Essai ASTON MARTIN V12 Vantage S
Vincent Desmonts le 21/12/2015
Après 10 ans de carrière, l'Aston Martin Vantage ne raccroche pas les gants, bien au contraire ! Dans cette version V12 S, elle affiche 573 ch et un caractère entier qui ravira les amateurs de sportives authentiques.
Plaisirs à l'ancienne
Downsizing, coques en carbone, transmissions intégrales sophistiquées, boîtes à double embrayage : ces derniers temps, les supercars font assaut de technologie afin de chasser le moindre kilogramme superflu, la plus petite fraction de seconde sur le 0 à 100 km/h ou la dernière once de grip disponible. Un combat au sommet au cours duquel Aston Martin se retrouve, de gré ou de force, à jouer les seconds rôles. En effet, la Vantage n'est plus de toute première fraîcheur : lancée en 2005, elle affiche un âge quasi canonique dans une catégorie largement renouvelée, où elle doit désormais affronter la McLaren 570S, la deuxième génération d'Audi R8 ou encore une Porsche 911 Turbo S récemment restylée. Le tout sans coque en carbone, ni turbo, ni transmission à double embrayage. Sur le papier, le combat semble perdu d'avance. Mais on a tendance à oublier qu'une sportive ne saurait se résumer à quelques chiffres sur une fiche technique. Que ceux-ci ne traduisent que bien partiellement les sensations qui s'offrent au conducteur. Et si jamais vous en doutiez, il suffit de passer un peu de temps au volant d'une V12 Vantage S pour s'en rendre compte.
Gestation compliquée
Mais revenons au commencement : en décembre 2007, Aston Martin dévoile le concept-car V12 Vantage RS, une V8 Vantage dans laquelle on a fait rentrer au chausse-pied le 12 cylindres de la DBS, alors le modèle le plus sportif de la gamme. Avec 510 ch et moins de 1 700 kg sur la balance, ce prototype promet des performances élevées. Il faudra attendre 2009 avant de voir enfin débarquer la V12 Vantage de série, forte de 517 ch. Quatre ans plus tard, elle est remplacée par cette V12 Vantage S, qui passe à 573 ch. Le confortable gain de puissance a été obtenu en adoptant le tout dernier 12 cylindres Aston Martin, apparu sur la Vanquish. Avec un double calage variable de la distribution et un calculateur moteur Bosch par banc de cylindres, ce V12 est le nec plus ultra de la marque. Mais, contrairement à la Vanquish, la V12 Vantage S ne reçoit pas la boîte automatique ZF à 8 rapports. Jugée pas assez sportive, cette transmission a été recalée au profit de la boîte robotisée à simple embrayage Sportshift III, qui compte 7 rapports. Quand toutes les rivales adoptent des transmissions du style DSG, c'est osé. Mais la V12 Vantage S adopte tout de même un amortissement piloté à 3 modes (confort, sport et circuit), ainsi que des freins carbone-céramique en série.
Sportive, mais bourgeoise
Dans l'habitacle, la nouveauté est l'adoption de la console centrale issue de la Vanquish, avec molettes et commandes sensitives. L'ensemble est plus ergonomique que l'ancien système, aux boutons confus. Pour le reste, on retrouve une présentation intérieure aux délicieux accents artisanaux, où le cuir odorant est omniprésent. Le vaste choix de coloris et matériaux permet de se composer une voiture selon ses goûts, avec une ambiance plus ou moins sportive. Notre Aston Martin d'essai jouait une partition plutôt bourgeoise, avec des habillages façon laque de piano et d'élégants sièges en cuir bicolore aux surpiqûres contrastées. Car même la plus sportive des Aston – la très exclusive Vantage GT12 mise à part – reste une GT dans l'âme. Elle est d'ailleurs assez facile à vivre au quotidien, notamment grâce à son gabarit très ramassé et à l'inépuisable souplesse du V12 5.9. On se demande d'ailleurs comment un si gros moteur peut tenir dans une si petite auto (4,38 m de long) ! La direction est douce, les suspensions assez tolérantes en mode confort, et le moteur sait mettre la sourdine sur autoroute. En revanche, la boîte Sportshift III montre ses limites en ville : elle est trop lente et hésite parfois entre deux rapports. Mieux vaut alors la basculer en mode Sport, ce qui l'incite à changer moins souvent de vitesse. Avec en prime des clapets qui s'ouvrent à l'échappement, libérant davantage la sonorité du moteur.
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Drogue dure
Mieux vaut quitter sans regret cette ville pour laquelle la V12 Vantage S n'est pas faite, afin de petit à petit lâcher la bride. Avec sa ligne d'échappement reprenant des éléments issus de l'hypercar One-77, la V12 Vantage S offre alors un véritable récital. L'inépuisable poussée du moteur et la sonorité qui l'accompagnent dominent largement l'expérience de conduite : impossible de rester de marbre devant un tel numéro de charme. Les 573 ch catapultent l'auto de 0 à 100 km/h en 3,9 s, tandis que la vitesse de pointe de 328 km/h en fait l'Aston la plus rapide jamais produite. Les sensations sont grisantes et l'adrénaline coule à flots. Une vraie drogue dure ! Mais attention : la V12 Vantage S n'est pas à mettre entre toutes les mains. Grosse puissance, couple abondant (620 Nm) et empattement plutôt court (2,60 m) forment un cocktail explosif ! Sur routes bosselées, il faudra rester attentif, car l'amortissement a toutes les peines du monde à maintenir les roues au contact du sol. Heureusement, si la V12 Vantage S a un caractère affirmé, elle n'est pas piégeuse. Elle parvient en outre fort bien à gommer ses 1 665 kg à vide, grâce à une bonne répartition des masses (la boîte est rejetée sur le pont arrière), à un train avant incisif et à une direction assistée hydraulique offrant un feeling que les assistances électriques modernes nous ont fait oublier. Et la boîte ? En utilisation sportive, elle fait très bien l'affaire : elle réagit rapidement aux actions sur les palettes, et autorise même des rétrogradages multiples si l'on effectue plusieurs impulsions d'affilée. Et les quelques à-coups qu'elle distribuait en ville deviennent tout d'un coup des coups de pied au fesses bien virils ! Bref, à condition que la chaussée ne soit pas trop défoncée, la V12 Vantage S adore être cravachée, d'autant que le freinage carbone-céramique est très endurant.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation