauté, c'est l'adoption de la boîte automatique ZF 8HP à huit rapports, installée en position transaxle, c'est à dire accolée au pont arrière. Avec deux vitesses de plus que la transmission précédente et des temps de passage réduits, elle permet d'améliorer les accélérations tout en réduisant la consommation sur autoroute. Pour autant, elle n'a pas le tranchant des meilleures boîtes à double embrayage, et refuse parfois un rétrogradage ou se montre un peu lente lors d'un kickdown. De la même manière, si le V12 enchante par sa sonorité, il n'est pas aussi percutant que les blocs des rivales, ou même que certains moteurs suralimentés de puissance inférieure. Enfin, le poids élevé se rappelle à votre bon souvenir à l'approche d'une courbe : les freins (heureusement à disques en carbone-céramique) sont mis à rude épreuve, et le train avant répond avec une légère inertie aux instructions du conducteur.
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Et si on levait (un peu) le pied ?
Non que la Vanquish se désunisse lorsque l'on hausse le rythme : ses réactions sont toujours prévisibles, ses performances restent très bonnes dans l'absolu (0 à 100 km/h en 4 s tout rond et 317 km/h en vitesse maxi, quand même...), et la rigidité de ce cabriolet ne pose pas de problème sur route. Mais l'Aston Martin préfère la manière douce. Elle s'apprécie davantage en soulageant l'accélérateur et en profitant de la grande souplesse du V12. D'autant que les suspensions (amortissement piloté à trois modes) restent confortables sur les deux premiers réglages, l'ultime cran étant à réserver au bitume le plus lisse possible.
On apprécie également l'insonorisation plutôt soignée de la capote, ainsi que la tenue de cap rassurante, même sur route détrempée. En bonne GT, la Vanquish Volante vous permettra de traverser la France sans fatigue, tout en étant assuré de ne pas vous ennuyer sur les petites routes à destination. Enfin, pas trop petites, quand même, ces routes : l'Aston est large (1,91 m) et son V12 aux longues jambes s'apprécie plutôt sur les départementales roulantes et dégagées.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation