Essai ALFA ROMEO 166 3.2 V6

Jean-François Destin le 08/12/2003

Avec la «nouvelle» 166, Alfa Romeo tente de garder une présence significative dans un segment de luxe très concurrentiel.

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Présentation

Lâché par General Motors et toujours en proie à une importante chute des ventes, Fiat voit s'annoncer une année 2004 cruciale pour sa propre enseigne. Néanmoins, à Turin, les sujets de satisfaction ne manquent pas. La petite Panda, deuxième du nom vient d'être élue voiture de l'année, Ferrari (avec Maserati dans sa hotte) continue de surfer sur la vague du succès (tant en F1 qu'au niveau commercial) et Alfa Romeo après un sérieux passage à vide semble retrouver des couleurs même si les chiffres de ventes en France ont nettement régressé en 2003 (environ 14.500 unités contre 17.000 en 2002).

Si la berline Alfa Romeo 166 à peine remodelée que nous avons essayé n'inquiètera en rien les spécialistes allemands, le coupé GT signé Bertone doit raviver la flamme des Alfistes et les inciter à la patience en attendant la venue d'une Alfa Romeo 157 prometteuse en 2005. Quant à la fabrication en petite série (peut-être en 2006) de l'intéressante 8 Competizione dévoilée au Salon de Francfort, elle semble acquise. Pour l'heure, Alfa pare au plus pressé, la 147 aura droit à l'automne 2004 à un «lifting» tandis qu'à Genève en mars a été montrée la version Q4 (4 roues motrices) de l'Alfa Romeo 156.

Avec la «nouvelle» 166, Alfa tente de garder une présence significative dans un segment de luxe sérieusement concurrencé par les 4X4 SUV et les grands monospaces. Pour faire face à la Mercedes Classe E, à l'Audi A6 et à la récente BMW Serie 5 mais aussi à la Peugeot 607, elle se devait d'évoluer. Plus séduisante qu'auparavant, elle cache aussi des nouvelles motorisations : un V6 3.2l de 240 ch et un 2.4l JTD de 175 chevaux.

Malheureusement, faute de moyens, l'habitacle est resté en l'état et la suspension trépidante et peu confortable n'a pas fait l'objet d'améliorations. Par la combinaison de 6 moteurs, trois transmissions (2 automatiques et 1 mécanique) et trois finitions, la 166 est disponible en 15 versions à des prix allant de 29.800 € à 40.900 €.

ALFA ROMEO 166 3.2 V6 ALFA ROMEO 166 3.2 V6

Design / habitacle

Il suffit parfois de peu de choses pour raviver l'attractivité d'une voiture. On remarque ici la nouvelle calandre agrandie inspirée de celle de la 156, les ouïes d'aération, les groupes optiques redessinés et les antibrouillard modifiés. D'inédites jantes à rayons (de 16,17 et 18 pouces) ont fait leur apparition ainsi que 4 nouveaux coloris. L'arrière n'a fait l'objet d'aucune retouche. Une sage décision, car sa présentation pure et dynamique n'a pas vieilli.

Comme nous le notions en préambule, l'intérieur de la 166 n'a eu droit qu'à un petit coup de plumeau. Les spécialistes ont essayé de le rendre plus lumineux, gai et cossu en jouant sur les teintes claires des matériaux et sur la qualité des cuirs et tissus. C'est à moitié réussi car la planche de bord date sérieusement tandis que la finition apparaît toujours aussi décevante. On est loin des standards d'Audi, Mercedes et BMW et même de Peugeot. Et ce malgré le nouveau dessin du volant et le revêtement à effet métallisé de la console centrale proposé sur les modèles de haut de gamme.

Pour satisfaire la clientèle la plus exigeante, Alfa Romeo annonce le lancement prochain de versions «luxury» dotées d'une sellerie en cuir exclusive recouvrant la planche de bord et les panneaux de portes. Le tout avec un raffinement, nous dit-on, digne de la grande tradition artisanale italienne.

Moteur

Au total, 6 moteurs sont au menu. En essence, on retrouve le 2 litres de 150 ch, le 2.5 V6 24v de 188 ch, le 3l V6 24v de 220 ch auxquels vient s'ajouter un 3.2l V6 de 240 ch. Ce dernier dérivé du 3l a bénéficié de quantités d'améliorations. Elles touchent la commande d'accélérateur (exempte de connexion mécanique) et les cartographies d'injection et d'allumage pour augmenter les performances sans pénaliser la consommation et la pollution.

Par rapport au 3l, les techniciens ont porté la cylindrée à 3179 cm3 en modifiant le vilebrequin et les pistons et en allongeant la course afin d'obtenir des ressources de puissance dès les plus bas régimes. Très moderne dans sa conception, le 3.2l V6 hérite d'un circuit de lubrification par jets d'huile sur les têtes de pistons, d'un allumage statique avec une bobine par cylindre et d'une pompe à huile haute efficacité commandée par le vilebrequin.

Coté diesel, Alfa met l'accent sur le 5 cylindres 2.4l toujours proposé en 150 ch mais dont la toute nouvelle version a été portée à 175 chevaux grâce notamment à une culasse à 20 soupapes (contre 10 à la version de base). Un gros travail a été effectué sur les bielles, le vilebrequin, les pistons, le circuit de refroidissement, les collecteurs d'admission et d'échappement (redessinés) et bien sûr la pression d'injection « common rail » augmentée à 1400 bars.

Ainsi nantie, l'Alfa 166 2.4 JTD 175 ch dispose de 90% de son couple maximum (305 Nm) de 1800 à 3500 tours, les performances faisant état d'un 218 km/h en pointe et d'un 0 à 100 km/h en 8,9s. Un moteur nerveux et tonique mais trop bruyant.

Les différents moteurs sont associés à une boite mécanique à 6 rapports, à l ‘exception du 3.0 V6 de 220 chevaux disponible uniquement avec une boite automatique. En revanche, le nouveau 2.4 JTD de 175 ch hérite d'une nouvelle transmission automatique autoadaptative à 5 rapports et commande séquentielle qui ne nous a pas convaincu, ayant depuis, goûté à la boite auto à 6 rapports du coupé 6 BMW sans parler de la fabuleuse boite DSG à double embrayage des Audi A3 et TT 250 ch.

Sur la route

Alfa Romeo nous a assuré avoir revisité le train avant en adoptant de nouveaux tarages pour limiter le tangage dénoncé par les acheteurs. Cette trop maigre évolution ne permet pas à la 166 de rivaliser avec la suspension des allemandes de la catégorie même si les mouvements de caisse apparaissent mieux maîtrisés. Quant au confort, il pénalise réellement cette grande routière avec son lot de trépidations et de pompages dans la traversée de secteurs mal bitumés.

Piloter une Alfa Romeo constitue toujours un moment privilégié, ne serait-ce que pour écouter les accents mélodieux des 6 cylindres et notamment le nouveau 3.2l. Reste que dans un segment de luxe ou 82% des achats concernent des modèles diesel, il nous a fallu surtout étudier le nouveau 5 cylindres JTD 2.4l de 175 ch avec lequel Alfa France espère se distinguer. Il possède bien des atouts en regard de sa puissance disponible à presque tous les régimes, de sa souplesse d'utilisation et de sa relative sobriété.

Las, le tableau serait idyllique sans un martèlement caractéristique du moteur à gazole que l'on croyait avoir presque totalement disparu de cette catégorie de luxe. A tort, Alfa a économisé sur les insonorisants. Un choix que la clientèle visée ne pardonnera pas. Il faut aussi regretter que la 166 distille une ambiance par trop rétro que les nostalgiques assimileront sans trop de déplaisir à celle d'un modèle de la génération précédente. La faute à une planche de bord démodée et à un habitacle pas vraiment généreux surtout à l'arrière.

ALFA ROMEO 166 3.2 V6 ALFA ROMEO 166 3.2 V6

Equipements

Aux système courants de confort et de sécurité s'ajoutent le VDC (Système électronique de stabilisation de trajectoire), l'antipatinage ASR, le correcteur électrique de hauteur des phares, les 8 airbags, le FSP (coupure automatique de l'alimentation en cas de choc), l'antivol Alfa Code, la fermeture automatique des portes au delà de 20 km/h, l'accoudoir arrière avec trappe à skis, les vitres athermiques teintées, l'écran de contrôle multifonction ICS, la climatisation régulée, le volant et pommeau de levier de vitesses en cuir, l'ordinateur de bord, l'autoradio intégré avec 6 hauts-parleurs et antenne intégrée à la lunette arrière, la console centrale gris "étain" et les jantes en alliage de 16 pouces.

À retenir

quoteFace à la nouvelle BMW Serie 5, à l'Audi A6 et à la Peugeot 607, les trois rivales clairement ciblées par Alfa France, la 166 aura bien du mal à résister, d'autant que l'Alfa GT et plus encore la belle remplaçante de la 156 à l'horizon 2005 vont progressivement marquer son âge. En plein renouvellement de gamme, Alfa en est conscient mais compte sur ses beaux moteurs et l'image (toujours aussi vivace) pour prolonger la carrière de la 166.
points fortsSilhouette attractive, choix de moteurs 5 et 6 cylindres, diesel 5 cylindres puissant, consommation.
points faiblesSuspension, comportement routier perfectible, confort, habitacle vieillot.
Les chiffres
Prix 2003 : 45 200 €
Puissance : 240 ch
0 à 100km/h : 8.9s
Conso mixte : 8.9 l/100 km

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