Essai ALFA ROMEO Giulia 2.2 JTD 180 ch
Camille Pinet le 20/06/2016
C'est peu de dire que la nouvelle Alfa Giulia était attendue. Première vraie nouveauté de la marque depuis 2011, elle s'installe dans un segment où la concurrence est féroce. Heureusement, elle parvient à raviver la passion grâce à un châssis hors normes.
Révélation italienne
S'installer dans une nouvelle Alfa suscite chez l'essayeur des sentiments mélangés. On ressent l'excitation de se confronter au mythe à l'origine de certains des plus beaux chefs-d'œuvre de l'histoire de l'automobile. Mais trop souvent, c'est l'occasion d'être profondément déçu, comme ce fut le cas par exemple lors du lancement de feu la Brera, aussi belle à regarder que décevante à conduire. C'est dans cet état d'esprit que nous avons pris le volant de la nouvelle Giulia, censée initier enfin le renouveau du constructeur, qui ne proposait depuis 2011 que deux modèles grand public, les décevantes Giulietta et MiTo. Cette berline de 4,64 m repose sur une nouvelle plate-forme, dont Alfa Romeo affirme qu'elle est entièrement nouvelle et ne partage aucun élément avec la Maserati Ghibli. Elle consacre le retour de la propulsion sur un modèle de grande série, habitude qui avait été abandonnée avec la 75 au début des années 90.
Un châssis exceptionnel
Nul besoin de trop faire durer le suspense : la Giulia apparaît sans conteste comme une réussite, et elle le doit essentiellement à son châssis. Très évolué, celui-ci fait appel à un train arrière multibras et un train avant à double triangulation, le tout étant largement réalisé en aluminium (80% à l'avant, 45 % à l'arrière). L'ensemble produit un compromis confort/efficacité tout bonnement exceptionnel, sans même avoir besoin d'un amortissement piloté, lequel arrivera plus tard sur les versions fortement motorisées. Notre version d'essai équipée de roues de 18 pouces chaussées en Runflat offrait une précision de conduite remarquable. Le conducteur se sent immédiatement à l'aise dans cette berline, qui téléphone toutes ses réactions et fait preuve d'un équilibre exceptionnel. La direction, extrêmement directe et précise joue un rôle évident dans cette réussite. Il convient également de souligner la masse particulièrement contenue de l'auto : 1 374 kg pour notre modèle Diesel 180 ch à transmission manuelle. La véritable prouesse est d'être parvenu à ce niveau sans compromettre la qualité du confort, qui se joue de toutes les formes d'irrégularités et préserve en toute circonstance les vertèbres des passagers. Autrement dit, la Giulia enterre littéralement la concurrence dans ce domaine, y compris la BMW Série 3 dont les qualités dynamiques sont souvent célébrées.
En raison d'une transmission manuelle sous-dimensionnée, le moteur Diesel de 180 ch développe 70 Nm de moins que lorsqu'il est couplé à la boîte automatique ZF à 8 rapports optionnelle. Il bénéficie d'une réponse à l'accélérateur très incisive, qui ne suffit pas à gommer la longueur des rapports étudiés pour limiter les émissions. Dès lors il ne faut pas hésiter à rétrograder souvent, ce qui met en évidence une commande de boîte accrocheuse et un peu lente. Par ailleurs, si ce 2.2 apparaît volontaire dans les tours, il se montre également bruyant, même si la sonorité qu'il émet se révèle moins désagréable qu'à l'accoutumée pour un Diesel. Côté consommation, la Giulia se place dans la moyenne de la catégorie sans réaliser de miracles en la matière : nous avons enregistré une moyenne de 7,5 litres aux 100 km sur un parcours dynamique.
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Une présentation… à l'italienne
Si l'esthétique de la Giulia QV a suscité des commentaires mitigés lors de sa présentation, les autres modèles de la gamme, moins tapageurs, font preuve d'une plus grande élégance. Un sentiment qui se retrouve à l'intérieur, où le dessin de la planche de bord joue une certaine originalité, notamment grâce à l'intégration réussie de l'écran central. Agréable à regarder, elle prête malheureusement le flanc à la critique sur le plan de la qualité de réalisation. Les ajustages et les assemblages restent très perfectibles, même si les matériaux flatteurs ne manquent pas. Alfa Romeo ne rivalise pas dans ce domaine avec les marques allemandes, et ne propose pas comme elles un choix pléthorique de selleries et d'ambiances. Même constat en matière d'équipements : les aides à la conduite dont raffolent Audi, Mercedes et BMW sont loin d'être toutes au rendez-vous. Le régulateur de vitesse adaptatif ou l'affichage tête haute sont ainsi aux abonnés absents. Il faut donc se contenter du freinage automatique d'urgence en série sur tous les modèles, de l'alerte d'angle mort et de l'éclairage adaptatif (options incluses dans le pack Assistance Plus à 1 000 € sur notre finition Super).
Malgré ces lacunes, la Giulia parvient à surprendre du point de vue de l'habitabilité. L'espace dévolu au passagers arrière apparaît suffisamment généreux aux jambes et à la tête pour accueillir deux adultes très confortablement, tandis que le coffre propose un volume de 480 litres, soit le même que celui de l'Audi A4. Seul regret, le plancher n'est pas parfaitement plat et il apparaît donc moins facile à utiliser. Alfa Romeo est bien conscient que sa Giulia se positionne en alternative par rapport aux références du segment. C'est pourquoi son nouveau modèle offre un rapport prix équipement plus favorable que les allemandes. Ainsi, notre modèle à transmission manuelle est proposé à 39.100 € en dotation Super, pourvue en série de la sellerie mixte, du GPS ou encore des jantes de 18 pouces. En comparaison, la BMW Série 3 320d exige 41.160 € en finition Lounge Plus qui n'en offre pas tant.
À retenir
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20
- Accélération
- Reprises
- Direction
- Agilité du châssis
- Position de conduite
- Commande de boîte
- Etagement de la boîte
- Adhérence
- Freinage
- Equipements de
sécurité
- Habitabilité
- Volume du coffre
- Visibilité
- Espaces de rangement
- Confort de suspension
- Confort des sièges
- Insonorisation
- Qualité (matériaux, assemblage, finitions)
- Rapport prix/prestations
- Tarif des options
- Consommation